Les formes de communication chez la personne toxique
Comportement non verbal.
Lorsque nous communiquons, nous utilisons bien entendu des « mots » et aussi des gestes, des attitudes. Les « mots » se rapportent au contenu et sont sous le contrôle du conscient – sauf les lapsus révélateurs -. Les gestes, les mimiques, les attitudes, le regard, la tonalité de la voix (volume, débit, intonation), la tonicité musculaire, l’utilisation de l’espace, la respiration (le soupire, l’accélération…), même le simple sourire se voit au téléphone, tout cela se rapporte à la forme du message. Ils sont inconscients, ils échappent à notre contrôle. Rien de tout cela n’échappe inconsciemment ou consciemment- à celui qui pratique l’écoute active.
Il faut savoir que la proportion de la communication non verbale, celle qui se rapporte à la forme correspond à 80% parfois plus du message. Tout le monde connaît le mime Marceau qui communique 100 % de son message par la gestuelle.
Une bonne communication est celle où l’effet perçu par le récepteur correspond à l’intention émise.
Toute émission non claire d’un message ouvre le champ à l’interprétation….
Il est nécessaire pour qu’une bonne communication s’instaure que le verbale et le non verbale soient cohérentes, sinon « quelque chose ne colle pas », la personne ment sur ses intentions véritables !
Lorsque l’on côtoie un manipulateur, à la maison, au travail, dans des réunions amicales, on peut repérer le décalage entre sentiment profond et ce qui est montré. Chez le manipulateur, apparaît à un moment ou à un autre un décalage entre ce qui est dit – sous le contrôle du conscient – et le non dit qui échappe au conscient. Sous ce décalage se cache un menteur, voire pire, un manipulateur embusqué.
Le manipulateur reste souvent flou pour :
- Ne pas se sentir découvert
- Se donner une forme d’autorité, faire croire qu’il sait mieux que les autres
- Nous laisser interpréter
- Nous dévaloriser si nous nous trompons
- Se déresponsabiliser
- Séduire par le mystère (afin de faire fantasmer)
Le manipulateur complétera peu souvent ses phrases, laissant là le champ libre vers une interprétation souhaitable pour lui. Il emploie souvent des termes ayant plusieurs significations, interprétations.
S’il peut, il s’exprimera avec un jargon spécifique.
Il emploi souvent dans les phrases un mode affirmatif ET interrogatif afin de nous brouiller :
- je me demande pourquoi Louis ne vient plus me voir
- tu lui as peut – être fait quelque chose ……
En restant suffisamment équivoque le manipulateur a le loisir de changer facilement son intention ou sa stratégie….
Comparons la communication non verbale d’un manipulateur d’une personne affirmée.
Le regard : chez le manipulateur, le regard est fuyant ou dominateur selon les circonstances. Fuyant s’il demande un service, dominateur lorsqu’il veut rabaisser son ôte. Lorsque nous lui posons une question, il ne lève pas son regard vers nous, il semble nous ignorer.
Ce n’est jamais le cas chez l’affirmé. Le regard n’est ni fuyant, ni fixe de façon prolongée.
Le volume de la voix. Souvent monopolise la parole. Coupe celle des autres, détourne le sujet traité. Le volume n’est pas en phase avec l’ambiance.
Chez l’affirmé, la voix est nuancée, modulée, synchronisée à l’ambiance sonore environnante. Il écoute, s’il coupe la parole, il attend la fin d’une phrase.
Attitudes corporelles. Lors de réunion, le manipulateur s’installe souvent face à l’animateur en prenant une attitude très – souvent trop – décontractée, par rapport à une prise de contact. L’attitude normale lors d’une réunion est de s’asseoir droit sur sa chaise, les genoux serrés, dirigées vers le centre, les pieds à plats. (On peut avoir aussi les jambes croisées si on a le « trac »).
La prise de position physique est homogène dans le groupe, à l’exception d’un seul : le manipulateur ! Il se singularise par la prise d’une position « hors masse », en décalage par rapport au groupe. La tenue vestimentaire est différente, il occupe une place stratégique dans l’espace : veut avant tout attirer le regard sur sa personne démontrant là un fort ego.
L’attitude de l’affirmer se coule dans l’homogénéité du groupe et respectera les codes de prise de parole. L’affirmé se positionne par sa personnalité, le manipulateur par le paraître.
L’arme préférée de la personne toxique.
Notre développement corporel et psychique s’effectue sous l’influence de notre milieu socioculturel. Dès la naissance de l’individu, des règles sont inculquées de plusieurs façons :
· Mode de vie familial et social
· Modèles, sanctions, compliments, discours, explications, principes émis
La famille initie l’individu aux lois culturelles du groupe social d’appartenance. Tout petit, l’enfant est face aux modèles du père et de la mère. Puis, à un environnement social plus élargi : celui de la famille, des enseignants, des figures religieuses, des média, des amis, des collègues de travail, etc.
Lorsque l’enfant ne suit pas la règle, il culpabilise, il est sanctionné par le résultat. Ce sentiment est en l’homme, c’est un sentiment normal. Ce sentiment, par réflexion, pousse l’individu à bien faire ce qu’il entreprend, à avoir des idées altruistes, à repousser l’égoïsme latent.
Cependant lorsque le sentiment de culpabilité devient prégnant, il va à l’encontre du but recherché, il détruit. L’individu s’identifie à l’échec, il va alors déclencher une névrose.
Or il existe deux sortes de fautes :
- l’objective que l’on peut démonter et donc réparer. L’erreur est ici formatrice.
- La subjective : elle est très grave. Cette culpabilité s’exprime inconsciemment dans le comportement et inspire l’angoisse de l’être traquée pour un crime imaginaire.
Ce type de faute subjective consiste à croire que nous avons fait mal à….. nos parents, amis, frères, employeurs, croire que nous ne sommes pas à la hauteur de notre tache….., de ce qui nous est demandé…. Mais nous sommes incapables d’analyser d’une manière rationnelle les critères objectifs qui font que nous faisons « mal ». C’est un sentiment indéfinissable qui nous écrase. Le subjectif n’est pas quantifiable, c’est du ressenti et reste dans l’ombre, inaccessible.
Ce sentiment de culpabilité se manifeste par des malaises divers : troubles digestifs, mal au ventre, mal à l’estomac, difficultés respiratoires, tensions artérielles, troubles du sommeil, angoisse persistante et l’emprise diminue à chaque forme d’autopunition, de sabotage, de soumission au manipulateur.
La seconde déviation de cette culpabilité nous rend inconsciemment fautif d’attention et d’aspiration que nous approuvons consciemment :
· Tous, souhaitons réussir professionnellement
· Tous, souhaitons être indépendants et heureux
· Tous, souhaitons avoir de bonnes relations
Mais ce souhait nous apparaît inaccessible, interdit parce que nous pensons que nous le méritons pas, que nous n’en sommes pas digne. Cf sur ce blog « la motivation »
Le manipulateur va se servir de ce sentiment de faute subjective pour maintenir la victime sous son pouvoir. Il l’amène à croire, le persuade que le crime imaginaire est REEL, non illusoire qu’il existe vraiment……. du moins envers lui.
Ce faisant, il se place comme celui qui sait, qui a de la peine à cause de nous, que c’est notre faute si…. Que nous n’avons pas fait tout ce qui est de notre pouvoir pour…. En fait il s’érige en adulte et nous met en position d’enfant coupable. Il connaît bien les armes de l’analyse transactionnelle qu’il manie à notre détriment même d’une manière inconsciente. Cf sur ce blog le dossier sur la PNL.
Culpabiliser l’autre correspond au report de responsabilité sur l’autre : « c’est de ta faute si…. »
Culpabiliser l’autre avec la notion de sacrifice : « après le divorce, je n’ai pas voulu me remarier pour me consacrer intégralement à votre éducation… » est une arme appréciée du manipulateur.
Le manipulateur démontre, à sa manière, que la faute imaginaire est en fait une faute réelle et donc est passible d’une sanction qu’en « adulte » il s’arroge le droit de donner en fonction de ses critères de sévérité à lui. Il joue les « pères fouettards ». Il rabaisse son interlocuteur – enfant ou adulte - au stade de l’enfant soumis qu’il va punir selon son bon vouloir. Cf sur le blog le dossier PNL.
Les outils du manipulateur
L’outil de la double contrainte. Il s’agit pour le manipulateur d’utiliser simultanément deux messages opposés qui font que si vous obéissez à l’un, vous désobéissez à l’autre. C’est le type même du choix pervers. Cf dossier sur la PNL.
Ex : « je voudrais que tu m’embrasse spontanément ».
- soit vous attendez pour l’embrasser alors il vous place en mauvaise posture.
- soit vous l’embrassez, il rétorque que ce n’est pas spontané mais que vous le faites suite à sa demande.
Dans tous les cas le manipulateur se montrera insatisfait et le tort vous incombera entièrement.
Autre exemple : Une femme demande à son mari de tout faire pour bien gagner sa vie, tout en se plaignant auprès de lui de son manque de présence à la maison. Dans les deux cas, la femme n’est pas satisfaite. La faute incombe au mari qui n’est pas capable de résoudre ce simple problème : l’homme démontre là à la femme qu’il ne l’aime pas dans les deux cas.
En réunion, si vous ne prenez pas de décision (comme vous le demande le manipulateur) vous êtes cataloguer comme incapable, si votre décision entraîne des pertes, vous avez tort aussi, la preuve. S’il votre décision est bonne, c’est qu’il a su recruter un bon élément. Et vous ? Vous n’existez pas.
Quelle que soit votre attitude face à la double contrainte dans une relation, le manipulateur vous accusera de ne jamais choisir la bonne solution. En l’espèce, il a raison puisqu’il n’y en a pas. CF Grégory Bateson dossier PNL sur ce blog
La démission. En se démettant de ses responsabilités, il les reporte sur autrui ou sur un système (société, loi, entreprise, supérieur hiérarchique etc.). Malgré les apparences, le manipulateur craint d’endosser ses responsabilités.
L’évitement. Echapper aux confrontations – pacifiques ou hostiles – cet outil évite au manipulateur de s’engager, de prendre partie, de se positionner, de cautionner, de résoudre un conflit.
Pour masquer son échappatoire, il plaidera son impossibilité d’être présent en prétextant une indisponibilité, regrettant de n’être pas là.
L’appropriation. Le manipulateur est fort lorsqu’il s’agit de s’approprier seul les résultats positifs ou efficaces d’actions mises en œuvre par son entourage. Le chef d’équipe qui s’approprie les lauriers du travail du terrain de ses vendeurs….
Le report sur autrui. A contrario, le manipulateur va reporter la responsabilité des fautes sur ses subalternes lorsqu’il y aura une erreur.
La non décision. Lors de réunions décisionnelles, certains manipulateurs savent rester en retrait. Il reste flou évitant de prendre partie. Il dira :
· vous faites comme vous voulez…..
· je ne sais pas…
· vous savez ce que vous avez à faire, je n’ai pas besoin de toujours décider à votre place….
· vous savez aussi bien décidez que moi…..
· vous êtes des professionnels oui ou non ?
· vous n’êtes pas fichu de prendre la bonne décision (dévalorisation en +)
L’utilisation d’intermédiaire. Le manipulateur qui a besoin de vous ou d’informations que vous pouvez détenir, emploie des intermédiaires.
Le manipulateur qui avance à couvert peut alors faire savoir ses opinions par un tiers. L’intermédiaire cautionne le message du manipulateur. En cas de boulette l’intermédiaire sera entièrement responsable puisque l’incendiaire n’est pas là. L’intermédiaire devient « responsable » de ce qu’il transmet.
Semer la zizanie. Semer le doute, la suspicion dans l’entourage permet au manipulateur de manier les fils à sa convenance. Le manipulateur en bon samaritain va apprendre une mauvaise nouvelle à un membre de l’équipe. Coup double, je t’apprends cette mauvaise nouvelle et je suis là pour t’épauler. C’est meilleur lorsque l’auteur de cette mauvaise action est aussi membre de la même équipe.
- On colporte – « on m’a dit que …. »
L’insinuation amenée par le manipulateur oblitère dans notre conscience les faits véritables. Oui quelle est la part du vrai ? du faux ? qui est derrière ce visage ? qui croire ? comment savoir la vérité ? à qui se fier ?
En présence prolongée d’un manipulateur, celui d’entendre des réflexions sur l’entourage finit par porter leurs fruits vénéneux. Le danger de ces remarques auxquelles on ne prêtre pas attention sur le moment repose dans le fait qu’elles feront surface au premier signal corroborant ces dires. La calomnie est en chemin.
La dévalorisation. Le propre du manipulateur consiste à dévaloriser autrui afin de donner l’illusion de sa supériorité. Le manipulateur ne peut s’empêcher de critiquer ou, mieux encore, de faire passer une qualité pour un défaut. Il a la particularité de répéter inlassablement des critiques – le plus souvent injustifiées. Ceci à pour but de faire perdre votre propre confiance en soi et de vous faire choisir comme maître à penser le manipulateur. Or le manipulateur projette sur autrui son propre comportement. Très souvent, ces critiques vont porter sur notre entourage, conjoint, famille, amis, collègues. Partant de l’axiome qui se ressemble, s’assemble, en critiquant l’entourage, c’est nous qu’il critique par ricocher.
Toute personne qui critique devant une personne, il faut s’attendre à ce qu’elle nous critique demain devant une autre personne.
Attendre le tout dernier moment. Le manipulateur attend la dernière minute pour demander, ordonner ou faire agir autrui. Il n’y a plus de choix possible, on agit dans l’urgence. L’intérêt de cette manœuvre est d’empêcher toute opposition et enlève à l’autre la possibilité d’en discuter ou le temps nécessaire à un droit de réponse. Vous êtes devant un fait accompli…. et vous vous retrouver seul pour trouver une solution qui n’est pas de votre ressort.
Conclusion : le manipulateur ne travaille qu’à sa propre personne et au détriment des autres. Pour cela il emploi des attitudes d’approche sympathique, vous isole autant que faire, pour ensuite passer sur vous ses propres manques. Il emploie des outils subtils, machiavéliques afin de mieux vous utiliser. Pour celui qui observe les manœuvres, il constate que les manipulateurs entre eux se font une guerre de tranchée et joue à qui utilisera l’autre au mieux pour en fin de compte se retrouver seul et sans joie.
Les « Chefaillons, petits chefs tout responsable de… toute parentèle qui abuse de leur position, qui sont des manipulateurs, sont extrêmement dangereux dans un service, une organisation quelle qu’elle soit. Elles sont sources de pertes de potentiels humains et d’argent. Ce sont des malades mentaux qu’il faut soigner. Malheureusement, il représente un pourcentage évalué de 15 à 20% de notre environnement tant familial que professionnel ou associatif. Certaines pour paraître en « haut de l’affiche » sont prêtes à tout pour y parvenir.