jeudi 30 décembre 2010

Evolution de l'Individu : l'Action des forces d'habitude

L’Action des forces d’habitude de l’esprit sur l’homme.

Si nous portons notre regard sur la matière, nous avons l’impression qu’elle est inanimée et donc que la matière ne s’exprime pas. C’est ce que disent nos yeux. Pourtant, comme nous le démontre la physique quantique, le mouvement est intense en ses profondeurs. Un bloc de pierre subit les modifications de température et de pression du milieu ambiant : les industriels savent aujourd’hui reproduire ce phénomène pour fabriquer du faux diamant. Un matériau se constitue toujours dans les mêmes formes dépendant des dispositions atomiques relatives aux systèmes qui sont siennes. Nous avons donc une expression des forces intérieures du champ atomique vers une représentation du matériau à l’extérieur.
Il en est de même dans le règne végétal, où la sensibilité qui est plus grande, autorise une modification plus intense, plus rapide sur le cycle de l’année. Dès le printemps, il y a le bourgeon, la feuille, la fleur, puis le fruit et ce en l’espace de quelques mois et le cycle recommence. Pour l’animal, du fait de sa mobilité dans l’espace, il gagne en indépendance. Darwin nous a démontré son évolution en fonction du milieu. Parfois l’animal nous surprend par sa capacité d’adaptation à celui-ci lorsqu’il s’agit de survivre. Il a été constaté que des oiseaux herbivores sont devenus d’abord suceurs de sang ou mangeurs d’œufs avant de devenir carnivores, ne trouvant plus sur leur lieu de vie suffisamment de leur nourriture habituelle. 
Le minéral se soumet à sa structure atomique, le végétal, tout comme l’animal obéissent aux conditionnements et spécificités de chacune des espèces qui la composent, seul l’homme n’a pas choisi de se spécialiser. Tout animal court, saute, nage et a les sens plus aiguisés que n’importe quel Homo Sapiens-sapiens. Chez l’homme, il faut diriger nos regards vers un autre domaine  d’évolution : celui de la psyché. Le développement, chez l’homme, est maintenant plus psychique que physique. L’homme est un être vivant qui tient ses facultés et aptitudes y compris ses connaissances, d’un mouvement évolutif à croissance géométrique. C’est pouvoir dire que ce processus qui s’étend sur des millions d’années, au cours duquel tous les organismes se sont trouvés confrontés aux données de la réalité du milieu, s’y sont adaptés. L’homme en est l’héritier. Il s’agit donc de comprendre l’activité des connaissances en tant que phénomène vivant et avancer sur l’entendement de notre esprit. C’est dans ce domaine que l’homme ira vers plus d’autonomie et plus de liberté.  Si le règne de la force de l’habitude semble étendre sa puissance dans le domaine de la matière, tout autant que notre psychique, il  est pourtant possible à l’homme, d’échapper à son emprise. Nous savons médicalement que nos cellules naissent et meurent donc se renouvellent sans cesse. Pour preuve, je suis fumeur, et suis addicté, mes cellules sont donc celles d’un fumeur. Si je décide d’arrêter de fumer, tout le corps médical, vous dira qu’au bout d’un certain temps, les cellules sont celles d’une personne saine. Le fait d’arrêter de fumer provient du psychisme et non du physique. C’est dire que l’esprit a le dessus sur la matière. En a-t-on conscience ? Tout thérapeute vous confirmera du caractère soudain de la délivrance de forces d’habitudes. Cela s’appelle la catharsis, c’est un choc émotionnel important. C’est le prix à payer pour se débarrasser de la paresse due aux forces d’habitudes. Nous voyons bien qu’ici et très, voire trop, souvent notre histoire d’homme est une lutte au cours de laquelle s’affrontent deux tendances : l’inertie des forces d’habitude et le dynamisme de la force de vie.

Il ne faut pas que les forces d’habitude polluent notre mental. Prenons l’exemple du biologiste Baker de l’Université de Londres. Si nous plongeons des cellules d’un tissu vivant dans une solution colorante, les tissus vivants résistent à la pénétration. Dès qu’une action électrique violente entraine la mort du tissu vivant, la solution colorée pénètre immédiatement dans les tissus. Par analogie, si nous voulons que la Vie s’exprime dans le domaine de la pensée, nous devons nous affranchir des contraintes psychologiques du milieu ambiant anxiogène dans lequel on se sent être agressé. Il y a nous et il y a l’environnement – et par environnement j’entends l’univers politique, religieux, économique, Maçonnique, notre voisinage, notre parentèle, etc.,  dans lequel nous sommes. Ce sont deux choses bien différentes. Ce que veut l’environnement n’est pas forcément ce que nous voulons pour nous. Un mental réellement vivant ne se laisse pas envahir par les colorants mentaux qui l’entourent.

Les expressions de ces courants d’habitudes sont multiples et en constante évolution : ce sont mon église qui me fait croire que…, le marketing qui me fait croire que…, mon parti politique qui me fait croire que… une secte ou une autre qui me persuade que… Certaines Obédiences Maçonniques qui trouvent leurs sources et leur vitalité dans les Ateliers et qui, sous couvert d’amélioration de la société (selon leur slogan), font croire que ….. Les habitudes mentales, telles que les dogmes, systématisations, orientation et vision unique de la pensée en usage ici ou là, les croyances, idées fixes, distorsions cognitives, etc., jouent le rôle de colorants mentaux dont il est indispensable que le psychisme s’affranchisse s’il veut être disponible et choisir en conscience ce qui est bon pour lui et pour les autres.

D’où l’intérêt de nous remettre en question, de conscientiser nos peurs, nos désirs, ce que nous sommes réellement, de répondre à ces questions, d’où je viens, qui suis-je, où vais-je et pourquoi.

Maintenant, à la lumière de ce qui précède, nous allons résumer les particularités des trois phases de l’évolution psychologique de l’homme. La 1ère est la période de l’enfance où le « moi-je » se forme, la deuxième est la période où le « moi-je », s’étant constitué, se développe jusqu’à son complet épanouissement que l’on peut identifier à l’adolescence et enfin la troisième où le « moi-je » cède la place devant l’individu parvenu à maturité. (Période où justement l’individu brise son moi comme nous le verrons afin qu’il accède à ce qu’il est.) Pour mieux préciser ma pensée, chacun a été parent ou a été ou est entouré d’enfants pour comprendre.

Lors de la première période, c’est la naissance du « moi ». L’enfant, de quelques jours, ne fait pas encore la distinction entre lui et sa mère. Au bout de quelques semaines pourtant, sa personnalité s’ébauche et va se renforcer au fil des mois, des années. Les 36 premiers mois sont primordiaux disent les psychologues. Le petit de l’homme imite, copie, il ne pense pas encore par lui-même. C’est là que les « colorants mentaux du milieu ambiant : préjugés, croyances ou systématisation de pensées rigides » sont les plus absorbés puisque l’enfant n’est pas capable de savoir ce que son environnement lui donne, lui apprend et il prend sans savoir si c’est bon ou mauvais pour lui. Pour lui, papa – maman sont les archétypes du dieu vivant qui veulent son bien. Inconsciemment, il sait qu’il leur doit la vie, sa nourriture, son existence et son devenir. A ce moment tout ce qui provient de ses parents est un acte d’amour qu’il n’est pas prêt à remettre en cause. Penser que ses parents peuvent être anxiogènes est un non-sens. Dés que le parent délègue son autorité à l’école, la garderie, au voisin, tel le mouton de Panurge, l’enfant suit. Il subit l’enseignement culturel ambiant, aucune liberté, aucune initiative ne lui est accordée, il doit adhérer aveuglement aux opinions prédominantes du moment et du lieu où il se trouve. Si cet environnement est ouvert, initiatique, ce manque de liberté apparent lui permet de structurer ses apprentissages comme l’acquisition de la grammaire permet par la suite à l’écrivain de se manifester dans sa liberté d’expression. Où se trouve la limite entre une structuration de la personnalité et une déviance psychologique dont la puissance oblitère le jugement individuel de l’enfant, de l’apprenant ou en Maçonnerie, de l’Apprenti ? Tout se trouve dans la qualité du don sans arrière-pensée, voire dans la volition de l’éducateur. Notions bien abstraites qui cachent bien les intentions tout en restant dans la Vérité dont la couleur est changeante selon l’orientation de l’observateur et donc de l’initiateur, comme chacun le sait.
Que se passe-t-il dans un Atelier ? La similitude est grande.

Pendant les premières années de la vie, l’adulte s’installe dans le mariage, « fait son trou » dans la société économique puis, parfois, il se dit qu’il lui manque quelque chose ? Quoi ? Il se bat dans le monde matériel avec plus ou moins de bonheur et, un déclic, un manque se précise au niveau de la psyché. Il prend conscience que le spirituel est présent dans sa vie mais non suffisamment mis en valeur et qu’il faut en tenir compte. Certains entrent dans les Ordres, d’autres vont livrer bataille dans un Parti Politique, enfin quelques-uns frappent, par exemple, à la porte du Temple. C’est un nouveau départ, une remise en question : l’initiation n’est pas anodine, elle marque à jamais l’individu : il y a une manière de pensée différente de celle dont il a l’habitude. C’est un choc émotionnel certain.

1° Comme pour l’enfant, c’est la naissance du « moi ».
La personnalité maçonnique s’ébauche. Cependant la force d’habitude qui est sienne exerce son emprise toute puissante. L’Apprenti se trémousse sur sa chaise au septentrion. Il doit se taire. Il écoute, observe et petit à petit son comportement se modifie. L’Apprenti imite, copie mais ne pense pas encore par lui-même. Que connaît-il de la spiritualité maçonnique ? du symbolisme opératif ? S’il a la volonté de poursuivre, il  n’a aucun savoir et le pouvoir est détenu par le Vénérable Maître sis à l’Orient. Il n’est pas encore « Maçon », même s’il a droit au titre de Frère. Il cogite sur les Morceaux d’Architectures des Orateurs, sur les observations des Frères lorsque la Parole circule…. L’apprenti comme l’enfant peut subir l’envahissement des colorants mentaux du milieu ambiant (il semblerait que malheureusement certaines loges abritent des Frères qui, plutôt que rechercher la Vérité, se servent de leur Tablier pour chercher à palier inconsciemment (?) leur frustration ou un manque de reconnaissance dans le monde profane et trouver ainsi une compensation rassurante. Malheureusement, ce cas serait assez fréquent puisque les 0bédiences font la course à celle qui sera la plus importante en nombre afin de prévaloir d’une audience auprès du Pouvoir Civil). C’est, alors, le « dressage » appliqué pour répondre au besoin d’appartenance à ce groupe, à cet Atelier, à ce Rite là. Aucune liberté, aucune initiative mais une adhésion aveugle au Rite, à la Respectable Loge, à l’Obédience. Il n’a que le droit de se taire et écouter !

Si l’impétrant se trouve dans un Atelier d’Initiés, tout lui est permis : on lui expliquera ce qu’est une Porte, donc la raison du Rite, ce qu’apporte le fait d’être un initié et ses devoirs envers ses Frères, ce qu’est la Fraternité, et acceptera sa part de responsabilité dans le monde profane.

Sinon, il y aura désillusion et démission OU addiction au Rite qui viendra le bercer à moins qu’il ne sacrifie au Rite comme d’un moyen pour aller ailleurs en pérorant : « Je suis Maçon (quand il ne s’affuble pas du rang de l’office qu’il sert –ou dont il se sert-)  de la Respectable Loge de…   à l’Orient de …. ». C’est la confrontation de l’individu face au groupe dans lequel il vient d’être accepté. Ce que je dénonce ici est une manifestation d’une philosophie de masse, un « Mac-Donald », oui un « Mac-Donald » où la variété de pensée et de choix n’est qu’illusion publicitaire, le « prêt à l’emploi » spirituel  (une notice de « montage psychologique » imposé pour coller à l’équilibre type du groupe), et non ce que d’aucuns pensent y trouver, un endroit où l’homme va se confronter avec lui-même et comprendre d’où il vient, ce qu’il fait et où il va. L’enfumage de l’Obédience, de l’Atelier, du Rite, a détourné l’individu de sa quête spirituelle initiale. A moins qu’un incident ne lui révèle qu’il n’a plus sa place dans cette Obédience, dans cet Atelier, dans ce groupe… et qu’il est temps pour lui de changer de voie pour accéder à un nouvel équilibre personnel positif et constructif, celui qui le guide en permanence dans sa demande d’adhésion à telle ou telle société philosophique.

Ce n’est pas une secte, ce n’est pas une religion, l’individu adhère à un groupe où se mêlent des discours humanistes, des rites, des symboles et où la fraternité est moins réelle que dans la vie de tous les jours. En adhérant à l’Obédience, il ignore tout de son devenir, il fait un pari sur la Respectable Loge comme le joueur sur un cheval au PMU. Existe-t-il encore aujourd’hui des cercles philosophiques dont le but est bien le respect de la recherche de la Vérité multiple et pourtant unique ? Quoiqu’il en soit l’individu qui rentre dans un tel groupe, qui se dit initiatique, en reçoit une expérience même s’il en sort. A lui de tirer profit des réflexions inhérentes à cette expérience pour continuer sa voie en cohérence avec sa quête individuelle.

2° Phase de maturité du « moi »  c’est la période de l’adolescence, celle où l’individu n’est plus un enfant et non encore un adulte.

Petit à petit, l’enfant va essayer ses propres mécanismes, seul, à l’abri des regards. Son attitude d’imitation tend à disparaître. Il se rebelle : l’obéissance aux impératifs mentaux, aux consignes, aux interdits et mots d’ordre lui apparait dans toute leur puérilité. Les rythmes de la répétition, de la routine révèlent graduellement ce qu’ils ont de négatif ou de superficiel à ses yeux. Les défenses de la force de l’habitude vont bientôt connaître les premières fissures. Cela peut être constructif si l’individu d’imitateur aveugle devient créateur en se servant correctement des outils – les arts libéraux modernisés - dont il a appris l’usage à bon escient. Il ne s’incline plus aveuglément devant le fait accompli des valeurs proposées ou imposées, il ose douter et commence à repenser les problèmes et toutes choses par lui-même : il donne un peu de lui-même dans ce qu’il rend à ses parents, aux Professeurs. Il tente déjà de se soustraire à l’action des valeurs établies par les forces de l’habitude mentale. Nous sommes à la fin de l’apprentissage. Une virilité psychologique s’exprime en lui, exigeant plus d’autonomie, d’initiative, de créativité et de liberté. Celle-ci est d’abord recherchée dans la libre affirmation de sa nouvelle puissance d’autonomie. Il souhaite alors devenir le chef (de sa propre vie principalement)…, il observe et critique – pour lui - le comportement de celui qui a encore l’autorité. C’est vrai qu’il tire satisfaction de toutes réactions positives à son encontre. Son « moi-je » prend force et vigueur !
Puis, connaissant le maniement de tous les outils, excellant dans son travail, un jour, ayant épuisé toutes les possibilités d’expression, il comprend qu’il est prisonnier de ses propres créations. Alors vient le moment d’aller plus loin, de découvrir autre chose. Souvent atteindre « le seuil de Peter » est un révélateur pour l’homme honnête. Le « moi-je » perçoit les limites, il tend alors vers une réalisation plus profonde… il faut qu’il se dépasse.

Le Compagnon va, à ce moment-là, réaliser le parcours de l’adolescent. Il connaît les outils, leur utilité, le Rite. A un moment, soit ce Compagnon va au-delà du Rite, de l’Outil et découvre que le symbole est semblable à une poupée russe, soit alors il reste dans la routine, la facilité. A nouveau il est confronté à lui-même : aller chercher autre chose qu’il n’a pas encore vu mais qui attend là d’être sorti des ténèbres ou alors poursuivre et faire comme les Frères – ou ceux qui se disent tels,  attendre le moment que l’ancienneté lui autorise : une décoration, un grade, un Office, une ascension dans les Ateliers supérieurs… qui lui permettra de briller ?

Quelle direction ce Maçon va-t-il prendre ? Autre question essentielle : l’Atelier dans lequel il se trouve apporte–t-il au Maçon l’eau désaltérant sa soif de connaissance sincère même si celle-ci est versée dans un simple godet ? ou ce Maçon ne se préoccupe-t-il simplement que de l’éclat d’une récompense en « or massif » et visible par tous ? Il est semblable à la roue : va-t-il choisir d’être dans le moyeu ou paraître dans la course à la poursuite de l’avoir ascensionnel que la circonférence l’autorise à espérer ? Aller, dépasser la hauteur du moyeu, avoir plus que d’Etre ? C’est l’heure de vérité : que vais-je faire ? aller au-delà ? ou rester dans l’étroit territoire que je connais ? L’individu s’aperçoit – en a-t-il conscience d’abord ? – que l’état de rêve dans lequel il est plongé par l’action de la force d’habitude l’emprisonne ?

3° Phase de dépassement du « moi ».
C’est aller au-delà du ronronnement de la vie, du fameux « boulot, métro, dodo » à longueur de semaines, de mois, d’années. C’est aller au-delà du dépassement de soi s’il en a conscience. Va-t-il avoir le courage de passer cette porte ? Que risque-t-il d’y trouver ? Il est devant l’inconnu. Se pose alors la question : qui est cet inconnu ? si ce n’est que lui-même ! Sait-il que cette découverte va l’affranchir ?

J’ai rarement trouvé dans le monde profane, des individus qui allaient jusqu’à ce questionnement. Souvent les gens sont des être d’habitudes dont l’objectif est d’apporter une paye à la maison, de vivre mieux que le voisin, d’avoir ceci, avoir cela et si possible de posséder ce que le voisin n’a pas. Le terme « liberté » ne signifie-il pas en France, de faire ou pouvoir faire ce qui est défendu au voisin, grâce à l’argent, grâce à des hommes qui sont incapables de devenir Frères et ne restent que des hommes succombant à l’appel de l’avoir immédiat et du devenir clinquant ? Nous sommes dans le monde du marketing où l’individu est lui-même pris comme un objet d’acquisition de richesse matérielle, toujours plus, toujours plus d’autres choses, posséder le dernier cri, « J’ai ! » et toi tu n’as pas. Dans le monde profane, lorsque l’individu va au-delà du dépassement du moi, il ne le montre pas, il est discret et heureusement il existe. Il « Est » et cela lui suffit. Sa course est personnelle et il veut repousser ses limites pour lui-même tandis que celui qui cantonne sa vision dans un court-terme perpétuel se laisse dicter sa conduite par le dieu « Paraître » et il ne va plus se battre par rapport à lui-même mais par rapport à l’autre qu’il veut phagocyter, voire écraser ou anéantir, par n’importe quel moyen pourvu d’être en haut de l’affiche en permanence.

Dans le monde Maçonnique, nous devrions le voir en nombre. Lui le sait, n’est il pas un Cherchant ? n’a-t-il pas été dans la Chambre de Réflexion ? Ne lui a-t-on pas appris ce qu’était le V.I.T.R.I.O.L. ? Là, devant lui-même, face à lui-même ne redécouvre-t-il pas sa véritable essence ? Du moins cette réflexion lui fait pressentir ce qu’il est ? Certains symboles comme les 4 éléments deviennent réalité, il leur donne vie. Si ce n’est le cas, il n’est qu’un piètre compagnon affublé d’un costume de Maître. L’illusion est parfaite puisque tous le reconnaissent comme tel. Maintenant l’habit fait le moine. A la différence que le Compagnon costumé en Maître ne sait ETRE et joue dans le paraître retournant dans la poursuite de l’AVOIR et le DEVENIR. Le piège s’est refermé. Ce maitre, cet officier à qui l’on a confié un poste se trouvant sur l’Etoile de David parjure l’Initiation qui l’a fait Maçon et il n’en a cure de toute façon.

Le dépassement du « moi » exige une acuité de conscience ainsi qu’une qualité de vigilance et une grande humilité. Nous ne pouvons les atteindre que par une vie intense avec un don total de notre être. Il est nécessaire d’avoir une certaine maturité. N’est pas Initié qui veut, n’est pas Eveilleur – pour le grade de Maître tant revendiqué – qui veut. Ce n’est pas le port du Tablier bordé de ruban rouge et du bourgeron que le Maître  EST. Cet habit rassure le possesseur et trompe les Frères Maîtres, donne un mauvais exemple aux compagnons, voire manipule les Apprentis, quand ce n’est pas aux Maitres de l’Atelier de concourir – en toute Fraternité - qui sera le meilleur dans cet exercice… Où sont ces œuvriers qui commençaient une œuvre grandiose en sachant qu’ils n’en verraient pas la fin et ceux qui poursuivaient en toute humilité et dans le plus grand respect de l’ouvrage déjà accompli ?

Je vous fais partager cet extrait de la Citadelle de Saint-Exupéry qui explicitera mieux que je ne pourrais le faire ce qu’est un éveilleur en devenir :

"Et celui là qui se couche dans le sable aux alentours d'un puits tari et qui déjà s'évapore dans le soleil, comme il marche bien dans son rêve. Et combien lui deviennent faciles les grandes enjambées vers la délivrance....

Mais qui marche véritablement s'abîme les chevilles aux pierres, lutte contre les ronces et s'ensanglante les ongles dans les éboulis....  Et l'eau, il l'a crée lentement avec sa chair, avec ses muscles, avec les ampoules de ses paumes, avec les blessures de ses pieds. A brasser les réalités contradictoires, il tire l'eau de son désert de pierre à la force de ses poignets.

Tu la connais ta vocation à ce qu'elle pèse en toi. Et si tu la trahis, c'est toi que tu défigures, mais sache que ta vérité est non trouvaille d'une formule..... car l'être neuf qui est unité dégagée dans le disparate des choses ne s'impose point à toi comme une solution de rébus, mais comme un apaisement des litiges.....

De même il n'est point de progrès sans l'acceptation de ce qui est. Si quelque chose s'oppose à toi et te déchire laisse croître, c'est que tu prends racine et que tu mues. ....

Bien heureux ton déchirement qui te fait t'accoucher de toi même car aucune vérité ne se démontre et s'atteint dans l'évidence. Et celles qu'on te propose ne sont qu'arrangement commode et semblable aux drogues pour dormir.

Car sache que toute contradiction sans solution, tout irréparable litige, t'oblige de grandir pour l'absorber......

Et toi même, si tu veux grandir, use-toi contre les litiges, ils conduisent vers Dieu. C'est la seule route qui soit au monde. "

Les Maçons sont bien les héritiers des Alchimistes d’antan. Certains poursuivent l’or quitte à se fourvoyer comme les faux monnayeurs tel qu’un Trouin de Lisle qui abusa des Grands de ce Monde pour mourir à la Bastille le 30 janvier 1712, et d’autres, tel Fucanelli qui nous fit découvrir l’Œuvre. L’action des forces d’habitudes est bien la reconduction de Maître à Apprenti, de parents à enfants, de génération en génération. A chacun sa voie et sa vie. 



Louis Peyé 
Le 30 juin 2010.

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