mercredi 5 janvier 2011

Qu'est ce que l'argent ? son rôle.

Qu’est ce que l’argent ?
Aujourd’hui, nous avons trop souvent tendance à voir l’argent (la monnaie, en l’occurrence l’Euro ou le Dollar par exemple) d’une manière négative. Il serait temps de regarder la monnaie comme un trait d’union le plus adapté à l’échange entre deux personnes tant physique que morale.
Avant,  au sein des petits groupes humains primitifs où chacun se connaissait, tout le monde se faisait mutuellement confiance. L'échange d'un produit ou d'un service contre un autre était relativement facile. L'échange était la manifestation d'un sens élevé de la solidarité et de l'entraide que nous avons tendance à perdre.
De nos jours, l'association "SEL", dont nombre d’entre nous avons entendu parler, remet le troc au goût du jour. Ce système de troc révèle un état d’esprit où certains acceptent de perdre aux profits d’autres.  C'est vrai, un prêté vaut pour un rendu, et dans la quantité, les disparités s'annulent. Cette philosophie ne peut perdurer qu'au sein d'un groupe de personnes comme aux temps anciens. Si cela se pratique encore, c’est au sein de petits groupes restreints. Par exemple, c’est le service d’une ménagère qui emprunte une bouteille de lait, une baguette et qui demain, cédera une boite de conserve ou une bouteille d’huile manquants.
Cependant, le troc, l'échange d'un produit contre un autre, est devenu rapidement difficile. En effet, nos ancêtres,  à force d'ingéniosité avaient inventé des techniques nouvelles…
A cause de la spécialisation du travail qu’engendre la fabrication de ces marchandises de plus en plus sophistiquées, l’échange devient une nécessité.
Nous sommes plus à échanger une journée mulet contre un kilo ou deux de patates. Les  produits sont devenus élaborés et surtout il faut plusieurs personnes et souvent plusieurs machines et techniques pour fabriquer un produit tels qu'une voiture ou un avion. A ce niveau, il n’est plus possible de monnayer les produits par du troc. En effet plus la fabrication des produits devient complexe, plus la dépendance de chacun vis à vis de tous les membres d’un groupe de personnes grandit. Il devient alors nécessaire de se spécialiser par production. Le travail se divise, s’organise, tant les techniques s’élaborent, se multiplient (forgeron, charpentier, soudeur…) et avec la production de masse, le Fordisme est né et il connut la gloire de 1920 à 1970, multipliant le nombre de travailleurs nécessaire à l’élaboration d’un produit fini.
Alors, la question se pose :
Comment éviter les discussions sans fin et de sortir des limites imposés par le troc ?  Quelle valeur donnée à un kilo de patates, une journée de prêt du mulet ? Combien vaut le cuissot de chevreuil que le chasseur a mis des heures à traquer ? Combien coûte la flèche qui va tuer le cerf qui nourrira la famille ? Etc., etc.
Alors, parce que nos ancêtres ont trouvé un moyen ingénieux pour palier aux discussions : la monnaie. Elle prit selon les régions, plusieurs formes.
La monnaie est un bien. J'insiste sur le terme BIEN car choisi d'un accord mutuel et désiré par tous qui permet de diviser le troc en deux opérations distinctes.
  1. Dans un premier temps, on échange contre de la  monnaie les biens que l'on a créé
  2. Dans un second temps on échange de la monnaie gagnée contre d’autres biens dont on a besoin.
La monnaie se présente comme un bien intermédiaire dont la valeur reconnue par tous permet non seulement de décomposer les échanges mais aussi de comparer la valeur des biens entre eux. Par exemple X unités de monnaie = un sanglier = une hache de bronze.
L’idée est géniale. Ce système est un bien qui est à la fois un moyen d’échange – paiement – et un moyen d’étalon général de mesure. Tel animal vaut X unités de monnaie, tel service X unités de monnaie.
Du coup, tout se monnaie, même son travail, même ses bras, sa créativité, etc. Une heure de mon travail dans telle usine vaut X unités de monnaie avec lesquelles je vais pouvoir acheter des habits, des denrées, pour l’entretien de la famille.
Maintenant on peut discuter sur la valeur du travail fait par l'ouvrier d'une usine privée ou de l'ouvrier du secteur public. Là est un autre problème. De la valeur d’une heure de travail fait en France et d’une autre heure effectuée en Chine, ici nous n’y pouvons rien, c’est un fait. Il est certain qu’il y a des disparités. Cependant tout le monde fonctionne sur ce principe. En échange d’une heure de travail, je gagne X unités d’achat d’autres services ou biens matériels.
Cette valeur doit être reconnue valable par les deux parties, cela va de soi. Une fois définie, chacun apportera à l'autre sa part du contrat, si cela n'est pas, moralement cela ne tient plus. Tant que nous sommes dans ce cadre, les rapports à l’argent sont sains. La monnaie est bien le trait d’union entre les diverses activités de l’homme. Elle a la même fonction que le sang dans le corps humain, alimentant en « oxygène » toutes les fonctions de ce corps. L’argent, tout comme le sang, doit circuler pour maintenir l’économie en bonne santé. S’il est thésaurisé, la consommation en pâtie et donc la production recule. Celle ci ralentie et l’entreprise débauche, entraînant ainsi des désordres de toutes sortes. Sur le corps humain cette maladie est appelé gangrène, celle ci peut atteindre même les plus grands d’entre les grands : Louis XIV par exemple. Sur le niveau de l’argent, la stagnation peut atteindre des pays entiers…. Cela faisant, ce sont les populations, au niveau de l’individu qui en pâtit le premier et, ce, d’une façon parfois tragique.
La valeur d'une monnaie reflète aussi la santé d'une économie tout comme le sang reflète la santé de la personne.
La spéculation change la donne.
Cependant, il existe plusieurs monnaies, et celles ci peuvent avoir une valeur supérieure à une autre, se vendre ou s'acheter comme tout autre bien, comme une vulgaire salade.
Par exemple, je peux préférer une laitue à une scarole comme je peux acheter de l'Euro ou du dollar. Entre les deux monnaies, il existe des disparités qui font que parfois mon baril de pétrole me coûtera plus ou moins cher selon qu’il est acheté dans l’une ou l’autre monnaie. Je peux aussi parier, à terme, que telle monnaie va prendre de la valeur sur telle autre monnaie et en acheter en vue d’une spéculation. Nous ne sommes plus dans le rôle de l’échange, nous avons changé de registre.
La monnaie source de bien devient source de perversion.
Cette monopolisation de l’esprit sur la possession de plus d’argent oblitère toutes autres considérations morales, éthiques et de bon sens. Certaines personnes n’hésitent pas à se mettent au dessus des Lois ramenant l’homme au niveau de la « guerre du feu ». Combien se déshumanisent pour posséder quelques pépites dans des rivières aurifères ? L’actualité nous rappelle chaque jour que l’argent corrompt les faibles d’esprit attisant leur cupidité. 
La course au capital et ses conséquences…
1.       L’argent donne du Pouvoir à son détenteur. Il lui permet des achats supérieurs à celui qui n'a que ses bras à louer. Comme l’argent permet d’acheter tout ou presque, celui qui en a plus que son voisin devient de ce fait plus puissant. 
2.      les capitaines d’industries, dont le besoin en capitaux est toujours insatiable pour produire plus et gagner toujours plus, engendrent des dérapages dans la production. Dans ce contexte l’être humain n’a pas plus de valeur qu’une machine outil.

Pour illustrer, je donnerai deux exemples historiques et qui pourtant se perpétuent :

Le premier exemple remonte aux XVI° Siècle.
L’Espagne part à la conquête des Amériques. Je n’évoquerai pas les justifications fallacieuses, elles étaient bien d’ordres économiques et avaient pour objectifs non avoués l’augmentation du Pouvoir Papal et du Pouvoir temporel des Etats. Grâce à une prise de contrôle de toutes les richesses de ces contrées, l’Espagne eut un pouvoir qu’elle n’aurait pas pu avoir autrement. Le proverbe « malheur au vaincu » était ici appliqué à la règle tant cette politique fut funeste et déshumanisée pour les populations indigènes de ces pays. 
Mais ne soyons pas dupe, hier comme aujourd’hui, sous cette forme, les Droits de l’Homme sont bafoués. En effet si de nos jours la colonisation se fait rare, nous avons encore des entreprises multinationales qui pillent les richesses de pays en voie de développement avec souvent la complicité de leurs dirigeants.
Deuxième exemple. L’esclavage.
L’esclavage existait dans la Grèce antique, tout comme il existait aussi du temps des Romains. Le commerce des esclaves se pratiquait dès le VIII° Siècle sur les Côtes de la Corne africaine.
Mais dans le premier quart du XVIII° Siècle, la demande des colons américains intensifie ce commerce et le prix unitaire d’un esclave noir se négocie 25% plus cher. Ce commerce alors florissant va enrichir Français, Américains au détriment de la population d’Afrique. Et quel enrichissement ! On estime que la déportation s’élève à près de 7 millions d’individus entre 1730 et 1850. On doit à Victor Schoelcher la signature de l’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848.
Aujourd’hui, le terme n’est plus « esclavage ». C’est pourtant l’exploitation de l’homme par l’homme qui est toujours en vogue dans certains quartiers de Chinatown, où ailleurs, sur une plus grande échelle. Aujourd’hui « Mademoiselle Li » remplace « Bamboula » …. Quoique, en Afrique, encore aujourd’hui, les travailleurs congolais, dans les mines diamantifères, ne gagnent que l’équivalent d’un dollar par jour. 
Dans le premier exemple, on minore les matières premières qui sont revendus avec un énorme bénéfice au détriment des autochtones. Dans le second exemple c’est le travail des individus qui est exploité honteusement et dont le résultat accorde d’énormes bénéfices aux exploitants.
Encore une fois hier comme aujourd’hui, sous ces formes, les Droits de l’Homme sont bafoués.
Comment, aujourd’hui, se fixe le prix d’un bien : l’unité de mesure pour un achat.
Les services commerciaux des entreprises ont inventé une nouvelle science dans les années 50 appelée « mercatique » ou marketing en anglais qui va permettre de connaître le prix qu’un consommateur est prêt à payer pour s’approprier un bien ou un service.
Pour les adeptes du « Mercator » je reprendrais cette définition : « Le marketing est l’ensemble des méthodes et des moyens dont dispose une organisation pour promouvoir, dans les publics auxquels elle s’intéresse, des comportements favorables à la réalisation de ses propres objectifs ». Nous sommes bien dans l’optique que tout s’achète et tout se vend. Dans « tout », il y a tout ce que l’homme peut s’imaginer, un produit, un service et plus encore. Par exemple Besancenot est un produit marketing, tout comme La Principauté de Monaco ou le Vatican.
 Dans l’entreprise, le comptable va calculer le prix d'un produit. Celui-ci est fixé par :
  1. les prix d'achat des matières premières qui entrent dans sa fabrication,
  2. on ajoute les frais occasionnés par cette fabrication et qui donne le prix de revient,
  3. on ajoute ensuite une marge commerciale (bénéfice brute qui sera partagé entre l’impôt et les actionnaires).
Une partie de ce bénéfice sera prise en compte pour l’amortissement de l’outil de travail. Le salaire des employés est comptabilisé dans les charges et sont donc des frais de fabrication ou de conception.
De ce fait, le prix de vente se balade entre un prix fixé comptablement et d'un prix que le consommateur est prêt à dépenser pour l'acheter. Le prix final dépend bien entendu de l'offre et de la demande sur ce produit.
Pourquoi avoir recours à la science du marketing ?
Actuellement la mondialisation entraîne une baisse des coûts. Il faut faire toujours plus de chiffres d’affaires, toujours faire plus de bénéfices : seules raisons d’être de la production, de l’entreprise.
Un autre critère entre en jeu : le PIB. (Produit Intérieur Brut) qui permet à la Comptabilité nationale de connaître le niveau de santé économique d’un pays. En effet, ce PIB est calculé à partir de la collecte de la T.V.A. Elle a pour effet pervers de pousser l’entreprise à produire toujours plus de Chiffre d’Affaires à partir duquel est calculé cette fameuse T.V.A. Certaines entreprises n’hésiteront pas à avoir recours à une augmentation des prix en diversifiant les produits, en changeant l’emballage, par exemple. La course vers cet unique but se fait au détriment de toutes autres valeurs qui passent à l’arrière plan. On ne vit plus, on court. Il faut accessoirement produire de la T.V.A. pour démontrer sa bonne santé.
Cette course à la rentabilité est devenue si exacerbée qu’elle déplace la valeur d’échange de la monnaie. A tel point que certains reviennent à un système de troc, ou de marché parallèle : une coupe de cheveux contre un changement de plaquettes de frein. Pourquoi ? Parce que si l’on va chez le concessionnaire, la facture va certainement s’élever à 150 € pour diverses raisons plus ou moins valables. Ce nouveau troc n’est pas du goût des inspecteurs des impôts qui veillent au grain. Si ce système n’entre pas dans le calcul de la comptabilité nationale, elle permet par contre de renouer des contacts humains avec son environnement.
Quelques remèdes :
Le malade est bien un homme car l’argent est un Bien c’est l’homme qui en perverti l’usage ! Alors si l’on s’occupait de trouver des remèdes humanistes qui ont fait leurs preuves et qui ne bafoue pas l’être humain ?
1.       Je prendrais pour exemple pour trouver du capital ce que l’on appelle  la « tontine ». Certains l’exploitent avec succès. Elle consiste, au sein d’un groupe de personnes, de mettre « au pot » une certaine somme chaque mois. Si l’un d’entre eux a besoin du capital, il l’emprunte avec l’accord de tous sur le projet et les montants du remboursement pendant que tous continuent les versements. Cette méthode a l’avantage de remettre la monnaie à sa place, de développer l’entraide, la confiance, le respect et certainement d’autres qualités humaines non négligeables.
2.      A une époque encore récente d’aucun mettait en vogue les coopératives ouvrières. Et pourtant, qui sait que l’entreprise « Fagor » qui détient et fabrique les produits blancs de la marque Brandt est une coopérative ouvrière ? Qui sait qu’elle est aussi propriétaire d’une banque ? Ces structures ont le mérite de produire des biens comme toute entreprise, d’avoir des règles commerciales, comme toutes entreprises et de payer l’impôt sur les bénéfices. Cependant, dans ces structures, la majorité des employés sont aussi les détenteurs de parts de l’entreprise, c'est-à-dire qu’ils sont chacun propriétaire de l’entreprise et de tous ses biens, succursales et sociétés annexes. Cela change tout : chacun étant responsable de la bonne marche de l’entreprise, tout le monde a intérêt à la bonne santé de celle ci. C’est vrai que les syndicats sont contre, les capitalistes aussi. Dans ce genre de structure, il est difficile de s’entendre sous table et de monter un scénario de conflit frontal entre le capitalisme pur et dur et le capital humain représenté par un syndicat de connivence. Si les coopératives ouvrières ne sont pas toujours la solution, c’est certainement une voie à explorer. Sur le plan humain, aucun n’ira contre ses intérêts et l’intérêt de l’entreprise ira pour chacun.
Je regrette qu'aucun syndicat (en France du moins), n’ait été capable de défendre la classe ouvrière correctement. Nous avons aujourd'hui BESOIN pour fabriquer nos produits de capitaux machines et de capitaux humains.  Lorsque le gâteau augmente, c'est grâce aussi bien au détenteur de capitaux qu’au travail des ouvriers. Il serait donc normal que le bénéfice soit équitablement partagé entre les capitaux humains, les capitaux des actionnaires et le renouvellement de l’outil de travail. La finance est alors remise à sa place comme un moyen d’échange.

J’ai dit.
Louis Peyé. Septembre 2005

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