vendredi 31 décembre 2010

Problème dû à l'immigration massive


SOMMAIRE

INTRODUCTION

LES PRINCIPES REPUBLICAINS

LA PLACE DE LA FEMME DANS NOTRE CULTURE

L’IMPORTANCE DE L’ÉCRIT
L’IMPORTANCE DE LA GASTRONOMIE
RAPPEL HISTORIQUE
MODE DE VIE AU MAGHREB
LA FEMME AU MAGHREB
LA GASTRONOMIE MAGHREBINE
L’IMMIGRÉ EN FRANCE
FREINS A L’ASSIMILATION
L’AMBIGÜITÉ DE LA BINATIONALITÉ
RÉUSSIR LA GREFFE
DIFFÉRENTES CATÉGORIES D’ALLOCHTONES
CONCLUSION

En écrivant ma réflexion sur l’exclusion, je donnais des règles générales qui n’éclairaient pas nécessairement le problème d’assimilation - dans le temps - des binationaux, particulièrement ceux issus du Maghreb. Nous courons vers une cohabitation sur notre sol extrêmement dangereuse et inacceptable pour notre Démocratie :
·      si les populations issues du sud de la Méditerranée ne peuvent établir des rapports de bonne intelligence avec celles vivant au nord,
·      si ces deux ethnies n’ont pas de points de repères sur les us et coutumes de l’autre.
Le Peuple français, dans son ensemble, comme tous les allochtones[1] ayant bénéficié d’une reculturation[2] réussie, craignent une dégradation sociale et civique au détriment des CS (Catégories sociales) les plus vulnérables par l’origine de leur habitus primaire[3]. Cette situation est déjà perceptible dans certaines banlieues. Elle dénonce l’incompréhension, de part et d’autre, des modes de vie. Elle annonce une saturation de cet état de chose. Nous assistons à un décrochage croissant des évolutions économiques et sociales entre les différentes CS, malgré les talents conjugués des C E F I S E M[4] et de l’Education Nationale pour réduire ce déphasage social par un habitus secondaire[5] étudié.

Ces organismes rencontrent une forte résistance de l’Ethos traditionaliste. Il semble qu’il soit vital de mettre en place des processus adaptés et spécifiques aux publics des CS dont l’habitus primaire et l’Ethos[6] sont éloignés de ceux pour lesquelles l’École d’aujourd’hui s’adapte.

Il est tout aussi essentiel que l’École réfléchisse non à l’apprentissage du Savoir mais à sa finalité quant à optimiser ses objectifs :
·      l’adaptabilité du jeune
·      sa capacité opérationnelle sur le marché du travail.
L’École doit conserver ses objectifs primaires :
·      Accorder l’accès du Savoir pour tous
·      Favoriser la consommation du culturel de tous les élèves
·      Diffuser les valeurs républicaines : les droits et devoirs de chaque citoyen
·      Susciter l’élaboration des Codes de bonne conduite.

Nous risquons, aujourd’hui, d’assister à un rejet explosif dont les conséquences psychologiques seront traumatisantes et déstabilisantes.

Si la France veut être égale à elle-même, terre d’espérance, terre d’assimilation, comme elle l’est depuis 15 siècles, elle doit relever le défi d’incorporer tous les nationaux pour en faire des citoyens français ou renier les principes de la République, ce qui ne saurait être.
On ne peut exiger de la République qu’elle phagocyte l’immigré contre son gré quelle que soit la raison de sa venue :
·      c’est de l’abus de pouvoir digne d’une autocratie, c’est du non respect de l’individu
On ne peut exiger la citoyenneté et son implication, de force ou à son insu, de la part d’un immigré si ce dernier revendique le droit à la différence et regrette qu’on lui impose la nationalité française sans qu’il soit consulté :
·      c’est contraire au principe de Liberté puisque le choix n’existe pas et que la nationalité est subie.

D’ailleurs, la France l’avait bien compris.
De 1830 à 1865, la politique algérienne oscille de la colonisation à l’assimilation. Napoléon III préféra l’autonomie locale.
Il octroya la nationalité aux autochtones dans le sénatus-consulte du 14 Juillet 1865 mais ceux-ci continuaient d’être régi par les lois musulmanes, les us et coutumes oraux tribaux. L’indigène pouvait, sous certaines conditions, être admis à la citoyenneté française et exclusivement sur sa demande.
Dans ce cas, il était régi par les lois civiles et politiques métropolitaines. Le sénatus-consulte faisait une différenciation entre nationalité et citoyenneté :
·      la France respectait la culture musulmane comme étant celle de la catégorie sociale localement dominante.

Il apparaît judicieux de disserter sur les différentes perceptions du monde des uns et des autres afin que ce passage délicat de nationalité à la citoyenneté se déroule :
·      avec un minimum de traumatisme psychologique pour l’immigré,
·      avec une meilleure compréhension du métropolitain vis à vis de l’allochtone et que s’ensuive un accueil humaniste et lucide,
·      avec une meilleure raison que celles subies, une plus grande motivation pour accepter les us et coutumes du pays d’accueil pour l’arrivant.
Il s’avère opportun de rappeler :
·      les principes républicains sur lesquels fut fondée la grandeur morale de la France,
·      la place particulière de la femme dans notre culture,
·      la place de la gastronomie qui fait aussi la fierté française.

J’expliquerai, dans la mesure de mes connaissances, la manière de vivre de ces populations, leurs coutumes par rapport aux nôtres afin que ces deux ethnies s’estiment, se comprennent, s’entraident. Elles doivent s’allier pour trouver la ou les meilleures solutions pour utiliser la citoyenneté au profit de tous.

 « Se sentir français, c’est une façon de se dire qu’on n’est pas blanc, pas chrétien, pas juif, pas noir, pas rouge, pas vert, mais que l’on est tous égaux »
E Todd.
Toute polémique concernant ces catégories sociales sur l’octroi des cartes de travail, de séjour, sur la nationalité, tout propos à caractère plus ou moins litigieux, d’arguties captieuses ne changeront rien au fait que :
·      ces allochtones ont aujourd’hui la nationalité et la citoyenneté française officiellement mais beaucoup n’en ressentent pas l’intérêt. La France devra, à plus ou moins long terme, les assimiler, les incorporer économiquement, socialement et culturellement,
·      ils devront adopter, à terme, notre mode de vie sous peine d’exclusion manu-militari, ce qui est intellectuellement et moralement inacceptable et indigne de la France.
Il est indispensable d’avoir une politique globale du style préconisé dans S A V O I R qui prenne en compte les différents critères. Une absence de politique volontariste, cohérente entraînerait, à terme, un refus, un rejet par les C.S dominantes pouvant provoquer des actes irrémédiables identiques à ceux vécus par les Pieds-Noirs en Juillet 1962 : « La valise ou le cercueil ».

Que nous le désirions ou pas, il faut raison garder, tous ceux qui ont la nationalité française sont condamnés à :  devenir citoyen français en acceptant les devoirs induits devenir filles et fils de la République ou à s’expatrier de gré ou de force (par rejet entretenu) :
Le choix qui doit être fait entre deux manières de vivre engage l’avenir. Une fois adopté, il faut profiter de ses avantages et aussi en assumer les devoirs

Savoir : Service  Action  Volontaire  Objectif  Insertion  Réalisation




[1] Allochtone : personne qui est née dans un autre pays et qui vit en France
[2] Reculturation : personne ayant été baigné dans sa prime jeunesse dans une autre culture et  qui acquiert celle du pays dans lequel elle vit.
[3] Habitus primaire : terme sociologique qui indique la catégorie socio-économique dans lequel baigne les parents
[4] organisme dépendant de l’Education nationale chargé plus spécialement des primo-arrivant (des étrangers)
[5] Habitus secondaire : la République accueillant tous ses enfants les moule à une culture identique. Ce qui revient à dire qu’avec l’habitus primaire, les parents impriment l’appartenance social de l’enfant et l’habitus secondaire imprime la culture du pays dans lequel l’enfant va évoluer. Dans le cas d’une reculturation, il y a une acquisition d’une nouvelle culture qui permet à l’enfant de se faire comprendre par son environnement, c’est à dire par toutes les catégories socio-économiques grâce à la langue commune et tout ce que cette langue véhicule.
[6] Ethos : les mœurs correspondant à la culture d’un pays



La Déclaration de Droits de l’Homme décrétée par la Convention Nationale en 1793 et acceptée par le Peuple (et signée par Louis XVI, combien le savent ?) fait partie de notre Constitution de 1958.
1 -  La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale,
2 -  Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion
3 -  Elle respecte toutes les croyances La Liberté, l’Egalité, la Fraternité sont des combats que le Peuple français livre depuis 2 siècles contre l’obscurantisme.

Il est bon de rappeler, certains événements historiques qui ont fait la République afin que ceux qui abordent notre système démocratique aient la liberté de l’adopter ou de la récuser. C’est faire preuve de respect à la notion de Liberté d’accorder à l’arrivant le choix d’un autre pays d’accueil si la France ne leur convenait pas.

Il est bon de retracer les différentes étapes de la naissance de la République.

Jusqu’en 1789, la France est une royauté de droit divin. Le Roy a droit de vie et de mort sur ses sujets, la religion catholique toute puissante EST religion d’État. Toute contestation, toute volition démocratique, d’expression sont réprimées. Pourtant, durant ce XVIIIème siècle, les idées démocratiques, véritable bouillon de conceptions, de créativité humaine, vont éclore grâce aux Philosophes. Elles annoncent l’autonomie et la responsabilité du Peuple face à lui-même. Le 14 juillet 1789, le Peuple s’émancipait. 1789, les Philosophes primaient les valeurs de Liberté, de démocratie, de tolérance, de justice, les valeurs scientifiques sur le dogme et la tradition religieuse :
-   Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen le 26 août 1789 qui sera reprise par les différentes constitutions françaises puis adoptée par la Charte de l’ONU, le 10 déc. 1948,
   
Elle développe aussi les principes de la propriété individuelle et du respect dû à autrui,
-   Abolition des privilèges,
-   Autorisation de publication.

1791 Jusqu’à cette date, seul le Clergé dispense le Savoir garant du Pouvoir.
Naissance de l’Enseignement public.
Lakanal fait adopter les lois qui le garantissent et assurent son développement.

1792 La Liberté et l’Instruction publique permettent l’unification du pays autour de sa devise et d’une chanson révolutionnaire qui deviendra l’Hymne National en 1879 - en avril 1792, « la Marseillaise » permet la levée en masse devant « La Patrie en danger »- en septembre, la Victoire de Valmy sauve la Liberté et la Démocratie.

1793 La France départagée en Diocèses, en Provinces selon un découpage hérité de la hiérarchie du Clergé est enfin unifiée avec l’abolition des octrois. La libre circulation du grain et des marchandises est garantie.

1848 Lois qui garantissent la Liberté de pensée mais il faut attendre juillet.

1881 pour avoir la garantie de la liberté d’expression.

1872 Lois Thiers.
Premier Service National obligatoire et universel pour les hommes.
On assiste aux premiers brassages de population, aux premiers cafouillages linguistiques dû aux confrontations des patois régionaux avec une langue académique toute militaire.
Toute la population apprend à marcher d’un même pas sous un même commandement : le « paille - foin », évoluant vers un « gauche - droite » puis « une - deux » enfin sur le « ut - do ».

1881/1882 Lois Ferry.
Création de l’École Primaire Laïque gratuite et obligatoire. Victor Hugo disait  « Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons » l’École laïque est l’apprentissage de la fraternité et de l’égalité. Elle gomme les différences en plaçant tous les enfants sur le même plan théorique.
1905 Séparation de l’Église et de l’État :
La République française est une des rares démocraties prônant la laïcité. Elle ne fait aucune référence à un Dieu tout en protégeant la liberté du culte de chacun.
La République demande donc la neutralité de ses fonctionnaires et respecte la croyance de chacun
La laïcité est un espace neutre qui permet aux arbitraires culturels dominés, aux diverses croyances de se tolérer, d’éviter que le citoyen soit dans l’obligation de se parjurer ou de s’apostasier pour vivre en France.

1938 Création du régime général de la Sécurité Sociale. Actuellement, tout salarié participe au prorata de ses gains à la couverture sociale de tous.

Notre République est indivisible. Elle n’admet pas :
La juxtaposition de communautés, la cohabitation de principes étrangers aux us et coutumes en usage en son sein. Elle pourvoit aux besoins d’appartenance et d’affectivité à la Nation et à l’État. Chacun doit être conscient d’opter pour la laïcité, la tolérance, l’union dans la fraternité lorsque la Liberté est en danger. Elle octroie à chaque citoyen :*la liberté d’expression dans les limites de celles du voisin (Art. 1er 6) de la Déclaration des Droit de l’Homme*l’accès du Savoir donc du Pouvoir*la possibilité d’honorer son Dieu dans la mesure où le culte n’empiète pas les lois républicaines*la possibilité à la démocratie de s’exprimer pleinement, de jouer de l’alternance arbitraire politique sans effusion de sang.

Près de 2 siècles ont été nécessaire pour garantir la paix civile, pour surmonter les crises de la Libération, de la décolonisation, des tensions internationales et, actuellement, pour essayer de restreindre la crise du chômage.
Il a fallu plus d’un siècle pour conquérir la liberté, d’être Soi, émancipé de tout arbitraire autocratique ou religieux, pour apprendre à s’en servir. Notre expérience sert de référence à tous les Peuples,

Notre Devise est notre ciment.

Pour l’arrivant venant d’une région où règne des arbitraires autocratiques ou tribaux, la liberté est un mot vide de sens. Il est nécessaire qu’il en découvre la signification.

Etre libre
·      c’est être responsable de ses paroles, de ses actes,
·      c’est être tolérant, accepter la contradiction,
·      accepter d’avoir raison mais aussi reconnaître avoir tort,
·      c’est respecter l’autre.

Respecter l’autre
·      c’est aussi, avant tout
·      respecter les us et coutumes du pays d’accueil.
Le Professeur Mohamed Arkoum rappelait lors d’une conférence, les propos du Cheikh Abbas alors Recteur de la Mosquée de Paris :
« si certains Maghrébins en France ne respectent pas les prescriptions des lois coraniques, c’est qu’ils les ignorent ».
Pour preuve, les Musulmans lettrés attribuent ce précepte « Chez quelque peuple que tu ailles, fais comme eux »
au Cheikh Admed Nat Youssef de Timizar qui fut un des chefs de la Confrérie des Rahmania.
« respecter l’autre est ne pas l’offenser par des marques ou signes contraires aux habitudes de vie façonnées par leur histoire »

·     ne pas respecter le pays d’accueil c’est renoncer :
*  à comprendre les us et coutumes de ce pays d’accueil,
*  à se conformer à ses habitudes de vie,
*  à imiter les aspects extérieurs des habitants du pays d’accueil,
*  à ne pas choquer mais chercher à provoquer

c’est donc manifester
*  une très mauvaise éducation,
*  manifester la méconnaissance de la langue arabe,
*  manifester du mépris pour sa culture d’origine,
*  manifester du dédain pour soi et les autres.

sinon c’est refuser
    d’être reconnu par la communauté d’accueil.

mais accepter le risque que l’arrivant soit perçu
*  comme décriant la culture républicaine d’accueil
*  comme refusant l’intégration, l’assimilation, l’insertion (termes au choix de Madame Gaspard (Membre du Parti Socialiste)
*  mais aussi comme désirant envahir le pays d’accueil, demander à la République de satisfaire les besoins primaires de l’individu (nourriture, éducation, santé, liberté) tout en récusant ses devoirs c’est accepter

de vivre en parasite.

Est-ce raisonnable ?


LA PLACE DE LA FEMME DANS NOTRE CULTURE
Nous sommes habitués à vivre avec une culture égalitaire entre la femme et l’homme. Qu’en pense celui dont la culture est de tradition agnative[1] ?

*  Les chansons d’amour remontent au Moyen-âge. Les troubadours, les conteurs allaient de châteaux en châteaux chanter l’hymne à la femme.

*  La Bible, déclare à maints passages son intérêt quant à la femme

*  la littérature, les contes, les poèmes de tous temps font référence à Elle,

*  aujourd’hui, tout comme au temps de Marivaux ou de Shakespeare, le théâtre met en scène la vie quotidienne.

En France, l’amour, la femme sont partout et, dans le monde, maints peuples font référence au « French lover ». La femme est, tour à tour, une muse, la mère, l’épouse, l’amante. Elle joue, avec brio, sur tous ces registres.
La Française ne se loue pas, elle se donne, elle s’offre. Qui connaît les critères de choix de notre énigmatique compagne ? Celle avec qui nous savons si bien chanter en duo, moins bien jouter : elle sait si bien nous faire souffrir lorsqu’elle ne nous aime plus. C’est elle qui décide du choix du compagnon, celui qui devient son «Seigneur et Maître». Attention, il garde ce titre tant qu’il en reste digne.

Au point de vue droit, la Femme est l’égale de l’homme

Politiquement :
*  elle a droit de vote et peut avoir une opinion politique différente de son mari,
*  elle peut avoir des responsabilités politiques : maire, député, ministre …

Socialement :
*  elle travaille comme bon lui semble, tous les postes, fonctions lui sont accessibles.

Economiquement :
*  elle peut gérer son argent et ses biens sans en référer à son époux dans le couple
*  elle a autant de droits que son compagnon pour l’éducation des enfants
*  En France, ce n’est plus le droit agnatif ni cognatif[2] qui est la règle mais le droit commun conjugal.

En France, la femme n’est pas un être à part !





[1] Tradition agnative : tradition où les hommes ont le pouvoir dans la cellule familiale et sociale
[2] tradition cognative : tradition où les femmes ont le pouvoir dans la cellule familiale et sociale







L’IMPORTANCE DE L’ÉCRIT
Un dicton populaire français résume son importance :
« Les paroles s’envolent, les écrits restent. »

Tout notre système juridique s’appuie sur l’écrit.

Le Français aime écrire. Beaucoup rêvent de passer à la postérité grâce à un livre : roman, essai, poème ...

Plus le degré du Savoir est important, plus la consommation du culturel l’est. Un licencié (Bac + 3) lit environ 1 livre par mois pour son plaisir.

Les bibliothèques regorgent de jeunes de tous âges qui recherchent des appuis pour asseoir leurs thèses.

Les émissions télévisées consacrées à la culture littéraire sont les plus anciennes et ne se démodent jamais.

Ce n’est pas par hasard si la France brille par le nombre de ses Prix Nobel de littérature. Tout homme de Pouvoir est souvent un homme de Savoir : la publication d’ouvrages en témoigne.

Imaginons notre Société sans écritures : impossible d’accomplir des spéculations abstraites sans support de l’écrit.
Comment transmettre les théories qui caractérisent la pensée humaine dans toutes ses disciplines sans les coucher sur un support, les classer puis les archiver pour les comparer, les confronter entres elles. L’évolution humaine et scientifique progresse grâce à la relativité de nos certitudes, de nos jugements quant à ce qui est possible ou non à un moment « T ».


 
L’IMPORTANCE DE LA GASTRONOMIE
Notre territoire national est composé de Régions à l’identité prononcée, au particularisme recherché. Chacune cultive sa tradition gastronomique que chaque génération améliore et perpétue. La France s’enorgueillit de cette richesse, de son potentiel culinaire. Elle accepte volontiers les savoir-faire exotiques des arrivants nouveaux citoyens :
* des Belges                 - moules frites
* des Espagnols           - paella
* des Italiens                - pasta ascuitta
* des Indochinois         - rouleaux de printemps
* des maghrébins        - merguez et couscous

Toutes ces spécialités viennent enrichir la renommée de notre gastronomie que nous exportons à travers le monde accompagnée de nos vins, de nos eaux minérales dont nous sommes à la fois les premiers producteurs mais aussi les premiers consommateurs.

 
Nous sommes tous originaires de la Méditerranée. Jusqu’au VIIème Siècle, notre histoire a été longtemps commune : Phéniciens, Grecs, Romains ont civilisé nos côtes et nos Pays.

Nos croyances, nos cultures, nos religions étaient identiques au nord comme au sud. Le berceau du Savoir, de la Civilisation se situe dans le croissant délimité par la Vallée du Nil, remonte vers le nord pour atteindre la Grèce. De là, le Savoir se propagea à l’Ouest. Saint Augustin, un des Pères de L’Église de Rome, fut évêque d’Annaba[1].

Nous nous sommes trop fréquentés pour ne pas avoir conserver des traces de l’influence «Levantine»[2].

La différenciation remarquée provient de l’interprétation que chaque peuple bordant la Méditerranée a de la Révélation : comme le démontre «Trois messages pour un seul Dieu» de Roger Arnaldez. Nous avons un humanisme semblable dispensé par trois Prophètes hors du commun au nom de la Tradition abrahamique. S’il semble y avoir convergence sur l’esprit du message, il y a un réel désaccord dans la lettre …

Elevons le débat« Rendons à César ce qui appartient à César, à Dieu ce qui appartient à Dieu »Il existe des problèmes d’hommes et seuls les hommes les résoudrons. Le mélange des genres est préjudiciable à l’ouverture d’esprit.
La culture Omeyyade, dont la branche échappée du massacre en Orient, fleurit au Maghreb, s’installa en Espagne. Cordoue devint une grande Capitale à la Civilisation rayonnante :
* Gerber d’Aurillac, futur Pape de l’an Mille, fut initié à la philosophie et aux mathématiques
* Abu Walid Muhammad ibn Ruchd médecin et commentateur d’Aristote, père de la doctrine averroïsme qui fut récusée par le Concile catholique de Latran en 1513 et par l’orthodoxie islamique du Caire.

Ibn Ruchd soutient que l’information est un concept biface :
·      acquisition de connaissance
·      pouvoir d’organisation

Ibn Arabi le « Spiritualiste » ne le comprit pas, l’Islam se détourne du Savoir : au Savoir il préféra l’autocratie basée sur la Religion.



[1] Annaba : anciennement Bône au début du XX°Siècle
[2] Levantine : qui vient du Levant avec tout ce que cela évoque tant des les échanges économiques que culturelles

Il faut attendre 1744 et Euler (Mathématicien Suisse 1707 - 1783) qui démontre une autre symétrie dans les calculs de probabilités lourde de conséquences :

 « Toute évolution est gouvernée conjointement par une cause efficiente sise dans le passé et une cause finale sise dans le futur »
En 1948, Shannon (Mathématicien US, un des fondateurs de la théorie de l’information) amène une autre symétrie en cybernétique

En 1967, Wigner (Physicien US, spécialiste des solides, Prix Nobel de physique en 1963), affirme qu’au niveau élémentaire la réversibilité soutenu par le disciple d’Aristote, Ibn Rush
acquisition des connaissances / pouvoir d’organisation
amène à concevoir une action de la pensée sur la matière
et
* Mosheh ben Maymon, disciple Juif d’Ibn Ruchd, firent beaucoup pour la propagation de la culture Arabe qui ne connut plus jamais une telle renommée depuis, sauf un bourgeonnement à la fin du XVIIIème Siècle, bien malmenée aujourd’hui.
Cordoue, phare de la Connaissance au Moyen-âge, où tous les intellectuels de toutes croyances viennent s’abreuver. Ici, convergent les Savoir venant de Chine, des Indes, de Grèce et de l’Orient Arabe. C’est dans les bibliothèques que se conservent le Savoir, que se confrontent les opinions. En Occident, c’est dans les Abbayes que le Savoir s’amasse.

Puis, au moment où la Renaissance éclôt, - teintée de culture Grecque transmis par Cordoue et Grenade - Cordoue, Grenade et son Savoir s’éteignent.

Les Musulmans qui avaient abandonné leur Savoir, dispersés en petits États‚ sont chassés d’Espagne, se replient sur le Maghreb. D’une civilisation brillante basée sur l’écrit, on passe à une civilisation de culture orale. De génération en génération, la connaissance au lieu de se pérenniser, va s’étioler.
Alors qu’en Occident, la civilisation ne s’arrête plus, les inventions, les découvertes se succèdent malgré les tentatives de blocage du Clergé qui tentait de confisquer, pour elle, le Savoir.

Pendant plusieurs Siècles, le Maghreb servira de base aux pirates mauresques venant faire le coup de main sur les côtes nord de la Méditerranée.

En 1830, Charles X débute la conquête de l’Algérie. La France pacifia le Maghreb puis, à partir de 1870, intensifia la distribution des terres en vue de leur exploitation. Des métayers des régions les plus pauvres, puis les Alsaciens et Lorrains vont former la souche de la présence européenne.

Malgré quelques tentatives, aucune assimilation d’envergure ne sera réalisable. Seuls quelques personnalités acceptant une reculturation tentèrent d’entraîner leurs coreligionnaires sans succès. Pendant toute l’occupation européenne au Maghreb, la cohabitation sera la règle. La communauté musulmane représentait la classe dominante par le nombre puisqu’ elle seule, elle atteignait 90% de la population pour un peu moins de 10% pour la communauté d’obédience chrétienne ; le reste était représenté par la communauté juive.

La présence administrative et militaire française permit l’essor économique de ces régions mais n’influença pas le mode de vie des indigènes.

Peu d’autochtones demandèrent et furent admis à la citoyenneté française. Du Sénatus Consul du 14 Juillet 1865, aux loi et ordonnance des 4 février 1919 et 7 mars 1944, la Métropole exigeait des conditions spécifiques en conformité avec les règles françaises :
*  être monogame
*  savoir lire et écrire le français,
*  avoir rendu service à la France (ce qui prouvait un réel désir d’intégration),
*  n’avoir pas été condamné et avoir une bonne moralité.
Pour l’indigène, la présence française était une occupation non seulement de militaires mais aussi d’Infidèles. Les Européens étaient désignés sous le sobriquet de «Roumi» (rappel à l’envahisseur Romain). Il endossait la nationalité sans gêne. Celle-ci était synonyme de paix, de justice et d’ordre, donc de simplification de la vie quotidienne.

C’est un acte volontaire, lourd de conséquences que de passer de la nationalité subie à la citoyenneté. Le Musulman vit selon la Tradition orale de droit coutumier. Il vit dans une communauté de forme tribale qui régit les rapports sociaux "inter-individus". Celui-ci en devenant volontairement citoyen français, répudiait son mode de rapport social régi par la loi musulmane pour adopter le système de droit civil et écrit métropolitain.

L’indigène maghrébin faisait un amalgame entre droit civil, chrétien de l’envahisseur et droit coutumier, islamique de l’occupé de l’autre.

L’autochtone qui était admis à la citoyenneté française était de fait exclu de sa communauté, considéré comme renégat ayant apostasié son Dieu !

Dès 1930, des soulèvements furent réprimés et des Tirailleurs Sénégalais stationnèrent dans le djebel jusqu’à la Libération, en Algérie.

La fronde reprit et se transforma en insurrection générale le 1er novembre 1954.
Les heurts sanglants entre communautés amenèrent l’Indépendance de l’Algérie le 1er juillet 1962. Le Maroc et la Tunisie étant indépendants depuis la fin de la décennie cinquante dans des conditions moins dramatiques. Le repli des européens fut tragiquement ressenti : plus d’un million d’enfants, de femmes, de vieillards, d’hommes transitèrent par Marseille avec une seule valise mais en vie. On ne connaîtra jamais le nombre de Français nés en Algérie qui ne purent prendre le bateau à Alger à temps. Un syndicat français ayant organisé une grève, les bateaux furent bloqués plus d’une semaine à Marseille, pendant ce temps, les Algériens poursuivaient activement tous ceux qu’ils voulaient lyncher.

 
L’autochtone vit en groupe, en autarcie. Chaque village est replié sur lui-même. Un étranger à ce village sera toujours tenu à l’écart de la communauté. Toutes les tribus, les villages vivent en conformité avec la Tradition orale, la coutume. Certaines pouvant être distinctes d’une tribu à l’autre.

L’ossature de la culture Berbère est basée sur le Coran dont ils reprennent les grandes lignes :
-   5 prières journalières,
-   Ramadan,
-   Aumônes,
-   Pour certains, voyage à la Mecque. Celui-ci est vivement conseillé à tous les Musulmans. En fait pour accéder au Paradis d’Allah, il faut que chaque Croyant aille au moins une fois à la Mecque.

L’individualisme n’existe pas, ils sont grégaires, leur économie pastorale rythmée par les fêtes religieuses, les coutumes villageoises.

*  Très peu parlent, écrivent l’Arabe donc sont capables de lire le Coran par eux-mêmes.
*  Trop peu sont qualifiés pour comprendre et disserter sur l’intérêt que présente l’École de Droit Musulman « Mâlakite », sur le courant de la Salafiyya réformateur et libéraux qui tentent de faire rattraper le retard culturel sur l’Occident.
*  Beaucoup ont entendu et défendent les thèses du théoricien Hanbalite Ibn Taïmiyya (mort en 1328) sans le connaître tout en épousant sa philosophie induite reprise par le « F.I.S. », les « Frères Musulmans » et les partis nationalistes arabes
*  Combien ont réfléchi aux thèses du Maghrébin Ibn Khaldûn (1332 - 1406) qui privilégia l’analyse sociologique et historique sur le dogmatisme islamique ?

Leurs patois sont rudimentaires, confinés par les besoins domestiques ; la connaissance et les sciences sont adaptées aux besoins immédiats de la vie quotidienne. Le temps semble avoir suspendu son vol : le fils reproduit ce que le père a appris du sien de génération en génération. La République introduisit l’École laïque obligatoire mais, après l’Indépendance, elle devenait conseillé à partir de 7 ans. au Maroc, la cellule familiale est patriarcale, de droit agnatif. L’autorité du Père est absolue. Il représente plus qu’ailleurs l’Institution. Il est le seul qui sort, voyage, commerce, à être en contact avec l’extérieur. Il a la supériorité de ceux qui savent pour l’ignorant.

Le poids de la famille s’évalue à l’importance du troupeau, au nombre de femmes et de gosses.
Plus il y a d’enfants, plus il y a de bras; c’est une obligation sociale, une marque d’honorabilité, de richesse. Le nombre d’enfants par femme était de 7,2 en 1950 en milieu rural au Maroc. (Actuellement, il serait inférieur à 5). On peut expliquer cette démographie par les faits :
·     d’assurer l’avenir,
·     d’assurer la retraite,
·     la mortalité infantile est élevée, l’hygiène moins développée qu’en Occident. Sur ses vieux jours, le Père se consacre à ses devoirs religieux. Les enfants, en prenant la relève du travail, assurent sa retraite.
 
 


   
La guerre d’Algérie cessant, la France se consacre avec bonheur à son propre développement agricole et industriel. La croissance économique est soutenue. Pour satisfaire le besoin de main d’œuvre, on fait appel, d’abord au ruraux français, puis à la main d’œuvre européenne, enfin à la main d’œuvre maghrébine, essentiellement algérienne. Il existait déjà sur notre sol, au moment de l’Indépendance, une colonie d’immigrés :
   Ceux qui avaient fui les règlements de compte algériens (les Harkis). Le mode de vie traditionaliste et l’analphabétisme des "primo-arrivants", traumatisés, les firent se regrouper dans des camps,
   Ils ne purent s’insérer,
   Ils se sentirent rejetés par leurs coreligionnaires déjà en place - ceux qui n’avaient pas trahi la Rébellion - et non acceptés par les métropolitains à cause de leur handicap psychologique.
   Ceux qui travaillaient déjà précédemment (et ceux, aussi, qui alimentaient les finances de la Rébellion algérienne).

Par l’ordonnance du 21.07.62, tous les Maghrébins résidant en France avaient la possibilité de prendre la nationalité française qui, en France, leur accordait la citoyenneté de fait, c’est à dire qu’ils acceptaient les loi du 14 Juillet 1865 et suivantes.

Peu d’Algériens sollicitèrent la nationalité : beaucoup d’entre eux ne pouvaient imaginer que leurs fils puissent saluer le drapeau qu’ils venaient de brûler et qu’ils abhorraient.

Ils conservaient, néanmoins, la libre circulation entre les deux pays.
Si peu de nouveaux métropolitains, si beaucoup d’Algériens retournèrent chez eux, nombre d’entre eux reprirent le chemin du nord après une expérience algérienne peu concluante.

L’Algérie devenue indépendante, avait expulsé tous ceux qui avaient fait l’essor du pays. Elle se retrouvait avec une économie exsangue.
La France, pays laïque, tolérait la pratique de l’Islam dans la mesure où celle-ci ne perturbait pas l’économie de l’entreprise.
L’industrie fonctionnait selon le modèle du taylorisme, ce qui économisait une formation professionnelle qualifiante.

L’Algérie ne découragea pas l’exode. Celle-ci alimentait l’économie algérienne de plus d’un milliard de francs par an dans les années soixante (près de 4 milliards de francs d’aujourd’hui). Au cours de change clandestin, le Franc prenait une plus value de 300% sur le cours officiel. Il était tentant de s’expatrier momentanément. Comme le dit Ahcène Zaharoui
« Le retour est le fondement même du projet de départ. Pour lui même et sa communauté d’origine, l’exil n’a de signification que si elle permet le retour »

Un Berbère doit avoir une raison impérative pour quitter son village. L’économie en est une. Pourtant l’exil est très mal vécu au départ :
*  il part seul, pendant plusieurs mois, loin des siens, dans le pays de l’Infidèle,

*  il part dans un pays dont il a combattu, par les armes, les habitants,

*  il a peur de rencontrer un de ses anciens ennemis, d’être reconnu.
Lui se rappelle des exactions commises pendant la guerre de Libération, ainsi que de la période post-libération où beaucoup de ses coreligionnaires ont fui, leur village individuellement pour trahison envers les leurs.
La communauté du village désigne celui qui a le plus d’aptitudes pour relever le défi, il n’est pas mince. Il doit, par son travail à l’étranger :
     contribuer au remboursement des dettes de la tribu,
     rehausser son statut social par la possibilité d’acheter un troupeau d’ovins, une paire de bœufs, ou un commerce mais surtout posséder une voiture qui est la marque extérieure de richesse, de respectabilité, de modèle à suivre par les autres membres de la tribu, qui est la consécration.

Pour celui qui est désigné pour l’exil, tout le village procède à la veillée, à la préparation cérémonielle du départ.

Pendant son absence, la part de l’émigré est décomptée comme s’il était toujours présent. Sa famille lui préserve toujours son dû - surtout la viande. Cette part est réservée aux hôtes de passage, nécessiteux ou religieux, c’est la part d’Allah !
A chaque prière, la famille communie à distance avec l’absent dont on souhaite le retour. La mère, la sœur ne manquent pas de confectionner des gâteaux, de la viande séchée et salée qu’elles expédient à l’absent. Cette « odeur du pays » est un moyen de lui rappeler les siens et sa tribu qui l’attendent. Le Djema’a (sorcier local) procède à des « appels » solennels et effectue des simulacres de retour de l’exilé. Ces différents actes magiques ont pour but d’accélérer le retour définitif au Village.

En France, l’expatrier va vivre chichement. Le logement, étant provisoire, sera le moins cher possible. Il travaille dur, thésaurise énormément. Le regard de l’Infidèle lui importe peu, s’il travaille chez l’ex.- Roumi, il ne vit pas chez lui.

La France, en 1969, va lui imposer une carte de séjour. Ne voulant pas prendre le risque, au retour de vacances, d’être refoulé ou d’être interdit d’émigration par son pays d’origine, l’exilé se voit contraint de rester en France. Il en résulte alors une coupure avec sa communauté d’origine, sa famille.

Jusqu’en 1974, la majorité retournera dans son pays, dans son village, la tête haute, le portefeuille plein.

En 1974, les allers-retours entre la France et l’Algérie sont suspendus. Pour entrer en France, il faut un contrat de travail. Ce qui oblige l’allochtone à posséder deux titres : une carte de travail et une carte de séjour.

Le 1er Juillet 1975, devant les problèmes humains et psychologiques supportés par les allochtones, la France accorde le regroupement familial dans la mesure où l’émigré respecte la loi française et se comporte en hôte correct. L’étranger se doit d’adhérer à un système de normes et d’usages en vigueur dans le pays d’accueil. Le regroupement social et familial a pour but de faciliter l’insertion des étrangers qui travaillent régulièrement sur le territoire français. Cette mesure devrait être une incitation puissante à l’intégration. On estime à un peu moins de 325 000 personnes pour 167 671 familles qui, entre 1972 et 1974, bénéficièrent de cette mesure. (Peu de familles ont des enfants)

En rétorsion, dans sa Charte Nationale de 1976 (Titre V. 5-5) l’Algérie inscrit le retour d’exil de ses enfants d’une manière définitive. Les Cadres de l’Amicale des Algériens d’Europe dans sa VIIème Conférence, insiste sur la planification de leur réinsertion. Pour ceux qui reviennent définitivement au Pays, ils sont prioritaires sur l’octroi d’un terrain pour bâtir leur maison. En 1977, le Secrétariat d’État chargé des Immigrés craint un afflux incontrôlable d’étrangers et de ne pouvoir apporter de solutions humaines à leur insertion à cause d’une trop grande hétérogénéité sociale et culturelle. Il préconise la stabilisation du flux migratoire par, par exemple, l’institution d’une aide au retour avec un dispositif de formation qualifiante professionnelle. Les maghrébins ressentent cette incitation comme un affront. En 1984, néanmoins cette aide fut reconduite avec une prime au départ atteignant 90 à 120 000 FRF. Cela n’empêcha pas la population maghrébine d’augmenter. Début 1982, l’INSEE comptabilisait 1 454 634 étrangers d’origine maghrébine, non comptabilisés ceux ayant la nationalité française, notamment par le Droit au sol, ni, bien sûr, les clandestins.

En France, bien que la vie de l’émigré soit dure, il gagne mieux sa vie que dans son pays. Il vit aussi dans un État de droit, donc en sécurité. Comme tout travailleur, il bénéficie des allocations familiales, d’une médecine performante, d’une École laïque gratuite réputée la meilleure du monde, de la Sécurité Sociale.

*  Depuis la loi du 28 octobre 1982, l’immigré peut -être éligible au Comité d’Entreprise ou comme représentant syndicale dans son entreprise sans obligation de comprendre le français.

*  le 1er décembre 1982, ils peuvent être électeurs et éligibles au Conseil d’Administration de la Sécurité Sociale, même s’ils ignorent la langue française, enfin électeur au conseil des prud’hommes

La France, fidèle au principe d’égalité des chances, met à la disposition de tous, étrangers et nationaux, les mêmes chances de réussites.

La France, terre du Roumi, de l’Infidèle est quand même une terre où la qualité de vie n’a rien de comparable avec la terre des Ancêtres berbères. Ainsi, petit à petit, le Père voit grandir sa famille. Ses enfants s’instruisent, alors que lui est et reste analphabète. La Société lui garantit sa retraite et la pratique de son Culte.

Traditionnellement, le musulman en exil, comme dans beaucoup de peuple, rapatrie le corps du défunt lorsque celui-ci décédé en terre étrangère. Le corps doit être enseveli en terre Sainte, dans le village de naissance, au milieu des siens.

Nombre de "primo-arrivants"[1], puis d’autres meurent et sont mis en terre française. Se faisant, ils deviennent de nouvelles racines, de nouvelles boutures, pour les générations futures

Comment retourner au Pays, oui mais comment ?

*  revenir la tête haute lorsqu’un des siens a trébuché et est allé en prison : le reproche des Anciens est insupportable :
« tu n’as pas su protéger les tiens de la débauche des Infidèles, tu n’as pas su lui apprendre les principes de l’Islam ?

*  oui mais comment se présenter devant la communauté restée au Pays lorsque ayant acquis la nationalité de l’ancien occupant, Infidèle de surcroît ? La tribu le nomme « intruzin », c’est à dire apostat, il est devenu un renégat !

*  oui mais comment aller mourir au Pays auprès de ceux qu’ils ont trahis ?
Pour ceux-là, du fait qu’ils n’envoient plus d’argent à la communauté, ils sont devenus « mtorne », c’est à dire retournés, ils vivent selon les coutumes françaises. Ils ont perdu la considération de la Tribu. Ils sont devenus des parias. La Tribu les rejette. Ils se sont exclus eux-mêmes.

*  oui mais comment aller mourir seul au Pays, loin de ceux qui vous prolongent en France ?

*  oui mais comment repartir au Pays lorsque les enfants s’instruisent et veulent rester en France ?

*  oui mais comment repartir au Pays lorsque les biens de consommation et la nourriture sont abondants et peu onéreux aux pays des Infidèles ?

*  oui mais comment repartir lorsqu’on a goûté à la Liberté et que les droits individuels sont garantis ?

*  oui mais comment apprécier son Pays d’origine lorsqu’on a goûté à la démocratie et que les enfants votent ?

*  oui mais comment prendre sa retraite au Pays lorsqu’aujourd’hui, la disparité des changes est devenue défavorable au FRF, anéantissant les économies ?

Insensiblement, le centre d’intérêt qui, dans les années 60 était le Maghreb, se déplace sur la France :

*  les "primo-arrivants" vivaient dans des gourbis, aujourd’hui, ils habitent des appartements qu’ils décorent avec goût, à l’orientale.

*  l’exilé s’installe, certains achètent leur appartement marquant ainsi leur nouveau territoire.

*  l’immigré investit dans un commerce, dans l’artisanat. Quelques uns de leurs enfants ont accepté une reculturation qui leur a donné des statuts de cadres, de professions libérales. Le décrochage entre les manières de vivre de l’exilé d’hier et le Musulman resté au Pays est si important que maintenant il lui est impossible de se réadapter à la vie de droit oral et de tradition coutumière toujours en usage au sud de la Méditerranée.

Quant aux jeunes, particulièrement les filles, ils se refusent à retourner vivre au Pays des parents.
Le décalage est si impressionnant actuellement entre les modes de vie et de pensée des maghrébins vivant de part et d’autre de la Méditerranée que certains jeunes, au retour d’un séjour, ont cette réflexion :
« chaque fois que je vais au bled, j’ai l’impression de vivre cinquante ans en arrière, de reculer »




[1] Primo-arrivant : est celui qui arrive pour la première fois sur le sol Français en vu de s’y établir d’une manière légale



LA FEMME AU MAGHREB
La norme du mariage est l’endogamie[1]. Le Père, à la naissance d’un nouveau né, convient avec un coreligionnaire, du choix du futur conjoint.

La femme berbère a, pendant longtemps, été écartée de la dévolue successorale et peut être répudiée facilement.

Les considérations de l’homme pour la femme peuvent être très profondes mais la soumission, pour l’extérieur, est la règle.

Encore, aujourd’hui, le Grand Cheikh de la Mosquée Al-Azhar au Caire proclame :
« Les filles qui ne sont pas excisées dans leur jeunesse ont un tempérament chaud »
cite l'Express du 27 avril 1995.

La femme reste confinée dans sa maison et s’occupe des tâches ménagères. En cas de vacance du mari, le frère, le père ou le cousin veille à la bonne moralité de l’esseulée. Si, cette vacance est brève, c’est le fils - s’il est grand - qui ouvrira la porte, la mère se réfugiant dans l’endroit le plus secret de la maison, toujours à l’abri de l’étranger. Les démonstrations affectives sont prohibées en public. La femme enceinte doit éviter de se montrer : elle est, pendant cette période, impure … L’homme ne doit pas émettre un regard sur ses rondeurs créatives, encore moins faire référence à son état.

Par contre lors du mariage, les femmes, après avoir préparer la fête, vont s’en donner à cœur joie, entre elles et séparées du groupe des hommes qu’elles servent d’abord et qu’elles iront chercher pour danser. C’est un concert de rires, de joie, de musique, de danses, de youyous. Elles déploient une féerie de couleurs, de tissus, elles changent plusieurs fois de robes de fêtes. Quant à la mariée, 7 fois changera sa robe de cérémonie pour répondre à la Tradition : la symbolique est alors respectée.

Le Musulman peut prendre femme parmi les Juives ou les Chrétiennes.
(Normalement l’épouse fait partie du village, sinon on ira dans le village voisin mais à défaut …)
Le mariage est licite (Coran II, 221 - Sourate V verset 5).
Par contre, la femme musulmane, elle, ne peut prendre pour époux un Infidèle[2] à moins qu’il ne se convertisse.
(Selon la Tradition orale et coutumière que les Musulmans attribuent volontiers au Prophète Mahomet).Une autre Tradition recommande à l’homme d’épouser une femme non pour sa beauté ou son intelligence mais pour sa foi et sa vertu sous peine d’encourir à la malédiction divine
(note au verset 221 du Saint Coran de Hamidullah).




[1] endogamie : obligation qu’on les membres de certaines tribus de contracter mariage à l’intérieur de leur tribu.
[2] Pour la personne de religion musulmane, l’infidèle est celui qui adore un autre Dieu que le sien.



LA GASTRONOMIE MAGHREBINE
Dans les recettes culinaires, ne figurent en principe, que des viandes blanches :
galliformes lagomorphes ovins et caprins mais aussi caméléïdés.

Tous ces animaux, pour être consommés, doivent être immolés. L’élevage des animaux aux sabots fendus n’est que pour le lait et rarement pour la consommation.

Pourtant, à aucun moment, le Coran ne menace d’anathème la consommation d’alcool ou de porc, il en déconseille simplement l’ingestion.

Le Coran (II - 173) pardonne celui qui mangerait de la viande non immolée voire du porc signale en arabe le commentateur du «Rissola»
(Epître sur les éléments du dogme de la loi de l’Islam selon le rite Mâlakite de Ibn Abi Zayd Al-Qayrawani)
On peut, tout autant, ingérer sans inconvénient les aliments habituels des Gens du Livre. (Juifs et Chrétiens)

Peut paraître choquante la façon de manger traditionnelle de tous les Musulmans : avec les doigts.
Le plat, commun à tous les convives, est situé au centre du cercle d’hommes, assis en tailleur. L’observateur attentif aura remarqué les ablutions rituelles des mains que les Fidèles font avant de manger. La raison remonte à l’Avènement de l’Islam. Le Prophète, figure charismatique spirituelle et temporelle avait pour habitude de rassembler ses guerriers ainsi pendant le repas.
Cette façon coutumière de se sustenter provient aussi que l’ordinaire se compose souvent d’olives et de dattes, restreignant de ce fait, l’usage de la vaisselle.

NOTA BENE :
De tout temps, en tout lieu, l’homme a consommé du porc, particulièrement an Asie où il est une des sources principales en apport protéique. Ici comme là, le porc est porteur de parasites et pourtant son ingestion est sans dommage pour la santé des consommateurs sous n’importe quel climat.

Pourquoi alors cette mise à l’index de cet aliment carné le plus prisé puisque le plus facile à se procurer grâce à son élevage rustique ?

L’anthropologie culturelle nous donne une réponse :
Le porc est le seul animal aux sabots fendus, connu des peuplades nomades, qui ne soit pas un ruminant. Il se classe donc, pour les Savants musulmans du VIIème Siècle, parmi les animaux manqués de la Création, donc impure à la consommation.
Cette position est-elle toujours défendable ?

En 1950, Abraham MASLOW, nous apprenait que l’homme avait un besoin d’appartenance à un groupe, impérieux à satisfaire, pour conserver son équilibre psychique.
Est-ce une autre réponse ?




     



     FREINS A L’ASSIMILATION
    La diachronique[1] prévisible d’un individu est la résultante de l’action continue des facteurs constituants l’Habitus primaire et de l’Ethos. Ici, ces facteurs familiaux et la trop lente métamorphose des mœurs exercent sur son comportement une causalité structurale inconsciente qui est source d’exclusion :
*  culture traditionnelle à forte connotation religieuse. Celle-ci, dans les familles, passe avant les principes républicains de la France.

*  analphabétisation ou simples rudiments de la langue du pays d’accueil mais aussi de la langue arabe littéraire

   Cette situation de diglossie[2] handicape fortement ces enfants par rapport aux Français d’origine Ils entrent à l’École en ayant, dès le départ, non un esprit inculcable[3] mais, hélas, une déformation de langage préjudiciable qu’il faut reculturer. Nombre de jeunes enfants doivent être suivis par un orthophoniste.
*  manque de racines culturelles, de références (écrit, peinture, sculpture, théâtre). Le Musulman se réfère à la langue arabe alors que très peu sont capables de la lire, de la comprendre, de la commenter. L’arabe littéraire s’apprenant essentiellement dans le Coran, très peu sont capable de comparer l’Islam aux autres Religions de tradition abrahamique ou d’Asie.

    La grande préoccupation des intellectuels algériens est la recherche de racines au travers de l’archéologie. Toute référence culturelle visuelle est absente, au niveau populaire, ne reste que la référence auditive à laquelle ils sont sensibles et par laquelle ils sont capables d’innover (le « Rai »).
   Nous sommes en présence «d’aveugles» au sens psychologique du terme. Ces personnes montre, par contre,  une grande faculté du type « auditif » :

*  il y a un déphasage de la catégorie sociale d’appartenance par rapport :
   aux catégories sociales vivant au Maghreb
-   en France, ils ont un minimum d’instruction
(présence à l’École à partir de 3 ans et suivent les cours au moins jusqu’à 16 ans)
-   ici, certains possèdent une qualification professionnelle, voire de Niveau III ou plus, pour ceux ayant accepté et supporté la reculturation française, ce que, pour beaucoup d’entre eux, ils n’auraient pu espérer dans leur Pays d’origine.
-   ici, ils ont une sécurité de vie : ils habitent un état de droit
-  ici, ils se sentent supérieurs aux catégories sociales de leur pays d’origine, ils font partie des CS supérieures même pour les plus humbles, économiquement parlant.

   aux catégories sociales métropolitaines
-    mais ici, pour beaucoup d’entre eux, ils restent, voire redeviennent, des exclus en puissance du fait de notre mutation économique profonde qu’ils ne savent pas et donc ne peuvent pour la majorité intégrer.
Malheureusement, ne pouvant l’admettre, ils font appel au système d’entraide, aux petits boulots mais surtout ils se réfugient derrière une fatalité bien confortable pour certains : « Allah le veut »
*  La Tradition agnatique La femme ne peut rien faire que subir le joug traditionnel où elle ne sent «libre» que dans la cellule familiale. Pourtant, nous remarquons que les Musulmans ayant épousé une Infidèle ont des enfants plus éveillés que ceux dont les 2 parents sont issus du Maghreb.

  L’Européenne, même la plus humble a une culture inconsciente syncrétique et
  répond aux sollicitations. L’enfant est moins perdu, ses goûts plus éclectiques, il fait des comparaisons. L’enfant peut prendre la quintessence des deux origines.
  Si la femme maghrébine, citoyenne française, acceptait d’épouser un Européen, elle doublerait vraisemblablement les chances d’insertion de leurs enfants.

*  Les Maghrébins, dans leur ensemble, restent sensible à l’identification inconsciente de la représentation de l’image paradigmatique[4] de l’expérience de Rosenthal. Au travers elle, ils projettent «l’image de Soi» qui, aujourd’hui, leur sert d’alibi. Peu profite de la qualité, de la diversité de l’Enseignement et des orientations professionnelles du pays accueil. NOTA BENE : Nous assistons néanmoins à une naissance d’une culture littéraire et cinématographique. Les auteurs ont été d’abord immergés dans le constructum[5] linguistique, acquis la complexité de la structure syntaxique d’une langue européenne, qu’ils ont appliqué ensuite à leur Art pour la plupart.

   La Nahda (Renaissance Arabe) remonte à la Conquête de l’Egypte par Bonaparte en 1798, soit 5 ans après la Déclaration des Droits de l’homme, après la naissance de la Démocratie.
A partir de cette période, apparaît une élite intellectuelle, libérale, occidentalisée. Fascinée par l’Europe, elle inaugure l’Ijtihâd (effort de rénovation de la Sharî’a - la loi Divine du Coran - et de la conciliation entre l’éthique coranique et les exigences de la modernité).
Deux penseurs contribuent à alimenter ce renouveau :* Mohamed Abdoh qui plaide l’autonomisation des pouvoirs politiques* Le cheikh’ Ali ‘Abdel Râziq qui démontre que la notion de Califat (pourvoir spirituel et temporel exercé par un souverain) n’a aucun fondement dans la Révélation du Prophète.

    

[1] diachronie : évolution des faits dans le temps
[2] diglossie : état d’une personne qui parle deux langues de niveaux socioculturel différents, par exemple patois à la maison et langue littéraire à l’école.
[3] Inculcable : qui a déjà par son habitus primaire, un terrain favorable à l’apprentissage de la culture environnante
[4] image paradigmatique de l’expérience de Rosenthal : Rosenthal a prouvé par ses travaux que l’individu prend en référence une image forte de son environnement de sa catégorie socioculturelle qu’il va décliner à l’infinie. Cette image est recherchée par les chefs de projets afin de mieux vendre leurs produits auprès d’une catégorie d’acheteurs ciblée.
[5] Constructum : modèle linguistique –grammaire, conjugaison et syntaxe d’une langue codifiée.


L’AMBIGÜITÉ DE LA BINATIONALITÉ
(POUR LES ALGÉRIENS EN PARTICULIER)
LES RISQUES D’AMBIVALENCE

Le malaise ressenti entre les deux ethnies où l’une déclare le droit au sol, l’autre conteste et fait de la propagande sur la culture des Ancêtres, fait que, au moment du choix, l’individu est confronté aux mêmes problèmes qu’un enfant dont les parents divorcent.

Le traumatisme est aggravé lorsque chacun des parents revendique son bon droit et demande à l’enfant de JUGER. Sur quels fondements, droit, morale peut-il appuyer sa raison, son pouvoir ?

*on sait que psychologiquement,
en cas de mésentente, l’enfant tend à porter secours au parent qui lui
paraît le plus vulnérable, le plus faible.*on sait que quand les adultes
n’ont pas préparé l’enfant à la vision des adultes, quand ils ne le
déculpabilisent pas en expliquant que cette séparation est un choix
d’adulte quand ils demandent à l’enfant d’être JUGE du choix émotionnel
des parents, celui-ci accomplit, ce que les psychologues appellent «Un
inceste» - (ici symbolique mais pernicieux)

*on sait aussi qu’une reculturation violée
 condamne à une réévaluation de l’autorité paternelle avec des
 reniements ou des refoulements ou encore des accommodements dont
 les conséquences entravent l’intégration à la culture Occidentale ou la
 réintégration à la culture Maghrébine.

*on sait aussi, travaillant sur l’exclusion,
que nous retrouvons les mêmes causes, produisant les mêmes effets. Ce
public dénonce :
·      le poids du clan familial
·      la tradition tutélaire du pays d’origine
·      l’échec scolaire
·      la France et son racisme
·      le chômage qui les touche en priorité
·      L’Algérie qui ne les comprend pas et les rejette en tant que
      fils d’intruzin .

Ils souffrent d’une crise d’identité, d’anomie[1]. Abdelmalek Sayad les nomme
«Les "enfants illégitimes" puisque eux- mêmes se définissent enfants de nulle
part.

*on sait aussi que,
quand le Père (symbole institutionnel) tout puissant dans la Tradition de
type agnatif perd la face, il ne reste rien d’autre à l’enfant que la révolte.

*on ne peut se représenter,
en France le vécu de ces filles, de ces femmes, de ces hommes. Ils doivent,
à un moment donné, prendre une décision lourde de conséquences et
malaisée à assumer sans préparation.
- le chômeur européen apprend à faire ses «deuils», à se réorienter. Il est autonome, plus libre de ses mouvements, de sa famille
- le Maghrébin, lui, commet un « parricide » symbolique à degrés multiples. Comment transgresser les interdits - le Père, la Religion - avec le chômage puisqu’ils deviennent des refuges ?

Les différentes Conférences des Cadres de l’Amicale des Algériens en Europe
font référence à cette double culture et exhortent les jeunes à ne pas oublier la
culture Traditionaliste berbère et le droit coutumier en vigueur au Maghreb.

Je cite :

*  VIIème Conférence de décembre 1974 :
« Pour les adultes la tache d’alphabétisation à laquelle les enseignants français sont prêts à s’employer à fond, ne doit pas imposer une intégration des Algériens à une collectivité nationale qui n’est pas la leur. »

*  l’Actualité de l’Emigration daté du 27 mai 1987 :
il faut que nos jeunes sachent bien qu’ils sont Algériens à part entière..
*  l’Actualité de l’Emigration du 13 avril 1988 :
L’Algérie reconnaît donc le fait que ses enfants issus de l’immigration puissent être Français, mais ils doivent rester en même temps à la disposition du pays d’origine et qu’ils n’en perdent pas la citoyenneté. Cette vision favorise le refuge au Maghreb, en cas de non acceptation des lois françaises (fréquent lors du divorce entre une européenne et un Français d’origine algérienne dont la garde des enfants est accordée par la Justice française à la mère)

Laisser cette ambivalence se manifester du côté du pays d’origine sur la
deuxième voire troisième génération sans réaction, n’aide pas à la fixation des
populations allochtones dans notre Pays d’autant, qu’à leur grande majorité, ils
ne veulent plus retourner au Pays des grands-parents, voire arrières grands
parents.

Nous pourrions rire de ce qui précède : ils ne savent pas lire peut-on penser.
Aujourd’hui, les paraboles suppléent à la lecture et aux choix des propagandes
télévisuelles qui arrivent de tous les Pays musulmans parfois très islamisés et
anti-occidentaux. Dans cette guerre des ondes que se livrent les médias au
dessus de la Méditerranée il y a un «air de liberté» (?) Les Maghrébins
binationaux qui sont au nord se sentent en sécurité bien qu’ils soient, ici, pour
beaucoup d’entre eux, dans des catégories sociales en voie de marginalisation.

Ils sont en attente

*  satisfaits mais malheureux, spectateurs passifs devant les événements extérieurs.

*  perplexes devant les discours et les actes politiques depuis 15 ans en France :
Faire le deuil de leur culture pour adopter la notre ou retourner là-bas au Pays.1980, Le maire communiste de Vitry sur Seine s’attaque à un foyer d’immigrés aux commandes d’un bulldozer pour les en expulser en plein hiver.

Celui de Montigny les Cormeilles, s’adonne à la délation d’une famille marocaine qu’il accuse de trafic de drogue,

1982, Gaston Deferre, Ministre de l’intérieur, laisse entendre qu’il a procédé à plus d’expulsions que le Gouvernement procède. Il fait même un lien entre immigration et délinquance lors de la campagne électorale des municipales à Marseille.

Le rapport Hannoun joue sur l’étymologie des mots « intégration », « insertion », « assimilation », comme étant le préambule à toute action en faveur de ces allochtones voulant, ou pas, épouser la France.
Madame F. Gaspard, parlementaire se contente de philosopher sur la sémantique.

   Byzance s’est déplacé à Paris.

Juliette Minces (pourtant cette personnalité n’hésite pas à écrire de superbes articles dans la revue édité par le F.A.S.)[2] pense en 1986, que les Maghrébins sont des gens qui ne peuvent habiter un logement HLM ‑ espace organisé ‑ à l’avance, puisqu’ils sont transplantés depuis un habitat rural ou des bidonvilles.

L’association «SOS raciste» n’a pas relevé, à ma connaissance.

Bruno Etienne, arabophile expert auprès du Président Mitterrand, lance une phrase malheureuse en 1989, mal ressentie par les jeunes qui cherchent à se fondre dans la communauté française « Je propose de les nommer Béni - Gavroches puisque, désormais, le terme Beur a vécu »
Même le syndicat C F D T qui pousse le Gouvernement à la régularisation des clandestins et qui, devant l’ampleur pléthorique de l’afflux, s’émeut. Pourtant, en mai 1996 un rapport, usant de sources policières, estime à 800 000 irréguliers résidant en France. Les Africains en situation irrégulière, pour éviter la conduite aux frontières, prétendent demeurer dans un foyer appartenant à la SNCF. Ce que confirme immédiatement et systématiquement un comité mis en place par ce même syndicat.

Cette ambivalence entre le discours et l’acte provoque des réactions qui
enténèbrent la recherche de solutions pragmatiques tant sociales, culturelles
qu’économiques.
Les relations affectives, les cultures qui s’opposent, déstabilisent, culpabilisent
et occasionnent des crises d’identité.

*  une culture ici se radicalise :
Elle est faite de certitudes simples auxquelles on obéit sans se poser de questions.
C’est le règne de l’arbitraire autoritaire représente par une autocratie qui s’appuie sur la Religion. C’est l’espace du fatalisme, du déterminisme et pour certains ira jusqu’au fanatisme.

*  une culture qui là évolue :
C’est la démocratie où l’intelligence, la réflexion, le doute font progresser le Savoir et les solutions possibles à un moment «T».

Comment peuvent réagir ces individus entre contradiction ambiguë et
ambivalence. Quand ayant dépassé intellectuellement les parents ils n’osent
transgresser l’interdit. Ils s’enferment sur eux-mêmes, ils deviennent le fonds
de commerce inépuisable pour de multiples associations et organismes.

Le FAS (Fonds Actions Social mis en place par le Général de Gaulle avait pour but de faciliter l’intégration des ressortissants d’Algérie désirant faire souche en France) :
créé et subventionné à 98% par les Allocations Familiales,
en 1959 subventionne 28 associations avec un budget de       10 M F,
en 1989, grâce du décret du 18.01.1983
elle subventionne 3000 associations pour un budget de      1 230 M F
en 1995 le budget est de                                                      1 094 M F


 

[1] Anomie : absence ou désintégration des normes sociales
[2] F.A.S : Fonds d’action sociale


RÉUSSIR LA GREFFE
Il est certain, qu’aujourd’hui, il faut découvrir des axes d’interventions permettant à ce public spécifique d’épouser les valeurs communes de tous les Français.

Cela oblige concertation et pragmatisme. Le nombre de personnes vivant au niveau du seuil de pauvreté avoisine les 5 millions d’habitants.

Il est toujours séduisant de drainer la manne des stages parkings vers des buts peu louables.

Il est tentant de faire de la récupération politique et financière sur le dos de la philosophie humaniste.

Il faut raison garder, la victime de l’exclusion n’est pas celui qui a la meilleure rhétorique sur le sujet mais bien celui qui se détourne des mirages du pays d’accueil et qui retourne son emportement contre lui.

Il est nécessaire d’avoir une politique claire

Ensuite savoir si ce public :
A le désir, la volonté de devenir Français par la nationalité mais aussi d’accepter les contraintes de la citoyenneté ?

Est prêt à s’investir pour acquérir l’autonomie d’un agent économique actif et responsable dans sa nouvelle patrie ?

Est prêt à reconnaître et accepter l’émancipation de la femme maghrébine qui est reconnue à toutes ses consœurs des autres religions ou pensées philosophiques ?

Est prêt à avoir un comportement extérieur lui permettant de se fondre dans l’anonymat de la foule des magasins et autres lieux publics ?

A la volonté d’apprendre :
*  le français,
*  à accomplir les actes publics de tous les jours, seul,
*  à apprendre et comprendre les règles et codes qui harmonisent les rapports sociaux en usage au nord de la Méditerranée.

Est prêt à agréer les valeurs républicaines qui sont le ciment de tous, dans lesquelles chaque Français assouvit son besoin d’appartenance à un peuple plus que millénaire, étanche sa soif d’être aimé et estimé au milieu des siens.
Faut-il rappeler que le Français s’expatrie difficilement et rarement sans motif professionnel ?

Les Institutionnels ont le Pouvoir de la Politique de reculturation de ce public. La méthodologie décrite dans S A V O I R mentionne des réponses possibles au comment.
Mais toute tentative de reculturer ce public est vouée à l’échec s’il ne s’implique pas volontairement dans le processus.

Il faut changer de stratégie, ces deux dernières décades ayant accouché -- à part quelques trop rares exceptions - d’une acculturation menant aux incompréhensions, ressentiments, rejets xénophobes et gâchis financiers, sociaux, médicaux, culturels.

Une frange d’allochtones, de nationalité française, pour des raisons personnelles non discutables peut vouloir garder sa spécificité traditionaliste. Ayant, souvent, la double nationalité et aussi la double citoyenneté, un langage sans ambiguïté peut éclairer les versatiles et les aider à prendre un choix clair et avantageux pour chaque partie.

 
Il faut classer les allochtones en 4 grandes catégories :

A   les clandestins : Il n’y a rien à dire, ils n’existent pas par définition.....
Sauf lorsque l’État Français promet l’impunité et la nationalité.....
Le rapport, usant de sources policières, estime qu’il y a 800 000 irréguliers de toutes nationalités en France (source « le Point du 18 mai 1996 »)

B   les parasites
1°- ils sont de nationalité française grâce au droit au sol. On leur a tout donné sans qu’ils aient besoin de le demander. Tout leur est du et ils exigent la reconnaissance des Français d’être des leurs.

2°- ils ne font pas partie de la collectivité française. Ils restent fidèles à leur communauté et à son mode de vie. Ils sont pour le droit à la différence, pour la cohabitation.
Dès qu’ils redoivent la désapprobation d’un «Cul blanc», ils crient au racisme !

3°- ce qu’ils désirent, c’est reproduire sur le sol d’accueil, le mode de vie de la tribu des ancêtres. Ils colonisent un bâtiment, une rue, un quartier où seule la loi du clan prévaut sur les règles républicaines.

4°- ils font tout pour faire l’amalgame entre les différentes catégories d’allochtones. Ils construisent une image d’eux même négative qui rejaillit sur l’ensemble. Ils ont un esprit de revanche, sur l’ex- colonisateur et savent particulièrement jouer avec l’État de droit français qu’ils ne respectent pas pour eux et usent de nos sentiments humanistes lorsque l’État français utilise leur conception pour les réprimander «c’est scandaleux de voir cela dans la Patrie des Droits de l’Homme» disent-ils volontiers.

C   les exilés, les résidents,
Tous ceux qui, pour des raisons légitimes, préfèrent vivre dans notre Pays plutôt que dans le leur, momentanément.

1°- ils respectent la culture française, les us et coutumes, en assimilent la langue.

2°- ils font partie de la collectivité nationale, et à ce titre, acceptent les devoirs économiques (impôts), les droits (les allocations familiales). Ils ont une attitude responsable, ils égalisent les flux entre participations individuelles et retours collectifs.

3°- ils ont une attitude de neutralité quant à la démocratie française et ne viennent pas perturber celles et ceux qui bien que de même origine qu’eux, n’ont pas les mêmes visions de l’avenir.

D   les francophiles
ou plutôt ceux qui retrouvent dans les PRINCIPES de la RÉPUBLIQUE LAÏQUE veulent être et se sentent Français
1°- ont fait le deuil de leur passé - sans renoncer à leur culture, à leur croyance -

2°- se tournent résolument vers l’avenir et marche dans la même direction que le pays d’accueil. Ils sont résolument francophiles.

3°- lorsqu’ils ont la nationalité, ils sont aussi des citoyens et participent à l’interrogation des suffrages républicains.

 
Devant ces 4 grandes catégories d’immigrés, les deux derniers méritent notre considération.
Des solutions de cohabitation harmonieuse sont possibles pour la troisième et des solutions d’assimilation existent pour la quatrième. La méthodologie est explicite dans S.A.V.O.I.R.

Pour les deux autres, il appartient à l’État de mettre des mesures en œuvre afin que le rejet exprimé lors de la campagne Présidentielle 95 ne soit pas mis en application par la population lors de manifestations incontrôlables. Il n’est de secret pour personne que des groupuscules recherchent cet état insurrectionnel.

Nous sommes en 1996, il y a 34 ans que la page historique des Accords d’Evian est tournée. La décolonisation est un souvenir. Aujourd’hui, existent des États avec, pour chacun, des visions particulières de voir le monde. La France a pour principe d’accueillir les allochtones avec des modalités particulières négociées avec leur Pays d’origine. Les individus doivent respecter les us et coutumes du Pays d’accueil. La France doit émettre des signaux clairs de sa position. Jusqu’à maintenant son langage laisse supposer dans l’esprit de certains qu’elle entretient toujours une politique paternaliste et colonisatrice.

Il est donc nécessaire d’avoir un langage non ambivalent, une compréhension réciproque des règles du jeu, une volonté politique d’arriver à une solution acceptable pour les autochtones et les allochtones désirant adopter nos us et coutumes en usage en France.

Le défi n’est pas mince.







Fait à Nice mai 1996

Louis PEYE


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire