dimanche 16 janvier 2011

Comment la personne toxique opère-t-elle ?

La personne toxique est souvent un (e) manipulateur.

Il est important de comprendre qui est le manipulateur (ou manipulatrice – comme il y a en a autant d’un coté que de l’autre, je n’écrirais qu’au masculin pour ne pas alourdir inutilement les propos).
On peut dire que son rôle – vécu par les victimes qui s’en aperçoivent – est de culpabiliser, alors que lui se déresponsabilise. Il va communiquer d’une certaine manière et cette communication va semer la zizanie, dévaloriser. Il va se victimiser lui-même, changer ses attitudes, démontrer  qu’il est indifférent aux besoins des autres malgré ce qu’il dit.
Pourquoi ? Il veut tout contrôler et parvient à ses fins quels que soient les moyens. Il utilise des propos humiliants, dévalorisants au gré d’humeurs très fluctuantes. Pour parvenir à ses fins, il se montre sous son meilleur jour.
Le manipulateur est sympathique.
Du moins c’est souvent le visage qu’il montre. Souvent souriant, avenant, prévenant, sait se montrer attentif aux autres. Montre un visage rassurant. Il sait présenter la cuillère de miel et cacher la cuillère de vinaigre. Son but, lors des premiers entretiens avec un inconnu est de lui faire baisser la garde et acquérir sa confiance et ses confidences. C’est ce que l’on appelle l’effet « mimétisme ».
Facteurs engendrant la sympathie.
Ancien commercial je sais qu’il est indispensable d’avoir une apparence physique, une similarité, certaines familiarités avec l’Autre si je veux capter son attention. D’ailleurs Saint Exupéry dans le Petit Prince en fait référence. Plus je vais avoir de points communs avec cet Autre – physique, âge, culturel, préoccupations-, plus j’ai des chances d’être accepté par lui.
Différence comportementale entre le manipulateur et le personnage vraiment sympathique.
L’individu vraiment sympathique sait exprimer clairement et sincèrement son opinion, ses désires et ses sentiments. Il n’a pas peur d’être parfois différent de l’autre sur un point ou un autre. La personne qui « s’affirme » respecte aussi les besoins, les sentiments, les opinions de l’Autre. L’individu affirmé OSE être ce qu’il est tout en respectant l’Autre dans son intégralité. L’individu affirmé est bien dans sa peau, sans faux semblants, souriant, avenant et surtout respectueux de son vis-à-vis, d’humeur égale. Il est limpide dans son attitude et dans son esprit. Il ne cache rien de sa personnalité et n’a aucunement besoin d’écraser les autres pour se sentir valable. Il est, simplement conscient de ses forces et ses faiblesses, admettant que l’Autre peut avoir des qualités aussi, autres que des siennes. Chez lui, on ne ressent pas d’envies, de jalousies.
Au prime abord, rien de différencie le manipulateur de la personne affirmée qui est sympathique. Extérieurement, les sens sont abusés. Là est le danger.
On ne peut le reconnaître qu’après l’avoir côtoyé suffisamment longtemps pour que l’on découvre, au détour d’une conversation, d’un comportement incohérent, d’un mensonge que le personnage dit sympathique peut être un manipulateur qui se dévoile. Et parfois, car il sait se protéger par son « masque », ne jamais découvrir l’être qui se cache derrière.
Pourquoi ? On peut dire que pour plus de 90% des gens, il est plus important et facile de répondre aux besoins et aux demandes des autres plutôt qu’à leurs propres besoins. D’ailleurs, demandez à une personne autour de vous, de vous décrire ses besoins, ses qualités, ses points forts, souvent il est surpris et reste bouche « bée ». Il faut qu’il réfléchisse.  Les média savent cela. L’individu s’oublie à la détresse de l’autre. Par ailleurs, culturellement on prône la Fraternité, la solidarité, l’esprit d’équipe, l’oublie de soi, le sacrifice de soi. Jusqu’où peut-on accepté ?
Le manipulateur lui aussi le sait et en abuse.
Il est donc impératif de connaître ses propres besoins, de savoir qui nous sommes, de connaître nos objectifs, nos buts, le sens que nous voulons donner à notre existence, à notre vie.
C’est parce que nous ignorons ou voulons ignorer par paresse, nos besoins, parce que nous nions notre propre ego que nous acceptons la soumission du manipulateur. Nous devenons des personnes passives qui acceptent qu’un autre nous prenne en charge. Ainsi, pendant 6 mois, 10, 20 ans voir plus, ces personnes sont incapables de repérer le manipulateur qui leur « veut » du bien. Ces personnes sont dans la négation de leur propre personnalité, de leur propre force, de leur propre potentialité, de leur propre Moi. Ils agissent en fonction d’idées qu’elles ne remettent pas en cause, induites par le manipulateur.
Comment est ce possible ?
Lorsque nous entrons dans l’inconnue – nouvelle entreprise, nouvelle vie, nouveau club -  et qu’un personnage sympathique nous propose de nous montrer le chemin, naturellement, nous lui faisons confiance. D’ailleurs pourquoi se méfier, n’est ce pas ce que l’on ferait, nous, en pareille circonstance ?  Lorsque le personnage sympathique mais manipulateur est une figure d’autorité – chef, patron, parent ou toute autorité hiérarchique, lorsqu’il nous a été parfois recommandé par un ami de bonne foi – comment mettre en doute notre confiance envers cet inconnu ? Comment mettre en doute notre confiance envers nos parents qui eux ont une confiance aveugle envers le manipulateur ? (Cas de confiance en des religieux, à un ami ou parent pédophile ?) Comment mettre en doute la gentillesse du manipulateur qui nous a rendu un si grand « service » hier ? Service vu de notre point de vu mais qui n’en est pas un pour lui, c’est un appât.
Ces manipulateurs sont souvent attentifs, gentils, actifs. Ils sont souvent efficaces, qualifiés et intelligents. Il sait mettre en valeur ses qualités qui vont lui servir à tisser sa toile autour de la victime potentielle qu’il vient de découvrir. Le pêcheur du dimanche dirait qu’il appâte le poisson.
Comment fait-il ?
Son premier objectif est de mettre sa proie dans « sa poche ». Approche agréable, éloges, petits gestes…. Il crée un climat de confiance, plus de complicité, de joie, de sécurité, d’une ambiance « entre nous » en excluant bien entendu certains, quitte à calomnier sur ces « certains ». En fait il va isoler sa proie, créer une ligne infranchissable entre « entre nous » et le monde extérieur.
En tête à tête, il charme, pose des questions embarrassantes mais lui répond de façon détournée à celle que l’on lui pose et ainsi reste mystérieux. En chacun de nous, par atavisme, nous accordons toujours du crédit à celui qui sait alors que, nous, nous sommes dans l’ignorance, accordant ainsi de l’influence au manipulateur. Il va tout faire pour susciter chez l’autre la fascination. Il faut prendre conscience que la fascination nous réduit, jamais elle ne nous grandit.
Il rend de menus services, nous fait – sous le sceaux du secret- de petits cadeaux, nous donne son temps, nous conseille, recommande fort, du fait de son expérience, tel ou tel article, service, produit, technique ... Il est au petit soin pour nous, nous sommes si important pour lui. Il condescend à nous rendre hommage sans que l’on ait demandé quoi que ce soit. Les cadeaux entretiennent l’amitié n’est ce pas ? Comment alors lui refuser un service, lui qui nous donne et /ou nous en rend tant de services ? Autrement dit, il nous donne tout et on ne peut rien lui refuser.
Le principe de réciprocité qui est tant mis en exergue par le manipulateur stipule qu’il faut payer en retour les avantages reçus d’autrui. On est loin de la Fraternité préconisée hier par lui pour nous appâter. On est plus près d’une amitié basée sur l’échange commercial et encore, dans le système commercial l’échange est équilibré. Le manipulateur, lui, sait mettre en jeu une asymétrie dans la situation puisqu’il choisit, seul, le moment et la façon d’acquitter la « dette » due par ses petits et menus services. Là on peut s’apercevoir que la dette est accompagnée d’horribles intérêts non désirées. L’échange est loin d’être équitable si l’on regarde bien.
Alors se pose la question : « s’aider ou céder ? »
Lorsqu’il est cultivé, il se montre méprisant envers celui qui ne possède pas les mêmes connaissances, n’est pas de son niveau. Il va survoler son savoir d’un ton péremptoire, inondant son discours de date, de lieu, de noms en évitant toute fois d’être trop précis….. Il veut passer pour intelligent et si nous lui posons une question, il se montrera surpris, irrité et évasif. Il est d’autant plus « brillant » que son public l’applaudit. Il mise sur l’ignorance des autres en mettant en valeur les éléments qui peuvent renforcer son autorité : âge, autorité, diplôme, sa position sociale, son expérience.
C’est : « moi je…. et toi tais toi ».
Comment mettre en doute l’autorité de celui qui en est investi ?
Notre éducation nous pousse à ne pas remettre en doute ce que les Parents tout puissant nous disent et par extension tout ceux qui relèvent de cet archétype – professeur, chef hiérarchique, gendarme, « le responsable de tel ou tel organisme qu’il soit privé comme une association ou publique… ». « Le chef à toujours raison par définition » On ne remet pas en cause l’autorité.
La soumission à l’autorité ou aux symboles de l’autorité est totalement inconsciente. Cette influence agit à notre insu.
Certains profitent de leur situation – chef de service, patron, adulte face à l’enfant, grands parents - ou à l’occasion d’une opportunité, lors d’un vote dans un organisme ou association, pour jouer le dictateur. Il a le pouvoir, il va en profiter. Ses critiques, ses attaques, ses comportements sont souvent violents. Rarement il fait des compliments, souvent désagréable, agressif, autoritaire. Il veut être craint, il compte sur la peur qu’il va générer.
Pour son entourage certains le verront comme un caractériel, non, ce n’est qu’un manipulateur. Or il peut être pervers, conscient de son exigence, de son autorité souveraine jouant sur la faiblesse affective de ses subordonnées. Or cette faiblesse n’est pas affective, cette faiblesse vient d’un dysfonctionnement dans les rôles des personnages. Les subordonnés n’ont aucun moyen de briser ce cercle infernal. Lorsqu’il a besoin d’un service, il manie la flatterie et il est difficile de refuser… mais il sait si bien demander… Il a le pouvoir donc il décide seul que les principes et règlements seront appliqués à tout son entourage mais que pour lui il peut y avoir des dérogations. Mieux, rien ne l’empêche de vous traiter d’inhumain et de monstre égoïsme si vous n’êtes pas aux petits soins pour lui s’il lui arrive problème.
Lorsque le manipulateur est « timide » il est difficile à déceler car cet aspect est assez rare. Il juge par ses regards, il est souvent en retrait et silencieux lorsqu’il se trouve en groupe. Cependant, parfois, sa présence peut être perçue comme oppressante. Il utilise souvent un comparse pour faire parvenir son avis, ses critiques à la personne cible, utilisant la « caution » involontaire (ou volontaire lorsqu’il est acquis à sa cause) du messager. Il va agir « par derrière » et crée ainsi la zizanie, les soupçons, propage les commérages, initie la calomnie. Il est difficile alors de découvrir la source du malaise. Et pourtant ce malaise est là prégnant.
Le manipulateur n’a pas vraiment de sens moral. Parfois il se cache là où on ne l’attend pas. Certains métiers ou fonctions nous invitent à baisser la garde. Qui peut imaginer que cet instituteur, ce policier, ce juriste, ce prêtre, ce Pasteur, ce Franc-maçon, ce secouriste puisse être un manipulateur ?  Il profite souvent de son statut social afin de nous dissimuler ses zones d’ombre de sa personnalité.
Lorsque nous touchons à son pouvoir, son territoire, il se transforme. Il devient irascible, méchant, sarcastique, insistant. Il faut qu’il reprenne la main, c’est une question de survie pour lui. Il ne peut perdre la face. L’attitude défensive du manipulateur est analogue à celle du paranoïaque. Cette attitude relève  de la psychose caractérisée par la surestimation du « moi », la méfiance, la susceptibilité et l’agressivité. Le manipulateur attribue aux autres les défauts et les intentions persécutrices. Il ne se remet jamais en question.
Les qualités de tolérance, d’empathie et de compréhension seront impuissantes à nous protéger et vont au contraire être perçues par le manipulateur comme étant des faiblesses de notre part.
C’est lorsque nous prenons conscience de nos propres besoins et qui sont confrontés aux besoins du manipulateur que le choc intervient.  Et, et, et…. Avec le temps, des failles, des mensonges vont apparaître comme une évidence.
Oser refuser, dans tous les cas, constitue un moyen indéniable de sauver son intégrité. Cela fait partie des démarches à suivre pour lutter contre le manipulateur. Dans le cas où nous cesserions de lui trouver un intérêt, il nous jette comme un kleenex. Puis un beau jour, il se retrouve seul, ayant fait le vide autour de lui….

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