Le devenir de l’Homme.
Qui suis-je ? où vais-je ? (1)
Pour répondre à ces questions il nécessaire de remonter à la source de notre naissance. Car avant de naître, il y a eu la procréation, la méiose qui est l’apport des 50% du patrimoine génétique et psychologique de chaque parent. A partir du zygote (cellule-œuf) issu de la fécondation, de nombreuses mitoses vont former un embryon qui deviendra le fœtus. Après la naissance l'enfant passe par un stade jeune et ce n'est qu'après la puberté et pendant sa vie adulte qu'il y aura maturation de ses gonades (glandes sexuelles) qui produiront des gamètes (cellules reproductrices: spermatozoïdes ou ovocytes). Les gamètes transmettent le matériel génétique (chromosomes) d'une génération à la suivante : ce matériel peut être étudié en réalisant un caryotype. Celui-ci est constitué de l’ADN et l’ARN.
Il est important de savoir que l’ADN ne renferme pas uniquement notre bagage physique comme notre couleur de cheveux ou des yeux, notre amour pour les maths ou la philo, ou l’explication de notre QI qui nous vient du…. Ou de….. Anne Ancelin Schützenberger professeur à l’Université de Nice nous explique aussi que la mémoire de l’ADN renferme les petits - ou vilains - secrets de nos aïeux. Aïe, Aïe, Aïe !
Et nous voilà à notre naissance avec notre inné.
Pour mieux comprendre, il nous faut admettre que l’individualité englobe, entre autre :
· un subconscient biologique,
· un subconscient culturel.
· un subconscient individuel.
Ils se manifestent par l’intermédiaire du monde des rêves, les comportements, les symboles personnels et/ou universels, les Archétypes. Tout cela va exprimer notre personnalité.
Essayons d’y voir plus claire en prenant des exemples.
Notre héritage biologique, nos troubles chromosomiques sont des critères qui agissent sans que nous en ayons conscience. Le subconscient biologique agira sur la personnalité par la nourriture ingérée. Les individus carnivores ont une optique de la vie différente des végétariens. Les esquimaux développent des résistances à des maladies dues au froid comme les peuples d’Afrique ont développé une pigmentation de la peau pour contrer les effets du soleil. Tous ces éléments - nourriture, sol, latitude de l’habitat influeront considérablement sur les coutumes et styles de vie d’un individu par rapport à un autre qui vit dans un autre coin du monde.
On est sûr que les blessures physiques ou psychologiques laissent dans notre mémoire un traumatisme qui s’inscrit dans notre chair ou notre psyché : il faut certainement d’autres méthodes, en complément, que la verbalisation du choc pour retrouver la santé psychologique. Cet ébranlement transparaît à chaque souvenir du traumatisme, c’est normal, cela peut être un signe de guérison. Souvent aussi, ce souvenir inconscient provoque chez l’individu un phénomène d’évitement lié à cette cause qui remonte parfois à l’enfance, ou choc subi.
On peut fouiller plus fondamentalement encore avec le « Thanatos » ou instinct de mort et l’« Eros » ou instinct de vie qui nous vient de notre héritage animal. Nous avons conservé, d’ailleurs, beaucoup de comportements similaires aux mammifères. Depuis notre apparition sur terre, nos cellules se sont transformées selon le hasard et les circonstances qui en végétaux, qui en animaux, s’adaptant et se spécialisant particulièrement bien au milieu dans lequel ils vivent. Seul l’homme a pris le parti de ne pas se spécialiser. Alors qu’à cause de la modification du milieu ambiant des animaux disparaissent, seul l’homme renforce sa population. Il est le seul animal à courir, escalader, nager, même sous l’eau. (de l’autre coté du Miroir de K. Lorenz) . Et il a, depuis, appris à voler grâce à l’invention de l’avion.
Depuis Jung, nous savons que chaque individu baigne dans un inconscient collectif.
Les instincts, bien qu’identiques chez tous les Hommes, se manifestent différemment selon l’« Ethos » qui prend racine dans le subconscient culturel auquel nous appartenons : nos langage, comportement, habillement nous différencient selon le groupe social d’appartenance. Au nord de la Méditerranée , les habitants appuient leur savoir sur l’écrit alors qu’au sud, le savoir se perpétue par l’oral : deux modes de fonctionnement qui ont du mal à se tolérer et à se « parler ».
Ainsi l’homme sexualise son environnement. Par exemple le monde germanique inverse les valeurs sexuelles par rapport à la vision de la culture française : la soleil, le lune, le forêt, le mort etc. Nous percevons mieux le monde romantique allemand qui se manifeste superbement au travers de la « chevauchée des Walkyries ».
George Durand donnera une approche structuraliste basée sur une classification tripartite commune à tous les Hommes :
· le réflexe de la verticalisation (enfer-ciel, rituels d’élévation, les hiérarchies) un des symboles majeurs est le phallus, représenté par le glaive, le sceptre et l’épée figurant, elle, le symbole de la pensée active, de la création « Verbe – Lumière - son ».
· le réflexe digestif lié à la transformation, à l’élimination (contenant - contenu, la crypte, l’athanor) représenté par le symbole de la coupe. On pourra voir ici la symbolisation de la femme. Ces deux éléments sont dissemblables. Toutefois le premier ne saurait être considéré comme supérieur au second. Tous deux sont nécessaires et complémentaires pour la manifestation du troisième réflexe, à savoir :
· le réflexe cyclique (les saisons, la rythmique, la sexualité) symbole d’action représenté par la roue.
Le symbole de la roue est particulièrement fort. Nous pouvons lui donner deux interprétations :
a) Généralement on pense à deux schèmes, ceux-ci ont la même explication : le chiffre 13 qui correspond dans l’un
a1) les 12 mois de l’année - représentés par les douze signes du zodiaque. La terre parcourt sa circonvolution autour du soleil (le 13°). Au cours de sa ronde la terre manifeste les saisons en fonction de sa position.
dans l’autre
a2) aux apôtres Le 13° est le Christ qui se substitue au Soleil symbolisant la « vie ». Chaque apôtre manifestant la philosophie de celui-ci.
b) La roue est une circonférence qui manifeste l’action du moyeu - le Centre.
Il est intéressant de visualiser une manifestation sur un point du cercle. Elle va suivre le mouvement circulaire du centre. La position du point subit l’action du centre : ascension - chute ; progression - décadence. Nous pouvons ainsi comprendre la vie, la mort d’un produit, d’une idée, d’une civilisation.
Si nous considérons que notre place est au centre, notre rayonnement exprime des manifestations. Nous sommes nous même, créatif, actif, identique, et avons une attitude linéaire et stable. « Nous sommes dans l’ETRE ».
Si nous nous plaçons sur le plan de la manifestation - sur la circonférence nous sommes le jouet de forces, en nous inconscientes, que nous subissons. Nous manifestons la loi d’ascension et de chute alternativement. « Nous sommes dans l’avidité et dans la course au paraître encore et dans l’avoir toujours plus »
Il appartient à chacun de se déterminer : manifester la circonférence en « courant » après l’avoir, le paraître ou manifester le centre, manifestant ce que l’homme est, lorsqu’il a vu son « V.I.T.R.I.O.L. ».
Enfin, celui que nous connaissons le mieux depuis Freud, l’inconscient individuel qui prend sa source dans notre habitus primaire (Mère - Père). C’est Konrad Lorenz qui a décrypté le phénomène de l’« empreinte » auquel tout humain est sensible. Cette première rencontre avec.....l’Autre, ...les objets...., les événements..., s’ils sont chargés d’émotion vont avoir, la vie durant, un retentissement qui peut, à un moment donné, susciter des réactions irrationnelles, du moins incompréhensibles si l’on n’en connaît pas la raison.
J’ai évoqué ci-dessus l’importance de la méiose. Sur le plan psychologique, pour l’enfant, ses parents sont et ont le pouvoir de Dieu et ainsi, dans l’inconscient, se formeraient l’archétype de Dieu le Père et de notre Mère Gaïa, qui le suivront partout. Ce faisant, il verra la représentation externe d’un symbole avant de le découvrir en lui. C’est grâce à cette particularité, entre autres, que la résilience est possible d’ailleurs. Généralement ses parents, pour des raisons d’ignorances, le maintiendront dans l’erreur, comme eux l’ont été, depuis la nuit des temps. Chaque parent apportera une note particulière selon la culture dans laquelle il baigne.
On comprend peut-être mieux que l’empreinte liée au langage fixe un lien symbolique avec la réalité qui détermine un « étiquetage » culturel (Habitus primaire et l’Ethos). Ce codage est à l’origine d’une logique comportementale qui est une logique d’émotion. Celle-ci assure sa cohérence et sa prévisibilité que l’on retrouvera sous différentes formes chez l’individu.
Nous pouvons dire que l’Archétype de référence culturelle inconscient lié à une forte charge émotionnelle explique sa puissance affective autonome, responsable de perceptions et réactions irrationnelles. L’énergie engrangée qui sera réactualisée et libérée à chaque rencontre avec un stimulus symbole semblable déclenchera une réponse culturelle adaptée à sa logique.
L’enfant sera impressionné par ces divers « agrégats –subconscient- », qui une fois adulte, s’en servira comme mode d’expression.
Il parait important de ne pas perdre de vue, à notre avis, que la communication commence à l’intérieur de nous-mêmes. Nous avons 7 formes d’intelligence. A l’école, nous n’en travaillons que 4. Parmi les oubliées, se trouve l’intelligence intra personnelle avec laquelle nous nous parlons comme à un ami ou à un ennemi. Nous ne pouvons exprimer que ce que nous sommes. Emerson disait « ce que tu es crie plus fort que ce que tu dis » Cette expression sera un mélange des trois niveaux de notre individualité subconsciente qui se traduiront sur le plan hiérarchique comportemental par :
· l’inconscient biologique, siège des instincts, donnera naissance aux besoins
· l’inconscient culturel, siège des modèles et autres schèmes, donnera naissance à l’intensité de la force du vouloir
· l’inconscient individuel, siège des complexes, donnera naissance aux désirs.
Le sens de progression allant des besoins physiologiques à satisfaire aux désirs provoqués. C’est le domaine de l’inconscient. La censure (le « sur moi » de Freud) refoule les désirs dans l’inconscient des individus. Les souvenirs de la vie parfois s’interpénètrent, se mélangent, à ce niveau. A-t-on le souvenir d’un rêve ? Est-ce un rêve, ou le souvenir d’une réalité vécue ? Parfois la ligne de séparation est floue ou difficilement définissable.
C’est le monde de la préconscience, puis, toujours en s’élevant, nous arrivons dans le monde de la conscience.
Après le stade de la conscience nous allons entrer dans l’imaginaire : c’est le monde des projets dont l’on n’ose pas accoucher à cause des résistances (les interdits acquis, des inhibitions depuis notre enfance par exemple ou les évitements anxiogènes.)
B) A partir de la conscience, plus ou moins vive – de l’imaginaire -, l’individu projette des schémas comportementaux en vue d’une concrétisation :
· l’imaginaire individuel projette l’image du « Moi »
· l’imaginaire culturel projette les symboles, le langage, les modèles ou les schèmes.
· l’imaginaire biologique projette les images d’archétypes de nature biologique qui sont particulièrement représentées par la sexualité entre autres.
A ce stade, nous pouvons dire que le langage exprimé ou le non-dit, comme la gestuelle, imprime l’inconscient et qu’il s’exprime ensuite selon ce processus : imaginaire, langage, action puis résultat et conséquence.
Nous sommes sans cesse en train de communiquer : par nos paroles, notre regard, notre tenue vestimentaire, nos comportements et attitudes, nos gestes et par bien autre chose. La rétroaction, si nous sommes attentifs, permet de jauger de notre impact sur l’autre.
Il apparaît que nous sommes la somme de l’inné qui nous vient de nos parents, d’une somme d’acquis par notre expérience personnelle et aussi d’une somme de réactions conscientes ou pas au présent de notre vie à chaque instant. Notre perception du présent est modifiée par ces diverses « lunettes », qui sont nos forces d’habitudes à penser comme…, à agir comme…, sans avoir une seule seconde, à l’esprit, que nous sommes les premiers responsables de nos pensées, de nos agissements et de leurs conséquences. Combien de fois, nous agissons en toute bonne foi, oubliant, tout bêtement par habitude, et donc par manque de vigilance, un critère important dans notre analyse qui fera basculer un prévisible succès en échec retentissant ? La vie est constamment en mouvement, jamais identique, tout se renouvelle, tout change. La loi de la vie est loi de renouvellement, de créativité pure, de changement. Un bloc de pierre subit les modifications de température, de pression du milieu ambiant, rien ne résiste à celui-ci comme le démontre par exemple la rose des sables. Ce qui est vrai pour la matière l’est d’autant plus pour la végétation, l’animal et pour l’homme. Cependant si l’animal possède infiniment plus de liberté que les plantes, pour l’homme nous devons diriger notre regard vers un autre domaine, encore plus vaste. Un animal est conditionné par son héritage biologique. L’évolution chez l’homme est plus psychique que physique. C’est dans le domaine de l’esprit que l’homme ira vers plus d’autonomie et plus de liberté. Si le règne de la force de l’habitude semble étendre sa puissance dans le domaine de la matière, tout autant que notre psychique, il est pourtant possible à l’homme, d’échapper à son emprise. Nous savons médicalement que nos cellules naissent et meurent donc se renouvellent sans cesse. Pour preuve, je suis fumeur, et suis addicté, mes cellules sont celles d’un fumeur. J’arrête de fumer, tout le corps médical, vous dira qu’au bout d’un certain temps, vos cellules sont celles d’une personne saine. Le fait d’arrêter de fumer provient du psychisme et non du physique. C’est dire que l’esprit a le dessus sur la matière. En a-t-on conscience ?
Tout thérapeute vous confirmera du caractère soudain de la délivrance de forces d’habitudes. Cela s’appelle la catharsis. Nous voyons bien qu’ici et très, voire trop, souvent notre histoire d’homme est une lutte au cours de laquelle s’affrontent deux tendances : l’inertie des forces d’habitude et le dynamisme de la force de vie. D’où l’intérêt de nous remettre en question, de conscientiser nos peurs, nos désirs, ce que nous sommes réellement, de répondre à ces questions, d’où je viens, qui suis-je, où vais-je et pourquoi.
Il ne faut pas que les forces d’habitude polluent notre mental. Prenons l’exemple du biologiste Baker de l’Université de Londres. Si nous plongeons des cellules d’un tissu vivant dans une solution colorante, les tissus vivants résistent à la pénétration. Dès qu’une action électrique violente entraine la mort du tissu vivant, la solution colorée pénètre immédiatement dans les tissus. Par analogie, si nous voulons que la Vie s’exprime dans le domaine de la pensée, nous devons nous affranchir des contraintes psychologiques du milieu ambiant anxiogène ou dans lequel on se sent être agressé. Il y a nous et il y a l’environnement – et par environnement j’entends l’univers politique, religieux, économique, votre voisinage, notre parentèle, etc., dans lequel nous sommes. Ce sont deux choses bien différentes. Ce que veut l’environnement n’est pas forcément ce que nous voulons pour nous. Un mental réellement vivant ne se laisse pas envahir par les colorants mentaux qui l’entourent.
Les expressions de ces courants d’habitudes sont multiples et en constante évolution : ce sont mon église qui me fait croire que…, le marketing économique qui me fait croire que…, la vision de sa Respectable Loge et de l’Obédience à laquelle l’individu est affilié lorsqu’elle est mal dirigée, de son parti politique, etc. Les habitudes mentales, telles que les dogmes, systématisations de la pensée, les pensées uniques en usage ici ou là, les croyances, idées fixes, distorsions cognitives, etc., jouent le rôle de colorants mentaux dont il est indispensable que le psychisme s’affranchisse s’il veut être disponible et choisir en conscience ce qui est bon pour lui et pour les autres.
Maintenant, à la lumière de ce qui précède, nous allons résumer les particularités des trois phases de l’évolution psychologique de l’homme. La 1ère est la période de l’enfance où le « moi » se forme, la deuxième est la période où le moi, s’étant constitué, se développe jusqu’à son complet épanouissement que l’on peut identifier à l’adolescence et enfin la troisième où le moi cède la place devant l’individu parvenu à maturité. (Période où justement l’individu brise son moi comme nous le verrons afin qu’il accède à ce qu’il est.) Pour mieux préciser ma pensée, chacun a été parent ou a été entouré d’enfants pour comprendre.
Lors de la première période, c’est la naissance du « moi ». L’enfant, de quelques jours, ne fait pas encore la distinction entre lui et sa mère. Au bout de quelques semaines, pourtant sa personnalité s’ébauche et va se renforcer au fil des mois, des années. Les 36 premiers mois sont primordiaux disent les psychologues. Le petit de l’homme imite, copie, il ne pense pas encore par lui-même. C’est là que les « colorants mentaux du milieu ambiant : préjugés, croyances ou systématisation de pensées rigides » sont les plus absorbés puisque l’enfant n’est pas capable de savoir ce que son environnement lui donne, lui apprend et prend sans savoir si c’est bon ou mauvais pour lui. Pour lui, papa – maman sont les archétypes du dieu vivant qui veulent son bien. Inconsciemment, il sait qu’il leur doit la vie, sa nourriture, son existence et son devenir. A ce moment tout ce qui provient de ses parents est un acte d’amour qu’il n’est pas prêt à remettre en cause. Penser que ses parents peuvent être anxiogènes est un non-sens. Dés que le parent délègue son autorité à l’école, la garderie, au voisin, tel le mouton de Panurge, l’enfant suit. Il subit l’enseignement culturel ambiant, aucune liberté, aucune initiative ne lui est accordée, il doit adhérer aveuglement aux opinions prédominantes du moment et du lieu où il se trouve. Si cet environnement est ouvert, initiatique, ce manque de liberté apparent lui permet de structurer ses apprentissages comme l’acquisition de la grammaire permet par la suite à l’écrivain de manifester sa liberté d’écrire. Où se trouve la limite entre une structuration de la personnalité et une déviance psychologique dont la puissance oblitère le jugement individuel de l’enfant ou de l’apprenant ou en Maçonnerie l’Apprenti ?
Que se passe-t-il dans un Atelier ? La similitude est grande.
Pendant les premières années de la vie, l’adulte s’installe dans le mariage, « fait son trou » dans la société économique puis, parfois, il se dit qu’il lui manque quelque chose ? Quoi ? Il se bat dans le monde matériel avec plus ou moins de bonheur et, un déclic, un manque se précise au niveau de la psyché. Il prend conscience que le spirituel est présent dans sa vie mais non suffisamment mis en valeur et qu’il faut en tenir compte. Certains entrent dans les Ordres, d’autres vont livrer batailles dans un Parti Politique, enfin quelques-uns frappent à la porte du Temple. C’est un nouveau départ, une remise en question : l’initiation n’est pas anodine, elle marque à jamais l’individu : il y a une manière de pensée différente de celle dont il a l’habitude. C’est un choc émotionnel certain.
1° Comme pour l’enfant, c’est la naissance du « moi ».
La personnalité maçonnique s’ébauche. Cependant la force d’habitude qui est sienne exerce son emprise toute puissante. L’Apprenti se trémousse sur sa chaise au septentrion. Il doit se taire. Il écoute, observe et petit à petit son comportement se modifie. L’Apprenti imite, copie mais ne pense pas encore par lui-même. Que connaît-il de la spiritualité maçonnique ? du symbolisme opératif ? S’il a la volonté de poursuivre, il n’a aucun savoir et le pouvoir est détenu par le Vénérable Maître sis à l’Orient. Il n’est pas encore « Maçon », même s’il a droit au titre de Frère. Il cogite sur les Planches des Orateurs, sur les observations des Frères lorsque la Parole circule…. L’apprenti comme l’enfant peut subir l’envahissement des colorants mentaux du milieu ambiant (surtout si la Respectable Loge dans laquelle il se trouve, les Frères sont restés, malgré leur déguisement, des profanes. Qui, au lieu de rechercher la Vérité , comme ils disent, se servent de leur Tablier pour rechercher ici ou là un devenir compensatoire à leur triste vie. Malheureusement, ce cas serait assez fréquent puisque les 0bédiences font la course à celle qui sera la plus importante en nombre afin de prévaloir d’une audience auprès du Pouvoir). C’est, alors, le « dressage » appliqué pour répondre au besoin d’appartenance à ce groupe, à cet Atelier, à ce Rite là. Aucune liberté, aucune initiative mais adhésion aveugle au Rite, à la Respectable Loge , à l’Obédience. Il n’a que le droit de se taire et écouter !
Si l’impétrant se trouve dans un Atelier d’Initiés, tout lui est permis : on lui expliquera ce qu’est une Porte, donc la raison du Rite, ce qu’il apporte à l’initié et ses devoirs envers ses Frères, ce qu’est la Fraternité , sa responsabilité dans le monde profane.
Sinon, il y aura désillusion ou addiction au Rite qui viendra le bercer à moins qu’il ne sacrifie au Rite comme d’un moyen pour aller ailleurs en pérorant : « Je suis Maçon (quand il ne s’affuble pas du rang de l’office qu’il sert –ou dont il se sert-) de la Respectable Loge de… à l’Orient de …. ». C’est la confrontation de l’individu face au groupe dans lequel il vient d’être accepté. Ce que je dénonce ici est une manifestation d’une philosophie de masse, un « Mac-Donald » prêt à l’emploi spirituel, et non ce que d’aucun pense y trouver, un endroit où l’homme va se confronter avec lui-même et comprendre d’où il vient, ce qu’il fait et où il va. L’enfumage de l’Obédience, du Rite a détourné l’individu de sa quête spirituelle. A moins qu’un incident ne lui révèle son erreur d’être aller là, dans cette Obédience, dans cet Atelier…
Ce n’est pas une secte, ce n’est pas une religion, l’individu adhère à un groupe où se mêlent des discours humanistes, des rites, des symboles et où la fraternité est moins réelle que dans la vie de tous les jours. En adhérant à l’Obédience, il ignore tout de son devenir, il fait un pari sur la Respectable Loge comme le joueur sur un cheval au PMU. Parfois, il gagne, parfois, s’il est sincère, il perd. Mais au moins, lui en tire une expérience.
2° Phase de maturité du « moi » c’est la période de l’adolescence, celle où l’individu n’est plus un enfant et non encore un adulte.
Petit à petit, l’enfant va essayer ses propres mécanismes, seul, à l’abri des regards. Son attitude d’imitation tend à disparaître. Il se rebelle : l’obéissance aux impératifs mentaux, aux consignes, aux interdits et mots d’ordre lui apparait dans toute leur puérilité. Les rythmes de la répétition, de la routine relèvent graduellement ce qu’ils ont de négatif ou de superficiel à ses yeux. Les défenses de la force de l’habitude vont bientôt connaître les premières fissures. Cela peut être constructif si l’individu d’imitateur aveugle devient créateur en se servant correctement des outils – les arts libéraux modernisés - dont il a appris l’usage à bon escient. Il ne s’incline plus aveuglément devant le fait accompli des valeurs proposées ou imposées, il ose douter et commence à repenser les problèmes et toutes choses par lui-même. Il tente déjà de se soustraire à l’action des valeurs établies par les forces de l’habitude mentale. Nous sommes à la fin de l’apprentissage. Une virilité psychologique s’exprime en lui, exigeant plus d’autonomie, d’initiative, de créativité et de liberté. Celle-ci est d’abord recherchée dans la libre affirmation de sa nouvelle puissance d’autonomie. Il souhaite alors devenir le chef (de sa propre vie principalement)…, il observe et critique – pour lui - le comportement de celui qui a encore l’autorité.
Puis, connaissant le maniement de tous les outils, excellant dans son travail, un jour, ayant épuisé toutes les possibilités d’expression, il comprend qu’il est prisonnier de ses propres créations. Alors vient le moment d’aller plus loin, de découvrir autre chose. Souvent atteindre le seuil de Peter est un révélateur pour l’homme honnête. Le « moi » perçoit les limites, il tend alors vers une réalisation plus profonde… il faut qu’il se dépasse.
Le Compagnon va, à ce moment-là, réaliser le parcours de l’adolescent. Il connaît les outils, leur utilité, le Rite. A un moment, soit ce Compagnon va au-delà du Rite, de l’Outil et découvre que le symbole est semblable à une poupée russe, soit alors il reste dans la routine, la facilité. A nouveau il est confronté à lui-même : aller chercher autre chose qu’il n’a pas encore vu mais qui attend là d’être sorti des ténèbres, peu importe la raison ? ou alors poursuivre et faire comme les faux frères, attendre le moment que l’ancienneté lui autorise une décoration, un grade, un Office qui lui permettra de briller ?
Quelle direction ce Maçon va-t-il prendre ? Autre question essentielle : l’Atelier dans lequel il se trouve apporte–t-il au Maçon l’eau désaltérante qu’il recherche ? ou apporte-t-il au Maçon le moyen de briller rapidement ? Il est semblable à la roue : va-t-il choisir d’être dans le moyeu ou paraître dans la course à la poursuite de l’avoir ascensionnel que la circonférence l’autorise d’espérer ? Aller, dépasser la hauteur du moyeu, avoir plus que d’Etre ? C’est l’heure de vérité : que vais-je faire ? aller au-delà ? ou rester dans l’étroit territoire que je connais ? L’individu s’aperçoit – en a-t-il conscience d’abord ? – que l’état de rêve dans lequel il est plongé par l’action de la force d’habitude l’emprisonne ?
3° Phase de dépassement du « moi ».
C’est aller au-delà du ronronnement de la vie, du fameux « boulot, métro, dodo » à longueur de semaines, de mois, d’années. C’est aller au-delà du dépassement de soi s’il en a conscience. Va-t-il avoir le courage de passer cette porte ? Que risque-t-il d’y trouver ? Il est devant l’inconnu. Se pose alors la question : qui est cet inconnu ? si ce n’est que lui-même ! Sait-il que cette découverte va l’affranchir ?
J’ai rarement trouvé dans le monde profane, des individus qui allaient jusqu’à ce questionnement. Souvent les gens sont des être d’habitudes dont l’objectif est d’apporter une paye à la maison, de vivre mieux que le voisin, d’avoir ceci, avoir cela et si possible de posséder ce que le voisin n’a pas. Le terme « liberté » ne signifie-il pas en France, de faire ou pouvoir faire ce qui est défendu au voisin ? Nous sommes dans le monde du marketing où l’individu est lui-même pris comme un objet d’acquisition de richesse matérielle, toujours plus, toujours plus d’autres choses, posséder le dernier cri, « J’ai ! » et toi tu n’as pas. Dans le monde profane, lorsque l’individu va au-delà du dépassement du moi, il ne le montre pas, il est discret et heureusement il existe. Il Est et cela lui suffit.
Dans le monde Maçonnique, nous devrions le voir en nombre. Lui le sait, n’est il pas un Cherchant ? n’a-t-il pas été dans la Chambre de Réflexion ? Ne lui a-t-on pas appris ce qu’était le VITRIOL ? Là, devant lui-même, face à lui-même ne redécouvre-t-il pas sa véritable essence ? Du moins cette réflexion lui fait pressentir ce qu’il est ? Il est dans la position des Vierges Noires. Certains symboles comme les 4 éléments deviennent réalité, il leur donne vie. Si ce n’est le cas, il n’est qu’un piètre compagnon affublé d’un costume de Maître. L’illusion est parfaite puisque tous le reconnaissent comme tel. Maintenant l’habit fait le moine. A la différence que le Compagnon costumé en Maître ne sait ETRE et joue dans le paraître retournant dans la poursuite de l’AVOIR et le DEVENIR. Le piège s’est refermé. Ce maitre, cet officier à qui l’on a confié un poste se trouvant sur l’Etoile de David parjure l’Initiation qu’il l’a fait Maçon.
Le dépassement du « moi » exige une acuité de conscience ainsi qu’une qualité de vigilance et une grande humilité. Nous ne pouvons les atteindre que par une vie intense avec un don total de notre être. Il est nécessaire d’avoir une certaine maturité. N’est pas Initié qui veut, n’est pas Eveilleur – pour le grade de Maître tant revendiqué – qui veut. Ce n’est pas le port du Tablier bordé de ruban rouge et du bourgeron que le Maître EST. Cet habit rassure le possesseur et trompe les Frères Maîtres, donne un mauvais exemple au mauvais compagnon, voire manipule les Apprentis.
Je vous fais partager cet extrait de la Citadelle de Saint-Exupéry qui explicitera mieux que je ne pourrais le faire ce qu’est un éveilleur en devenir :
"Et celui là qui se couche dans le sable aux alentours d'un puits tari et qui déjà s'évapore dans le soleil, comme il marche bien dans son rêve. Et combien lui deviennent faciles les grandes enjambées vers la délivrance....
Mais qui marche véritablement s'abîme les chevilles aux pierres, lutte contre les ronces et s'ensanglante les ongles dans les éboulis.... Et l'eau, il l'a crée lentement avec sa chair, avec ses muscles, avec les ampoules de ses paumes, avec les blessures de ses pieds. A brasser les réalités contradictoires, il tire l'eau de son désert de pierre à la force de ses poignets.
Tu la connais ta vocation à ce qu'elle pèse en toi. Et si tu la trahis, c'est toi que tu défigures, mais sache que ta vérité est non trouvaille d'une formule..... car l'être neuf qui est unité dégagée dans le disparate des choses ne s'impose point à toi comme une solution de rébus, mais comme un apaisement des litiges.....
De même il n'est point de progrès sans l'acceptation de ce qui est. Si quelque chose s'oppose à toi et te déchire laisse croître, c'est que tu prends racine et que tu mues. ....
Bien heureux ton déchirement qui te fait t'accoucher de toi même car aucune vérité ne se démontre et s'atteint dans l'évidence. Et celles qu'on te propose ne sont qu'arrangement commode et semblable aux drogues pour dormir.
Car sache que toute contradiction sans solution, tout irréparable litige, t'oblige de grandir pour l'absorber......
Et toi même, si tu veux grandir, use-toi contre les litiges, ils conduisent vers Dieu. C'est la seule route qui soit au monde. "
Les Maçons sont bien les héritiers des Alchimistes d’antan. Certains poursuivent l’or quitte à se fourvoyer comme les faux monnayeurs tel que Trouin de Lisle qui abusa des Grands de ce Monde pour mourir à la Bastille le 30 janvier 1712, et d’autres, tel Fucanelli qui nous fit découvrir l’Œuvre. A chacun sa voie et sa vie.
Le 27 juin 2010.
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