jeudi 18 août 2011

cours de management - 7 - Ethique et déontologie

la fonction de cadre : éthique et déontologie

Objectif :
A pour but que : « les conduites motrices et l’intervention de l’éducateur » une réflexion sur les règles du métier, d’un point de vue à la fois pratique (déontologie) et théorique (éthique).
Nous nous donnons pour but :
ó     De préciser la définition des concepts,
ó     De proposer les grandes lignes d’une déontologie acceptable par tous,
ó     D’ouvrir à une réflexion sur l’éthique sportive, c’est à dire sur les valeurs qui peuvent fonder l’affirmation d’une portée éducative du sport.

Sommaire

Introduction : définitions

Déontologie : « ne pas nuire »

ó     Aux pratiquants
ó     Aux collègues
ó     A soi-même

La morale et l’éthique sportives

ó     Le sport n’est pas moral
ó     Le sport n’est pas moral mais peut le devenir
ó     L’identité du sport est dans la morale qui le fonde
ó     Valeur du sport et de l’olympisme.

Conclusion

Chaque discipline sportive appelle ses cadres d’un nom selon ses habitudes : en équitation, en escrime, en judo, on a affaire à des « maîtres » ; en voile, en ski, à des « moniteurs ». On parle d’entraîneurs en sports collectifs, en gymnastique sportive, en athlétisme. Certains sports ont leurs instructeurs, d’autres n’ont pas attendu la création récente d’un concours pour parler de professeurs.
Que pouvons-nous retirer de ces multiples dénominations ?
Le cadre sportif est à la fois celui qui sait et celui qui conduit. Il donne les moyens de l’action efficace tout en transmettant une culture et des valeurs.
Puisqu’il accueille des enfants, des adolescents, des jeunes pour guider leurs apprentissages en organisant leurs pratiques, pour les diriger pendant les entraînements et les compétitions, le cadre sportif exerce pleinement les responsabilités d’un éducateur.
Il est donc important d’envisager son métier d’un point de vue de la déontologie et de l’éthique.
Définitions :
On entend par déontologie l’étude des devoirs relatifs à tel ou tel métier. On parle, par exemple, de déontologie médicale pour désigner l’ensemble des règles de conduite qui régissent l’exercice de la médecine.
L’une d’elle crée, pour le médecin, l’obligation de ne pas divulguer à des tiers ce qu’il peut apprendre dans l’exercice de son métier : c’est le secret médical.
Il existe de même un « devoir de réserve » des fonctionnaires.
Morale vient du latin « mores » qui signifie mœurs. D’un point de vue sociologique, la morale est « l’ensemble des règles de conduite admises à une époque ou par un groupe d’hommes ». D’un point de vue philosophique, la morale désigne l’ensemble des règles de conduite qui doivent être respectées par tous sans condition. Sous la diversité des mœurs peut-on trouver les principes d’une morale universelle ? Le sport, qui s’est rapidement étendu à toute la planète, illustre-t-il bien ces principes ?
Ethique vient du grec ancien ethos qui signifie mœurs, et pourrait donc être l’exact synonyme de morale.  Pour introduire une différence, il faut se souvenir que la culture latine est une culture de soldats et de juristes, portés vers l’action, alors que la culture grecque est celle des philosophes. Cette opposition schématique nous permet de situer l’éthique comme une réflexion sur la morale, avec prise de recul critique. En somme, faire de l’éthique, c’est réfléchir sur les problèmes posés par la morale, sur ses fondements et son éventuelle évolution.
Compte tenu de ces rapides définitions, on comprend bien que l’éducateur sportif respecte une déontologie, met en œuvre et transmet une morale, ce qui peut le conduire à s’interroger, dans le cadre d’une réflexion éthique. Par exemple, respecter les règles de sécurité est un problème de déontologie, s’efforcer d’être juste, équitable, un problème moral, alors qu’il faut entrer dans la sphère de l’éthique pour comprendre au nom de quels critères on peut décerner un prix du fair-play, ou à partir de quelles analyses on peut caractériser l’esprit olympique. De la même façon, chez un médecin, respecter le secret médical est une question de déontologie, prendre le temps d’écouter, de réconforter ses patients un choix moral, alors que les décisions concernant certaines expérimentations relèvent d’un « comité d’éthique ».
On pourrait trouver des exemples semblables pour tous les métiers, puisqu’il n’y a pas d’activité humaine en dehors de la société qui n’implique ces trois niveaux :
ó     Celui de l’obligation – qui confine au Droit
ó     Celui du choix librement consenti – satisfaction personnelle, dignité
ó     Celui de la réflexion critique – souvent sollicitée dans les périodes de transformation et particulièrement importante aujourd’hui.

Déontologie

Etre éducateur sportif est un métier : il en résulte d’abord une déontologie c’est à dire un ensemble de règles à respecter, admises par tous ceux qui exercent cette profession. Ces règles ne sont d’ailleurs écrites nulle part et il n’existe pas non plus d’instance chargée de veiller à leur application. D’ailleurs toutes les professions n’ont pas leur « charte » et leur « conseil de l’ordre ». Et cela peut s’expliquer, à la fois par le caractère récent de l’apparition du métier et par la confiance qu’ont pu susciter ceux qui nous ont précédé. De plus, il faudra se demander plus loin quels sont les inconvénients et les limites des chartes écrites, des règles édictées, des conseils et des commissions mis en place….
Cherchons plutôt d’abord comment tracer les grandes lignes d’une déontologie des éducateurs sportifs. Son principe, duquel semble-t-il, tout se déduit, peut s’énoncer ainsi : « D’abord pas nuire »
Ne pas nuire aux pratiquants que nous encadrons.
Il va de soi que ce principe s’applique d’abord à ceux que nous formons et entraînons. Le développer conduit à envisager les effets de la pratique sportive et en particulier ses risques aux plans corporel, psychique, relationnel et social.
Le sport défini dans une perspective éducative ne peut pas nuire à la santé, à l’intégrité physique. Il doit, pour ce qui est du corps, procurer des bénéfices, non des séquelles. Cette exigence peut s’exprimer, en reprenant le titre d’un colloque, et celui du livre de Jacques Personne, par la formule « Aucune médaille ne vaut la santé d’un enfant ». La médaille est un jalon, un moyen. Pas un but. Le but de l’éducation, c’est l’homme, son développement, son épanouissement. Il ne s’agit pas de condamner les médailles qui symbolisent une exigence, mais de rappeler que le but n’est jamais la médaille au détriment du médaillé, le résultat qui oublie la personne qui l’obtient.
Un sport éducatif ne peut non plus constituer une menace pour l’équilibre psychologique. La force des émotions liées à la compétition, l’adulation qui peut entourer de jeunes gloires, les exigences de plus en plus fortes de parents pris au jeu de la réussite sportive par des enfants interposés, mettent souvent l’éducateur sportif dans une situation difficile. Il lui faut composer avec des attentes contradictoires et maintenir une logique du long terme alors que les résultats immédiats sont privilégiés. Il lui faut penser à l’échec au moment même du succès pour qu’il ne porte pas atteinte à la personne qui le vit.
Enfin, à un troisième niveau d’approche, le sport éducatif est celui qui laisse aux enfants, aux adolescents le temps de vivre leur âge. On sait à quel point les jeux, les activités de loisirs et de sociabilité sont importantes pour le développement. Il n’est pas nécessaire, non plus, d’insister sur l’importance d’expériences et d’ouvertures multiples pour la richesse d’une formation. L’éducation sportive, comme l’éducation en général s’accommode mal de la spécialisation. En ce domaine comme ailleurs, il faut savoir prendre son temps, et parfois, reculer pour mieux sauter.
En résumé, vis à vis de ceux que nous encadrons, le souci de ne pas nuire nous impose d’être des éducateurs compétents et patients. Il nous faut toujours placer ceux à qui nous nous adressons au centre du processus que nous mettons en place et projeter dans l’avenir les conséquences de nos décisions.
Ne pas nuire à ceux avec qui nous travaillons.
L’éducateur sportif n’est pas seul : il contribue au fonctionnement de tout un système et se trouve ainsi mis en relation avec d’autres personnes, de même statut, ou de statut différent. Or, l’un des moteurs de la vie professionnelle est la concurrence.
Dans les organisations de plus en plus complexes où s’inscrit aujourd’hui le travail, il donne lieu à de multiples possibilités de conflits. La lutte pour le prestige, le pouvoir, et les avantages matériels qui les accompagnent peut aller jusqu’à de regrettables excès.
La ligne directrice qui nous semble s’imposer ici est celle de la solidarité professionnelle. D’abord, parce qu’on a plus de chances de progresser, à tous points de vue, dans l’union que dans la concurrence. Ensuite parce qu’il en va de notre propre crédibilité. L’enfant, l’adolescent, peuvent être portés à la critique. Certains ont une tendance à se plaindre. S’ils trouvent chez nous une oreille complaisante, un encouragement aux critiques qu’ils peuvent faire sur les procédés de tel ou tel éducateur, c’est le statut même de l’éducateur sportif qui s’en trouve atteint.
Lorsqu’on est soi-même investi de ce statut – même si par l’âge on se sent plus proche de ceux que l’on encadre que des « vieux » entraîneurs ou dirigeants – il faut bien considérer dans quel camp on se trouve et ne pas se tromper de rôle.
C’est la raison pour laquelle il entre dans la déontologie de toute profession une part d’esprit de corps, un accent mis sur la solidarité avec ceux qui font le même « métier ». Bien sûr cette solidarité nécessaire n’en est pas pour autant mécanique et aveugle.
Ne pas nuire à soi-même, à son propre équilibre.
Toute situation éducative met en relation trois pôles :
ó     l’enseigné,
ó     la discipline,
ó     l’enseignant.
Nous avons parlé des pratiquants, de la discipline au travers des problèmes de sécurité et d’intensité de la pratique et des enseignants comme « corporation ». Reste à envisager les enseignants comme individus. Dans cette perspective, ne pas nuire à soi-même, c’est ne rien faire qui puisse porter atteinte en nous à l’homme, à l’éducateur, au citoyen.
L’éducateur ne se conçoit comme tel que dans la dignité qui fonde le respect de soi et celui que les autres doivent pouvoir éprouver pour lui et dans l’indépendance qui permet la justice. Les conditions d’emploi d’exercice du métier peuvent être plus ou moins favorables, selon qu’il existe ou non des garanties de revenu, une formation solide et reconnue, des organisations professionnelles influentes et actives. Ces conditions sont d’autant mieux remplies que le métier a une histoire déjà longue, comme l’est, par exemple, celle qui va des « instituteurs » aux « professeurs d’école ».
On appelait, à la fin du XIX° Siècle, les instituteurs, les « hussards noirs de la République » et les écoles normales des « séminaires laïques ». Ces expressions désignent une conception de la formation professionnelle définie comme morale et sociale, à une époque où les hommes politiques de la III° République, comme Jules Ferry, avaient fait des instituteurs les représentants de l’idéal républicain. Les buts de l’école étaient clairement énoncés : donner les savoirs nécessaires aux citoyens, renforcer l’unité du pays, développer le patriotisme, transmettre les valeurs inscrites aux frontons des tous les édifices publics : Liberté – Egalité – Fraternité. Pour avoir les moyens de sa mission, l’instituteur, après avoir passé les épreuves très sélectives de recrutement, recevait une formation solide. L’Etat lui garantissant logement et salaire, lui fournissait les moyens de sa mission, en le rendant indépendant par rapport aux pressions locales, en lui donnant les bases d’un statut respectable. Sur ces bases, les instituteurs ont construit, par leurs organisations professionnelles, d’entraide culturelle, économique la valorisation de leur métier. Le temps est loin où les notables des communes pouvaient louer pour une saison les services d’un maître taillable et corvéable à merci.
Certes, la comparaison a ses limites. Elle permet cependant de souligner que les aspects économiques et sociaux entrent de manière décisive dans la définition d’une profession et jouent sur la possibilité qu’elle a de définir et de respecter un code de déontologie. Une compétence reconnue – sanctionnée par une formation organisée et contrôlée, initiale et continue, apparaît comme une condition nécessaire. Mais il ne suffit pas qu’elle soit remplie : il faut encore que les conditions matérielles de l’exercice du métier soient bonnes et garantissent l’indépendance.
La morale et l’éthique sportives.
Pour donner un contenu à la déontologie de l’éducateur sportif nous avons pu nous contenter d’une démarche négative : que faire pour ne pas nuire ? La morale et l’éthique, que, compte tenu de nos définitions nous aborderons ensemble en considérant que la seconde sert à analyser les positions de la première, ne sauraient se contenter d’une telle démarche. D’autre part, le problème devient ici plus large. La déontologie concerne l’éducateur. La morale et l’éthique concernent le sport. Une question fondamentale se pose : le sport est-il, oui ou non, une activité morale qui relève d’une approche en termes d’éthique ?
Trois réponses sont possibles :
ó     une négative – le sport n’est pas moral.
ó     une conditionnelle – le sport peut être moral sous certaines conditions d’organisation et d’encadrement.
ó     une positive – qui fait d’une morale le fondement du sport dans son originalité.
Le sport n’est pas moral.
Il existe une tradition de critique du sport qui s’actualise aujourd’hui dans les analyses de sociologues comme J-M. Brohm. Au début du siècle, quand le sport n’est pas encore qu’une mode qui touche surtout les lycéens et étudiants, un polémiste y voit « le plus sûr moyen de former une génération de crétins malfaisants ». On s’inquiète à cette époque du peu de temps que consacrent à leurs études les sportifs qui représentent leur établissement. On s’inquiète aussi des tricheries, des violences qui attestent que le résultat compte plus que les moyens employés pour y parvenir. On critique cette « vaine gloriole » attisée par la presse sportive qui fait de certains jeunes athlètes de « redoutables cabotins »
Il faut bien reconnaître que très tôt la chronique de faits divers sportifs alimente les inquiétudes et que Georges Hébert, par exemple, ne manque pas d’arguments lorsqu’il écrit « le sport contre l’Education Physique » (1925). C’est dans cet ouvrage qu’on peut lire que les « Jeux Olympiques se présentent comme une foire internationale du muscle, sans portée éducative. (P. 94) »
Les analyses de certains sociologues contemporains – nous avons cité plus haut J-M. Brohm – vont plus loin. Elles considèrent le sport comme un puissant facteur d’aliénation. Aliéner, c’est déposséder, rendre étranger. Le sport moderne dépossède le sportif de son corps pour en faire une machine à haut rendement. Il dépossède le sportif de sa liberté individuelle en le soumettant aux directives des entraîneurs, aux ordres d’un système qui décide de son emploi du temps, de ses activités. Enfin, au plan social, le spectacle sportif apparaît à la fois comme une source de profits pour la classe dominante et comme un moyen d’endormir la classe dominée : un opium du peuple.
Le dopage qui ruine la santé et fausse les confrontations, les scandales financiers de toute nature, les violences, qu’elles soient des sportifs ou des spectateurs, ne sont pas considérées comme la face sombre et négative d’une réalité qui pourrait en avoir une autre, mais comme la révélation de ce que serait la vraie nature du sport : un instrument de pouvoir et de domination aux mains de la classe dominante, au service de ses intérêts, au service de la perpétuation d’une société inégalitaire. Les valeurs du sport – rendement maximum, affrontement poussé, éloge au champion sont considérés comme le reflet des valeurs de la société industrielle bourgeoise.
Le sport est au service de l’ensemble des règles par lesquelles les dominants, qui les font accepter aux dominés, consolident leur pouvoir, et de l’ensemble des rêves par lesquels ils rendent acceptable une situation d’oppression. A Rome, pendant que le peuple hurle sur les gradins du cirque, l’empereur règne sans partage.
Le sport n’est pas moral, mais peut le devenir.
Une deuxième attitude vis à vis du sport consiste à considérer qu’il peut être du point de vue moral, la meilleure ou la pire des choses. Sa valeur morale dépend de l’usage qu’on en fait, de la manière dont on l’enseigne et selon laquelle on l’organise.
Bref, pour que le sport ait une valeur morale, il est nécessaire qu’il soit orienté vers l’éducation et le développement des personnes et pratiqué dans un esprit que désigne en général l’expression « fair-play » que traduisent dans notre langue l’adjectif « chevaleresque », un peu désuet, le substantif « panache », l’expression « esprit sportif ».
Dans une formule souvent citée, Maurice Baquet, qui fut un des promoteurs de l’éducation sportive, affirme que « le sport a des vertus, mais des vertus qui s’enseignent » soulignant par là le rôle du pédagogue. Incontestablement le sport apparaît comme un moyen de former les caractères. On parle souvent à ce sujet jusqu’au milieu du XX° siècle, de virilité. On évoquerait plutôt aujourd’hui son rôle comme « école de décision ». Encore faut-il, pour que cette formation du caractère n’aboutisse pas à forger des hommes déterminés mais féroces, que des éducateurs exemplaires leur apprennent à mettre au  service du bien les « vertus viriles » ainsi développées.
Les chartes, les principes, les « dix commandements » énoncés, affichés, rappelés dans les cérémonies et au moment de la remise des médailles vont dans le sens d’une telle moralisation qui se surajoute à la pratique et se donne pour but de l’orienter.
Et l’histoire semble confirmer une telle conception, lorsqu’elle attire notre attention sur le rôle du sport comme instrument d’endoctrinement d’une jeunesse par les régimes totalitaires et les cadres sportifs qui se mettent à leur service. Mal orienté, le sport peut, semble-t-il, servir les intérêts des régimes dictatoriaux, peu soucieux du respect de l’homme et des libertés, comme furent ceux de l’Italie fasciste et de l’Allemagne nazie, de la France de Vichy.
L’identité du sport est dans la morale qui le fonde.
Aux deux théories qui viennent d’être présentées, on peut en préférer une troisième, celle qui affirme que son originalité, comme mode d’organisation des activités physiques d’une société tient à la morale qui le fonde et l’organise, même s’il faut bien reconnaître que le danger de s’en écarter est bien réel. Ce qui a pour conséquence de souligner nos responsabilités.
A la théorie socio-politique du sport comme « reflet » d’une société inégalitaire on peut opposer :
1.       que la démocratie parlementaire est, jusqu’ici, la forme d’organisation politique la plus ouverte et la plus soucieuse du respect de l’homme, celle où l’exercice du pouvoir est le mieux partagé et le moins violent ;
2.     que le sport est une institution originale, relativement autonome, construite par les sportifs pour le développement de leurs pratiques. En sport, « on assemble tout exprès pour s’opposer ». Alors que la société repose sur le refus de l’affrontement violent de ses membres, le sport fait de l’affrontement la base de ses pratiques. La violence n’est plus niée, mais soumise à des règles.
A la théorie du sport comme moyen que l’on peut orienter vers le bien ou vers le mal, selon le cas, comme s’il était neutre et sans consistance, on peut objecter :
1.       Que l’utilisation des pratiques sportives par les Etats totalitaires qui les associent d’ailleurs en général aux pratiques d’hygiène, d’entretien et à la préparation militaire, en transforme le sens : il ne s’agit plus de sport, parce que le sport sans le « mouvement sportif », les clubs, les fédérations et leur relative autonomie n’est plus le sport.
2.     Que les situations sportives se caractérisent par une logique propre – dite aussi logique interne – qui ne leur permet pas de servir de manière cohérente n’importe quel objectif. A trop vouloir dans le sport poursuivre des buts qui lui sont extérieurs – profit – gloire – puissance, on s’expose à perdre de vue le sens même de la pratique sportive, et aux plus graves échecs – ceux que la communauté des sportifs ne peut pardonner.
Compte tenu de ces critiques des deux positions précédentes, il semble bien que la troisième soit justifiée. Le sport se définit de son point de vue comme un ensemble d’activités dont le sens est dans l’action motrice, codifiées de manière compétitive et donnant naissance à des institutions originales. Cette définition, empruntée à Pierre Parlebas nous permet de souligner l’originalité et la portée du sport : il est évidemment pratiques motrices, il est ensemble de règles et institutions qui les garantissent. Comme les jeux traditionnels, les sports qui leur succèdent reposent sur un « contrat ludique » ce qui s’ajoute, dans le cas des sports, c’est que toute une série d’institutions est créée pour veiller au respect du contrat.
Aux origines du sport moderne, différent en cela du sport grec, des jeux romains, des concours du Moyen-Age, on trouve la morale utilitariste. Elle repose sur deux principes. Selon le premier, ce qui est bon pour l’individu l’est aussi pour la communauté, l’équipe, le club, la fédération. Le sport implique une solidarité, il est fédérateur, il permet de transcender les individualités en vue d’une victoire au bénéfice de tous.
Selon le deuxième, entre les éléments qui s’affrontent, la compétition n’est pas la guerre qui vise la destruction de l’autre mais la concurrence, considérée comme moteur du progrès. En sport, j’ai besoin de mes adversaires pour faire mieux. J’ai besoin de leurs progrès pour témoigner le miens. Il est le moyen de reculer mes propres limites en m’améliorant sans cesse.
Les pratiques physiques, par l’engagement corporel et les risques qu’elles impliquent sont particulièrement révélatrices des attitudes des sociétés à l’égard de la violence. Celle-ci reste longtemps forte, à la mesure des sociétés guerrières. C’est le cas en Grèce. C’est le cas à Rome où le cirque inaugure un traitement de la violence par le spectacle barbare. Aux époques chrétiennes, l’Eglise tente de la régir de l’extérieur, en imposant ses règles aux pratiques physiques d’affrontement spectaculaire comme elle le fait pour la guerre. Le sport moderne apparaît comme une solution originale : les règles ne sont plus énoncées du dehors, mais fondent la pratique. Le sport trouve son sens dans une morale. Suscitant, à partir des règles conventionnelles qui le rendent possible une sociabilité et des institutions, il constitue une réponse originale au problème posé par la violence à toute société.
Alors qu’il cultive la force, il refuse cependant le droit du plus fort et fait preuve qu’elle atteint son expression la plus riche et la plus spectaculaire dans le respect de l’adversaire et des règles, lorsqu’elle est mise au service de valeurs acceptables par tous, et dont nous avons le sentiment en les acceptants qu’elles nous rendent meilleurs.
Valeurs du sport et olympisme.
Dans la mesure où les Jeux Olympiques sont la plus prestigieuse des grandes manifestations sportives on peut, en les analysant, mettre en évidence les principales valeurs du sport moderne.
Vient d’abord la valeur d’excellence : il s’agit d’aller le plus loin possible, au-delà des limites corporelles. Elle s’illustre dans les épreuves-reines encore mieux qu’ailleurs : athlétisme – natation – gymnastique – dont les finales sont aussi les plus suivies.
Vient ensuite la valeur d’universalité qui regroupe l’ouverture à tous, le respect des différences et l’éloge de la fraternité. Il s’agit de dépasser les limites des appartenances sociales, nationales, à la rencontre de l’autre. Cette valeur s’illustre en particulier dans les cérémonies qui sont encore plus suivies par les téléspectateurs et le public que les épreuves. Elles symbolisent l’esprit des Jeux et attestent qu’ils trouvent leur sens et leur portée dans le fait qu’ils sont au service d’un système de valeurs – l’Olympisme – et non de toute autre cause.
On peut faire l’hypothèse selon laquelle la réussite des Jeux tient à leur capacité d’incarner les valeurs de l’Olympisme pensé par P. de Coubertin qui sont celles du sport moderne. Et que leur échec pourrait venir un jour du fait que le public n’y verrait plus qu’un gigantesque spectacle, une force « internationale » ou pire, l’équivalent moderne des jeux du cirque de la décadence romaine.
Que retenir, au terme de ces analyses ?
L’éducateur sportif, dans l’exercice de son métier, respecte une déontologie professionnelle : respect de ceux qui lui sont confiés, de soi-même, de ceux avec qui il peut être amené à travailler. Il partage cette déontologie avec les autres éducateurs.
Il partage aussi avec eux, mais selon des voies qui lui sont propres, l’exigence d’une réflexion sur les finalités qu’il poursuit. Elle se traduit, pour lui, par une réflexion sur le sens des pratiques sportives, leur portée culturelle, le type d’homme qu’elles proposent de contribuer à former.
Puisque le sport a ses valeurs, il lui faut construire la définition, en analyser les relations avec celles des autre grandes institutions caractéristiques de la société et du temps dans lesquels il vit. Il lui faut aussi s’interroger sur leur universalité que semble bien illustrer la mondialisation du sport et de l’Olympisme et sur leurs limites comme sur ce qui les menace. Cette réflexion est d’autant plus nécessaire que l’histoire ne manque pas d’exemples d’une récupération du sport au service de valeurs qui ne sont pas les siennes et qu’un pédagogue soucieux du respect de l’homme ne saurait accepter.

cours de management - 6 - le cadre face à l'adulte

Préalable

Il est important pour l’Educateur ou le Cadre de connaître son environnement. Je le rappelle, il y a un mimétisme entre le rôle de l’Educateur sportif et le cadre responsable d’un groupe.
Dans cette étude nous allons nous axer sur quelques caractéristiques qui concernent l’adulte sportif en particulier.
L’éducateur sportif ne peut demeurer spectateur d’une évolution qui l’obligeait à se  déclarer  « un modèle » d’une pédagogie de l’enfant. C’est vrai qu’il y a une similitude de comportement entre un enfant et l’élève adulte. Dans l’apprentissage, l’adulte semble se comporter comme un enfant bien souvent. (cf l’analyse transactionnelle dans ce blog). Nous allons pourtant souligner les différences qui fondent une approche particulière.
Nous nous sommes volontairement placés dans une perspective relativement couverte où nous ferons référence à la psychologie, la sociologie, l’histoire entre autres. Nous tenterons de cerner les spécificités de sa conduite d’un point de vue général lorsqu’il se trouve confronté à des situations d’apprentissage, de formation.
1 – Vers un éclatement des pratiques physiques : conséquences pour l’éducateur sportif.
L’adulte bouge : c’est une réalité. « Jogging », « tennis », « planche à voile », « gym-aérobique », sont autant de pratiques qui se trouvent investies par un public d’adultes.
Au delà de la diversité des pratiques investies, c’est l’ouverture des APS vers des tranches d’âge qui, hier, se trouvaient exclues : la place accordée aux activités physiques dans les clubs du 3° âge témoigne du fait.
Nous assistons donc à un phénomène de société qui pose le problème du statut accordé au corps.
L’histoire nous renseigne sur l’évolution. Dans la dernière décade du XIX ° Siècle, l’influence des pratiques anglo-saxonnes commence à se faire sentir. Cette influence gagne d’abord la catégorie sociale la plus disponible – l’aristocratie -. C’est elle qui « … n’ayant pas de besoin, que cet amusement est nécessaire et qui n’a pas la volonté de faire du travail un plaisir, elle fait du plaisir une activité », gagnera la bourgeoisie française avant d’entrer à l’Ecole. De l’Ecole, la pratique sportive gagnera toutes les couches de la population.
Entre les deux Guerres, vont apparaître les grandes lois sociales (congés payés, réduction de la durée du travail journalier, obtention d’un jour chômé par semaine, législation sur le travail des femmes et des enfants…) qui sont des facteurs qui vont faciliter l’approche des APS à l’ensemble de la population.
Il est important aussi de parler du rétablissement des Jeux Olympiques en 1896 sous l’impulsion de Pierre de Coubertin. Il est intéressant de voir l’évolution des Jeux dans le temps :
§         1896       J.O d’Athènes : 285 participants, 13 nations concernées, 42 épreuves.
§         1912       J.O de Stockholm : 2541 participants, 28 nations représentées, 106 épreuves.
§         1960       J.O de Rome : 5396 participants, 84 nations représentées, 150 épreuves.
Petit à petit vont se créer des clubs, des associations qui formeront des fédérations qui organiseront le phénomène de la pratique sportive. Existera et existe toujours la pratique « sauvage » comme le vélo ou la promenade sur les sentiers en famille. N’oublions pas que les congés payés sont un grand moment privilégié pour pratiquer le sport…
Ce mouvement général d’investissement dans toutes sortes de pratiques s’est accentué et touche maintenant toutes les couches de la population et tous les âges.
Ce phénomène ne peut  manquer d’interpeller l’éducateur sportif. La question centrale qui nous occupe ici est d’ordre pédagogique. L’éducateur, qui n’avait hier qu’un public de jeunes, se trouve aujourd’hui devant un public nouveau qui a ses exigences propres.
Le schéma de l’acte pédagogique montre la nécessité pour tout manager de tenir compte des quatre variables essentielles impliquées dans toute intervention éducative. Ce schéma est identique pour toute activité en groupe, tant professionnel qu’associatif.
1.       l’enseigné
2.     la discipline concernée
3.     l’environnement
4.     l’éducateur
Il s’agit ici de prendre en compte la personnalité de l’adulte qui exprime une certaine demande qui s’établit sur des besoins, des motivations qui sont autres que ceux d’un public plus jeune.
Comprendre les significations de la demande pour mieux ajuster l’offre nécessaire, voilà bien le problème central qui se trouve posé.
Dans la mesure où nous sommes capables, par divers procédés, dont l’information – qu’elle soit théorique ou pratique – d’entrer dans les mécanismes de compréhension de celui qui se trouve placé devant nous, nous pouvons espérer surmonter, maîtriser les nombreuses embûches inhérentes à toute situation pédagogique.
Il ne faut pas seulement avoir des compétences (sanctionnées par un diplôme) il faut aussi avoir des aptitudes à…. Ici on sous entend avoir de l’empathie entre autre.
Nous allons réfléchir sur ce qu’est un « adulte », précisément sur les réactions qui lui appartiennent lorsqu’il se trouve placé dans la situation d’apprentissage, de formation.

L’adulte : tentative d’approche du terme

1.    généralités
L’adulte, pour la plupart des personnes, est un individu qui, au plan biologique, possède une certaine maturité. Celle-ci s’exprimant à travers son âge, suppose l’achèvement de sa croissance, la bonne régulation des fonctions bio - physiologiques essentielles. Cette image se trouve complétée d’un statut et d’un rôle social : l’adulte est quelqu’un de responsable, d’engagé dans la vie, quelqu’un de sérieux qui le distingue de la période insouciante de l’enfance et de l’adolescence. Nous pouvons dire que physiquement c’est un être achevé et que psychologiquement, il est en constante évolution.
Ainsi on distingue 5 grandes périodes dans la vie d’un humain (l’âge n’est qu’indicatif) :
ó     la gestation
ó     l’enfance (de la naissance à 11-13ans)
ó     l’adolescence (de 11–12 ans à 21 ans)
ó     l’âge adulte (de 21 à 65 ans)
ó     la vieillesse au delà.
Chacune de ces périodes se subdivise à son tour en sous-périodes, concernant l’adulte :
début de l’âge adulte – 21 à 25 ans
Cette étape est marquée par l’accession à la maturité, à la responsabilité économique, au mariage, au droit de vote, à la paternité ou la maternité, à l’entrée dans la vie professionnelle et au plein engagement dans les activités adultes. c’est le premier emploi, les premières expériences professionnelles c’est l’âge où il faut :
·        apprendre à se connaître et reconnaître ses points forts et ceux à améliorer
·        discerner si notre formation initiale est en adéquation avec notre poste de travail, il est temps si cela n’est pas le cas de trouver des « ponts ou des passerelles vers d’autres horizons »
Attention, du fait des crises économiques et des difficultés de l’emploi, les jeunes ont tendance à rester plus longtemps au sein de la famille. Cette période  est assez floue car le jeune a, à la fois, les caractéristiques d’un adulte et l’insouciance de l’adolescence. Cette caractéristique est le fait des pays industrialisés, en particulier européens. Le jeune est tiraillé entre deux désirs contradictoires :
1° le désir d’indépendance mais ce désir d’indépendance ne peut s’acquérir que par des études    longues –
2° d’où le besoin de rester dans ses racines – la cellule familiale – pour assurer la stabilité de son futur.
Milieu de l’âge adulte (25 – 40 ans)
ne pas s’encroûter
·      être vigilant. Les compétences sont interchangeables
·      c’est l’âge où on a tendance à avoir le « nez dans le guidon » et à être obnubilé par un but
·      c’est l’âge où le chef hiérarchique exploite aux mieux les compétences de ses subalternes. Il presse le « citron » dit -on.
·      c’est l’âge où il faut
·      s’intéresser à tout
·      accepter ce que l’on est réellement
·      il est temps de prendre l’initiative pour le déroulement de sa carrière
·      pierre qui roule, n’amasse pas mousse disait-on, mais amasse l’expérience négociable pour demain.
·      faire le point et voir si le poste occupé est en adéquation avec sa formation exigée pour ce poste. Ne pas hésiter à s’arrêter pour acquérir une formation complémentaire et retourner à l’Ecole.
Les rôles sociaux et professionnels se consolident. Les tests de performances accusent un certain déclin des fonctions physiques et mentales. On observait une relative stabilisation sur le plan matériel et dans le domaine des relations sociales. Du fait des crises, tant économiques que sociologiques et familiales, une plus grande instabilité sur le plan matériel et social se fait jour. La population adulte est de plus en plus souvent stressée. Ce qui était stable est devenu volatile : cellule familiale en recomposition, changement de statut dans le travail et parfois aussi changement de région, voire de pays à cause de la mondialisation, évolution matérielle aléatoire. Très souvent c’est l’âge des remises en question de l’adulte : interrogation existentielle sur le métier, le couple, la famille. C’est la prise de conscience que la mort est là, à terme, et qu’il faut faire quelque chose de sa vie. C’est la période où sa fragilité est à son comble.
Age mûr (40 à 55 ans)
A partir de cet âge, on a suffisamment d’expérience et de flair pour :
·      aller au devant des événements
·      accepter que la garantie de l’emploi passe par le « je suis » capable de ...., plutôt que par les textes législatifs
·      raisonner en termes de projets
·      se remettre en question  constamment, s’auto évaluer sans concession
·      que le savoir être passe avant le savoir faire
·      que le pouvoir faire évolue vers un vouloir faire réaliste
le « quadra » doit accepter maintenant d’être un mercenaire au service de son entreprise.
On note, au cours de cette période, le départ des enfants. Le déclin des fonctions physiques se poursuit – l’athlète prend sa retraite, quoique si au début du siècle avoir 55 ans était l’apanage de l’entrée dans la vieillesse, on note aujourd’hui une très grande activité physique et intellectuelle.
L’adulte est dans la pleine force des ses potentialités. L’évolution technique est telle que l’adulte montre des dispositions à apprendre et approfondir des connaissances que la génération précédente ne soupçonnait pas. Il n’est pas rare que de nouveaux métiers – comme qualiticien (début années 90 ou marketing début années 80) – ont été inventés par des quadragénaires et des quinquagénaires et n’existaient pas lorsqu’ils ont commencé leur carrière.
Age de la préretraite (55 à 75 ans)
Est on vieux ou encore jeune ?
Vieux, on peut accepter la mise au placard doré ou la préretraite ou cultiver son pot de fleurs ou comme certains « écouter pousser les roses ».
Jeune à cinquante ans, la vie recommence.
Sartre, Rousseau, Renan ont attendu d’être « quinqua » pour se lancer dans l’écriture.
Ce qui reste devant soi, paraît si peu, que l’on connaît la valeur du temps. Ce qui reste à faire nous semble assez important pour occuper au mieux ce temps qui glisse si vite et que le « quinqua » a peur de ne plus maîtriser.
·        c’est le temps du passage au Moi. Ce Moi qui patiemment a mûri et maintenant donne toute sa saveur.
·        c’est le temps de la création
·        littéraire ou culturelle et pour certains
·        d’entreprendre, se mettre à son compte...
·        c’est le temps où l’on veut passer à la postérité
·        c’est l’âge où les ailes sont assez fortes pour envisager l’envol
·        c’est l’âge des missions impossibles réussies si l’on reste dans l’entreprise
·        c’est l’âge où les meilleurs sont devenus indispensables
·        ils sont la mémoire du savoir faire
·        ils ont l’expérience
·        ils sont la “Sagesse”, les piliers, les caps horniers à condition de ne pas attendre la retraite anticipée...
·        Paradoxalement, ces “vieux renards” sont plus rentables que ces “jeunes loups” qui courrent après tout ce qui bouge, ils ont la connaissance intuitive et vont vers l’essentiel, le rentable. (Pérennité au travail – âge, boulversements et performance – Florian Sala et Sylvie Guéret- Talon. ISBN 978-2-85008-662-2)
·        celui qui sait se remettre en question, s’informer sur son domaine de compétence, n’est pas prêt de prendre sa retraite : d’ailleurs il est trop jeune pour cela.
Les fonctions physiques sont sur le déclin. Avec l’avènement sociologique d’une plus grande facilité aux sports, grâce à l’entraînement, l’adulte reste en forme et en bonne santé. La performance est moindre, sure, cependant il n’est pas rare de voir des « pépés » de plus de 60 ans avaler leurs 80 kms et plus en vélo le samedi, ce qui suppose un bon entraînement quotidien.
Les centres d’intérêt sont différents. Les seniors ont investi les associations en devenant les champions du bénévolat tant sur le plan culturel, sportif ou caritatif où leurs compétences sont les bienvenues. Ils conservent ainsi une vie sociale très riche.
Au delà des 75 ans.
On peut dire aujourd’hui qu’une pratique sportive, une assiduité dans une association qu’elle soit caritative ou philosophique, plus de 10 ans de bonne santé mentale et physique ont été gagné. Avant ce changement de mentalité c’est à partir de 65 ans que les défaillances physiques et mentales augmentaient. (L’âge de la retraite a été fixé sous la III° République à 65 ans pour éviter de mettre en faillite cette institution avant qu’elle ne remplisse son rôle. A cette époque, la durée de vie dépassait rarement les 65-70 ans.) Alors qu’aujourd’hui les premières défaillances physiques commencent à apparaître à cet âge. Il n’est pas rare de rencontrer des personnes ayant atteint cet âge et qui ont encore une activité professionnelle correcte au sein de commerces ou d’associations et dont les facultés mentales restent exceptionnelles. La science et le sport ayant prolongé d’une manière significative la durée de vie de la population. Toutefois, c’est vrai que l’on constate un désengagement progressif des responsabilités et que la charge de travail est nettement moindre.
Actuellement, on constate :
ó     une période d’évolution rapide de la naissance à l’âge adulte vers 25 ans
ó     une période de stabilité sur une période de 25 à 50 ans
ó     une période d’involution lente de 50 à 75 ans
ó     une période d’involution plus rapide au delà de 75 ans
Nous retrouvons ce même phénomène lorsque l’on étudie en mercatique la vie d’un produit : phase de lancement, phase de maturité avec des modifications, des améliorations puis phase de déclin.
Toutes les études montrent que tout être est en évolution permanente. Ce que prouve la physique quantique, la philosophie stoïcienne. Par contre, chez l’adulte, se trouvent associés des processus de transformation qui peuvent prendre des allures de régression sur le plan physique ou mental. Il s’ouvre également sur des changements au plan professionnel, social et familial. Ces changements, s’ils sont bien compris par l’adulte, sont sources de renouveau bien souvent sur le plan émotionnel et mental : c’est, alors, un bien pour un mal.
Cette précision étant apportée, il est intéressant d’y ajouter quelques références historiques. L’idée d’étudier l’adulte est relativement récente. L’adulte étant considéré comme normal et achevé, alors que l’enfant étant un être en devenir, les psychologues se sont surtout tournés vers « l’enfant et l’animal » comme premiers objets. Les études de Pavlov – Nobel de 1904 – et de Watson (fondateur du béhaviorisme) sur le réflexe conditionné influencera considérablement la psychologie. Précédemment, Freud – psychiatre puis neurologue découvre avec Charcot l’hypnotisme, avec Breuer la méthode cathartique qui débouche sur la psychanalyse vers 1890-95. La psychologie peut naître avec ces deux courants dont l’un travaillera sur le pourquoi - Freud - et l’autre sur le comment – le behaviorisme.
Pour tenter de comprendre l’adulte, faisons un détour par l’enfant. Essayons de comprendre trois périodes :
1.    Etat initial d’indifférenciation
L’enfant est considéré comme un adulte en réduction. Ce qui signifie que les différences sont d’ordre du degré et non de nature d’une part, et que l’enfant est jugé selon les normes propres à l’adulte d’autre part. De ce fait, les insuffisances de l’enfant sont considérées comme des fautes qu’il s’agit de réprimer. C’est la vision du XVIII° Siècle. Dans certaines familles, par contre, l’enfant était considéré comme un animal domestique – un chien par exemple – pour son maître.
2.    Une seconde période où l’enfant va se trouver progressivement distingué de l’état adulte.
C’est notamment sous la bourgeoisie qui, désireuse de voir ses enfants promus à un bel avenir, s’intéresse davantage aux problèmes éducatifs. L’influence de J. Jacques Rousseau reste déterminante à cet égard : l’Emile.  Les thèmes rousseauistes vont influencer l’éducation nouvelle et aussi démontrer qu’il faut considérer l’enfant dans sa réalité propre.
3.    Ou à l’inachèvement de l’enfant sera opposé l’inachèvement de l’homme en général.
La psychologie génétique, notamment avec PIAGET, montre que l’enfant et l’adulte possèdent en commun un même type de fonctionnement. Ce qui diffère est la nature des intérêts et les structures qui permettent le déroulement de l’action : chez l’enfant les structures s’établissent progressivement alors que chez l’adulte c’est souvent par le jeu des structures établies que se jouent les stratégies d’action. « L’enfant est fait de ce qu’il fait, l’adulte est fait de ce qu’il a fait ».
2. Quelques aspects de la réalité psychosociologique de l’adulte en formation.
Parmi ces particularités, on distingue des traits positifs et d’autres négatifs :

Particularités positives

ó     Des connaissances, des savoir-faire, des modèles de conduite, de l’expérience (positive lorsqu’elle permet de dégager des modalités d’actions transposables dans d’autres secteurs, négative lorsqu’elle empêche l’émergence de conduites d’adaptation – on parle alors de stéréotypie.)
ó     Il assume ses responsabilités, il élabore des projets à plus ou moins long terme.
ó     Il est capable d’un travail long, soutenu, engageant beaucoup d’énergie.
Il est important cependant de spécifier qu’à ces constats d’hétérogénéité des capacités et aptitudes chez un même adulte, de grandes différences peuvent se révéler entre adultes du même âge. C’est à dire que le concept de maturité que l’on prête à l’adulte demande à être précisé : tel adulte peut, sur le plan professionnel, agir en être responsable et posséder la maîtrise de son art et, sur le plan familial, ou entre amis, se conduire en « adolescent ». On peut deviner, dans cet exemple, un individu qui a atteint un raisonnement correct alors que sur le plan émotif il manque de stabilité.
Enfin, une différence de taille qui a son importance en pédagogie, la différence de comportement de l’adulte par rapport à l’enfant. L’adulte a ce comportement devant l’apprentissage « il faut que je comprenne d’abord avant de pouvoir mémoriser l’action à entreprendre » alors que l’enfant lui « mémorise d’abord et cherche éventuellement à comprendre par la suite ».
Face aux savoirs, les enfants et adolescents se sentent peu concernés, c’est dans leur nature.
Si l’enseignant sait comment dispenser son savoir à l’enfant, devant l’élève adulte, le formateur doit s’attacher à :
ó     Négocier les objectifs de formation entre enseignant-enseignés et l’institution d’accueil.
ó     Privilégier les formes de travail en groupe.
ó     Proposer une forme d’enseignement qui s’appuie initialement sur du concret et non sur des concepts (de la pratique à la théorie).
ó     Choisir des formateurs issus de milieux socioprofessionnels proches de ceux des personnes formées.
ó     Etablir une évaluation de type individuel et définir en commun les modalités et les critères sur lesquels elle s’appuie.
ó     Respecter autant que possible les rythmes individuels.

Bertrand SCHAWARTZ a dégagé trois facteurs essentiels de la pédagogie des adultes.
ó     Partir de ce que les adultes ne comprennent pas, de l’image qu’ils se font de leurs lacunes.
ó     Par des conduites de discussion, faire procéder à une auto-évaluation des connaissances.
ó     Porter la formation dans le milieu professionnel et éducatif habituel de l’adulte.

Particularités négatives

ó     Une détérioration des capacités intellectuelles dues à la perte de cellules nerveuses (4° âge). Problèmes de mémoire, la mémoire courte s’altère avec le vieillissement alors que la mémoire longue se renforce.
ó     Une lenteur d’assimilation qui est due à la difficulté de se dégager des cadres de pensées acquis. Autrement dit tendance chez certains adultes (souvent ceux issus des classes populaires ou qui ont un travail avec des taches répétitives) de faire entrer les nouveaux acquis dans des cadres préformés hérités des expériences anciennes, plutôt que de modifier les cadres. Cela est moins vrai chez les adultes ayant un statut « cadre » et encore moins chez des adultes confrontés à de multiples tâches sur le plan professionnel ; les commerciaux, les chercheurs, ingénieurs ou cadres dirigeants par exemple.
ó     Une résistance au changement avec, comme corollaire, une régression de l’adaptabilité, de la créativité, du sens du risque. Plus on monte dans l’échelle sociale, moins cette affirmation est exacte.
ó     Une absence de rigueur dans l’évaluation du temps, de la distance. A prendre avec la même réserve que ci dessus.
L’approche générale de l’adulte étant réalisée, nous allons proposer quelques-unes des caractéristiques de l’adulte sportif.

Généralités sur l’adulte sportif

Seront considérés l’athlète qui se meut dans un milieu de compétition et du championnat, du sportif pratiquant régulier et enfin du vétéran.
Il faut casser l’idée reçue que la compétition et le loisir soient antinomiques. La plupart des athlètes considère la compétition comme une pratique de loisir qui est vécu par l’athlète comme un investissement recherché.
Les contraintes de l’entraînement sont acceptées car préparant les plaisirs et les réussites de demain.
Nous pouvons situer l’athlète de compétition par rapport au pratiquant de type loisir à partir des performances obtenues ou espérées.
Ce qui va permettre d’établir une séparation entre la pratique compétitive et celle de loisir. Ce qui se déterminera donc à partir de l’organisation de la quotidienneté. Effectivement l’entraînement de l’athlète envahit l’ensemble du temps disponible. La préparation de l’athlète peut dépasser le cadre du loisir pour modifier l’ensemble de la vie quotidienne de la personne. Jannie Longo, par exemple, a tout sacrifiée à son sport, son vélo, vie familiale et tous ses loisirs.
Alors qu’avec la pratique sportive de loisir, l’ensemble du temps libre est partagé avec d’autres formes de loisir. La pratique de loisir ne suit que des pulsions à court terme.

Passage à l’état adulte (20 – 27ans)
La croissance osseuse est considérée comme terminée. Alors que les points d’ossification des membres se soudent rapidement, il faut attendre environ la 27° année pour qu’il en soit de même pour les vertèbres. Il est donc recommandé de faire attention, les exercices de force devront donc se faire progressivement et en accordant une grande prudence à la colonne vertébrale. (Rachis).

Morphologiquement, le corps élargit ses diamètres transverses. L’individu atteint le niveau optimal de ses aptitudes motrices. Pourtant la répartition des âges dans certains sports nous montre une perte significative des effectifs à partir de 25 ans, dans les disciplines où l’entraînement nécessite un horaire important. Cette remarque renvoie à des considérations d’ordre psychosociologique, notamment sur la non-disponibilité de l’adulte.
La fin des études va de pair avec la fin de la dépendance familiale (hors chômage) et projette brutalement l’individu dans la société avec une nécessité économique d’exercer un métier avec tous les avantages et inconvénients liés à ce nouveau statut du jeune adulte. Cela se traduit souvent par un retrait de l’athlète face à la compétition.
L’éducateur sportif se trouve obligé de se montrer compréhensif face à ces nouveaux impératifs. L’entraîneur veillera à entretenir une forte motivation.
Il va de soi que les préoccupations financières sont souvent déterminantes. Les fédérations, les Pouvoirs publics, ont contribué à la définition du statut d’athlète de haut niveau afin d’aider ceux qui passent la majeure partie de leur temps sur le terrain de sport. L’actuel statut de professeur de sport a vu le jour en 86.

La longévité sportive, le vétéran
La trentaine révolue, l’individu atteint une forme de stabilité qui peut le rendre plus disponible.
Prenons néanmoins deux exemples :
1.       le cas d’un individu entre 30 et 35 ans qui a pu conserver sa condition physique d’athlète et qui a pu continuer à participer régulièrement à des compétions. Il voit apparaître les premiers signes d’involution qui diminuent sensiblement son potentiel physique. Il doit maintenant composer avec sa musculature, ses tendons, parfois avec des douleurs vertébrales. Progressivement il abandonne la compétition.
2.     maintenant ce cas concerne l’adulte qui ayant interrompu pendant plusieurs années la pratique compétitive, décide de reprendre le rythme du championnat. Voulant retrouver les sensations d’alors encore vivaces, l’individu fait une reprise trop brutale pour l’organisme.
L’éducateur doit veiller à la progressivité de tels retours. Il doit surtout faire admettre à l’individu qu’il ne retrouvera sans doute pas le niveau qui était le sien il y a quelques années.
Le sportif de haut niveau qui perçoit les stigmates de l’affaiblissement, qui se sent glisser inexorablement sur la voie de la régression, réagit – souvent très mal – contre ses signes avant coureurs de la vieillesse et de la mort. S’il n’accepte pas cette régression, qui sur le plan psychologique le fait passer de la lumière aux ténèbres, de l’oubli médiatique, cela peut le pousser à des dérives répréhensibles – drogues, délinquances, suicides…
Il est donc important déjà pour l’athlète de mesurer non la performance mais le maintien d’une bonne forme, à une santé et à des aptitudes maintenues. La lutte contre soi-même suppose déjà un comportement raisonnable. Il est dangereux de confronter des athlètes de haut niveau, ayant des âges différents, qui feraient perdre la face des anciens. Cependant une pratique commune lors d’un rassemblement ludique et festif peut présenter un intérêt convivial qui est bon pour la famille sportive.
Maintenant abordons le cas des adultes qui découvre sur le tard la pratique du sport.
La pédagogie des adultes doit, en conséquence, poser comme préalable la mise en condition psychique de l’individu.
Si l’importance du désir existe, l’appréhension, la peur du ridicule, les comparaisons peuvent représenter autant de freins à une entrée tardive dans la pratique.

Quelle éducation physique pour l’adulte ?
La première problématique à résoudre est relative aux choix des moyens à utiliser.
ó     Faut-il proposer des activités sous forme sportive, c’est à dire codifiées, institutionnalisées et qui trouvent leur véritable signification dans une visée compétitive ?
ó     Faut-il, au contraire, s’éloigner de cette première proposition, jugée dangereuse par les risques de dépassement qu’elle induit, et leur proposer une éducation physique généralisée où l’essentiel va être axé sur la conservation, le maintien du potentiel physique ?
ó     Ne serait-il pas judicieux de nous orienter vers des formes de pratiques tournées vers les activités de pleine nature ?
Ces questions interpellent l’éducateur et posent un délicat problème  de choix.
La question centrale est : que recherche-t-on au travers d’une pratique de sport ?
Pour y répondre, cernons ce qui est la spécificité de notre domaine. 
L’éducation physique se propose de contribuer à l’épanouissement de l’individu en agissant sur le versant de la motricité. Qu’elle possibilité a-t-il d’intervenir sur la motricité de l’individu qui lui fait face  afin de pouvoir l’aider à atteindre les objectifs qu’il s’est fixés ?
Nous savons que l’engagement d’un individu dans l’action sollicite trois composantes de sa personnalité : « le S.V.P »
ó     Une composante cognitive   ----> le Savoir
ó     Une composante affective  ----> le Vouloir faire           qui est, aussi, du savoir ETRE
ó     Une composante motrice    -----> le Pouvoir faire        qui est du savoir Faire
Ces 3 composantes permettent de distinguer les aspects fondamentaux de la conduite motrice.
Si, pour des facilités de compréhension, les composantes sont présentées séparément, il faut savoir qu’il existe des interactions permanentes entres elles, comme nous l’avons vu précédemment.
Revoyons les différentes composantes de la conduite motrice :
ó     Capacités bio-physiologiques. Ces capacités sont directement en rapport avec l’intégrité des organes principaux (cœur, poumons, etc.) et supposent un bon fonctionnement des grandes fonctions. Notre rôle s’attachera à l’amélioration du développement des qualités de vitesse, de force, de détente et également des qualités aérobiques (endurance), anaérobiques (résistance) et de consommation d’oxygène.
ó     Capacités de coordination qui soulignent le bon ajustement moteur au projet envisagé par l’individu. Elles contribuent à définir ce que l’on appelle l’adresse, la précision. Elles mettent en relations les données cognitives, motrices et affectives. C’est à l’aspect « psychomoteur » du comportement, au bon développement du schéma corporel de l’individu en action.
ó     Enfin des capacités de communication. Les activités physiques sont un terrain riche où les communications foisonnent.
Cette précision étant apportée sur ce que peut être une éducation physique synonyme de pédagogie de la conduite motrice au travers de trois composantes essentielles, il nous faut à présent reprendre la question initialement posée : que proposer à l’adulte en matière d’APS ?
Pour répondre à ce problème, il nous faut considérer « la demande » telle qu’elle est exprimée par l’intéressé. Cette demande signale diverses sensibilités, notamment en ce qui concerne :
ó     La prise en compte du facteur santé, du maintien du potentiel physique.
ó     La possibilité de communiquer, de jouer avec autrui.
ó     La découverte du corps.
ó     L’ouverture vers la maîtrise de certaines techniques sportives : savoir nager, jouer au tennis, etc.
ó     Et également la volonté de s’initier à de nouvelles formes de pratiques, notamment aux activités de pleine nature : ski de fond, randonnée pédestre en moyenne montagne, etc.
Cette demande est en relation avec l’analyse des besoins telle qu’elle peut être faite par l’éducateur, les limites à ne pas dépasser par celui qui s’engage dans des formes de pratiques certes attrayantes et aussi cependant exigeantes au plan des sollicitations cardio-pulmonaires ou des coordinations fines.
La demande peut parfois exprimer des expressions opposées :
ó     Volonté de recherche de détente        ---à l’engagement compétitif
ó     Recherche de la connaissance de
o       son individualité à partir d’une écoute ---à le désir d’entrer en communication avec autrui.
o       de soi même (mise en jeu des techniques de relaxation)  
ó     La recherche de convivialité.
L’adulte est porteur de projets plus ou moins « clairs », plus ou moins « conscients ». Son engagement s’inscrit dans un modèle de société qui contribue à le définir. L’éducateur doit en tenir compte et doit répondre à cette forme de réalité. Néanmoins il ne doit pas omettre que ces diverses approches doivent s’inscrire dans le cadre évoqué et solliciter en permanence les trois composantes de la conduite motrice de l’individu.
L’éducation physique de l’adulte est différente de celle de l’enfant : « l’éducation physique de l’adulte est spécifique des problèmes de l’adulte, elle doit se détacher du modèle scolaire et ne peut consister en une copie adaptée du travail de l’enfant ; on ne peut la réduire à un échauffement ou une mise en condition préparatoire à une pratique sportive qui n’a jamais eu lieu ; elle a pour fonction essentielle de maintenir la personne en bonne santé, au sens le plus large et de la préparer à assumer ses loisirs sportifs ».
A partir d’un questionnaire, nous pouvons proposer une méthodologie basée sur onze raisons :
1.       Les besoins moteurs, ou besoins de dépenser de l’énergie, ou besoins de mouvements.
2.     L’affirmation de soi, ou le besoin d’affirmer son existence et d’être reconnu par les autres.
3.     La recherche de compensation où la pratique sportive est envisagée comme moyen de se réaliser sur le plan physique ou social alors que la vie quotidienne ne le permet pas.
4.     Les tendances sociales ou le besoin d’affiliation, d’appartenance à un groupe, une institution.
5.     L’intérêt compétitif ou le besoin de lutter avec soi-même, les autres, les objets, la nature.
6.     Le désir de gagner ou le besoin de réussir à …. Et qui n’est pas du tout dans l’esprit du fameux aphorisme « l’essentiel n’est pas de vaincre mais de participer ».
7.     L’aspiration à être champion ou le besoin d’être reconnu comme étant le meilleur à un moment donné dans une autre spécialité.
8.     L’agressivité et la combativité ou la recherche du conflit qui permet d’expulser des pulsions profondes de lutte avec et contre.
9.     L’amour de la nature qui est dans l’évasion hors de la cité, lutte et contemplation.
10.  Le goût du risque qui est la recherche de ses limites physiques et psychologiques.
11.   L’attrait de l’aventure ou le besoin de liberté, d’inédit, d’isolement, d’exotisme…
Les trois dernières raisons sont particulièrement présentes dans la pratique du sport de pleine nature qui connaît un succès grandissant.
Il en ressort, lors d’une enquête effectuée auprès de 1300 gymnastes volontaires, que les hommes et les femmes font de la gymnastique volontaire pour 4 raisons essentielles :
1.       l’esthétisme
2.     la santé
3.     les contacts sociaux
ces trois raisons sont communes aux deux sexes
4.     les jeux
Plus spécifiquement les femmes, indiquent que, pour elles, la gymnastique est synonyme de :
ó     forme physique (santé) 70%.
ó     détente morale pour 30% (pour 65% des femmes qui travaillent).
ó     rencontre, communication, 28% (75% des gens qui n’ont pas de profession).
ó     esthétique pour 4%.
ó     découverte de son corps, meilleure connaissance de celui-ci pour 6%.
Avant de clore cette approche des motivations de l’adulte sportif, revenons un instant sur les enseignements que propose l’approche psychanalytique, notamment par la prise en compte de deux mécanismes essentiels de transformation des pulsions déjà évoquées : celui de la sublimation et celui de conversion. Ces mécanismes nous semblent essentiels pour comprendre certaines déterminations qui concourent à l’engagement dans les pratiques physiques.
Les sports, les activités physiques s’adressent au corps : ils permettent une décharge corporelle des pulsions, des énergies libidinales (c’est à dire l’aspect psychique de la pulsion sexuelle) et, en ce sens, restent plus proches de la pulsion à sublimer. L’hypothèse peut alors être faite d’une plus grande efficacité du sport « comme moyen de sublimation ». L’activité sportive exige bien la recherche d’un nouveau but, mais celui-ci se trouve dans un rapport de connivence corporelle avec les buts sexuels.
Cette connivence est d’autant plus avantageuse que les activités sportives sont des activités institutionnalisées et socialement reconnues.
Le sport serait donc un moyen privilégié de résoudre certains conflits psychiques, une solution de compromis satisfaisants du point de vue de l’économie affective.
Le sport permet alors aux sportifs de jouer sur deux tableaux :
ó     l’obtention d’une satisfaction quasi directe.
ó     l’obtention d’une satisfaction passant par le détour de la valorisation culturelle, c’est à dire socialement reconnue et encouragée.
Certains n’hésitent pas à écrire : « on peut comprendre le bénéfice fondamental qu’on peut tirer de la pratique des activités physiques et sportives dans les affections mentales et les troubles de la personnalité