dimanche 9 janvier 2011

L'Individu face à l'emploi

La Crise modifie sensiblement les mentalités, tant des salariés que des entrepreneurs.

L’Homme est face

1. aux nouvelles technologies
qui simplifient le travail humain au point de le concurrencer. Ce qui a pour conséquence d’éliminer de plus en plus les non qualifiés puis ceux dont la qualification initiale devient obsolète.

2. à la mondialisation
La course à la rentabilisation pousse l’industriel devant deux choix stratégiques :
1° l’automatisation de son usine dans son pays d’origine
·      ce qui supprime des emplois
(L’usine de Danone dans le Nord a une rentabilité supérieure à ses concurrents
hexagonaux en produisant 60 000 T/ an malgré cela, cette unité va fermer
pour permettre à une unité de 160 000 T/an de voir le jour)

2°l’industriel délocalise sa production pour se rapprocher de ses consommateurs
·       sans rien apporter à son pays d’origine
( Danone va construire une unité à très grande capacité en Chine et ne fera pas travailler les ouvriers Français mais Chinois)
La délocalisation et la mondialisation permettent des gains de main d’oeuvre substantiels entre le prix d’un ouvrier français et celui d’un autre pays
Le coût de traitement d’un chèque se comptabilise en dizaine de francs sur l’Hexagone, alors qu’il se comptabilise en centimes en Malaisie.......

3. aux aides de l’Etat
qui espère modifier la courbe du chômage endémique .
C’est paradoxal !
1° Si un plan social coûte globalement et moyennement 300 000 F (en 96) par Homme licencié à l’entreprise, celui-ci grâce aux différentes dispositions existantes permet un retour sur investissement dès la 2° année.
    Ainsi certaines entreprises dégraissent tous les 2 ans avec des plans sociaux pas toujours réussis
    Ces restructurations ont permis un essaimage de petites entreprises de sous- traitance particulièrement performantes quand elles ont réussi. Dans le cas contraire, combien ont failli avec le cortège de blessures humaines parce que mal préparées.?

2° Lorsqu’un industriel qui n’a pas l’âme d’un négociateur, licencie moins de 9 salariés par mois, il n’est pas obligé d’en avertir préalablement la D D T E mais seulement à posteriori. L’indélicat entrepreneur peut alors embaucher des C.I.E. prétextant des changements de poste (ou du moins d’intitulé)

En quelques lignes nous comprenons que l’embauche d’hier est devenue une image d’Epinal. La réalité oblige, non à philosopher, mais à s’adapter à ces nouvelles donnes sous peine de se retrouver au chômage quelle que soit notre appartenance socioculturelle.

Nous pouvons dégager aujourd’hui quelques pistes à suivre, éviter quelques errements tout en entrevoyant des potentialités préalables personnelles qui faciliteront l’embauche.
Il devient indispensable que le candidat à l’emploi ait certaines aptitudes innées ou acquises

Le sens de la mobilité
L’entrée sur un poste de travail avec pour but la retraite n’est plus un but viaible
Aujourd’hui non seulement l’individu devra changer vraisemblablement de métier, d’entreprise au cours de sa vie, mais aussi accepter de changer aussi de région, voire de pays.
L’individu doit, aujourd’hui, se connaître suffisamment bien pour savoir utiliser toutes ses compétences, savoir optimiser son potentiel interne et intellectuel, émotionnel, physique.
Hier le « mobile - dans le sens d’itinérant -» de l’entreprise était considéré comme un aventureux, un carriériste, aujourd’hui, il est la normalité- surtout s’il est cadre.

L’esprit d’équipe
L’individualité pure et dure a vécu. Plus aucune découverte n’est l’apanage d’un seul. L’Entreprise devient un milieu ouvert : l’aboutissement d’un projet est l’effet de tous. Chacun possède une parcelle du savoir, de la compétence, de la technicité de l’entreprise. La valeur de celle-ci est composée d’individualités ouvertes sachant communiquer entre elles, recueillir l’information à l’intérieur et à l’extérieur pour la partager avec l’ensemble de l’équipe tout en acceptant la critique sur l’échange. (La bonne communication est de savoir repérer l’important de la masse des informations). L’entreprise devient une aventure collective où tous se lient contre l’adversité du dehors. La concurrence est mondiale.

Avoir le sens des réalités
Regardons ces grandes administrations pléthoriques dont les agents vivent sur une petite planète, la leur, bien au chaud et protégés, elles continuent de fonctionner comme par le passé en dehors des réalités du terrain. Elles sont encore très tatillonnes et le pragmatisme pas plus que la réalité économique ne sont entrés dans leurs réflexions, même si leurs différents ministres de tutelles leur rappellent très souvent qu’ils sont au service du public. Les habitudes, les acquis perdurent.

Le terrain, la réalité c’est le client qui achète un produit, un service, un prix sous conditions. Il faut se rappeler que le prix du travail a été divisé par deux voire par trois sous le coup de la rentabilité par la motorisation. La réalité est de connaître les contraintes du client et de s’y adapter.

qui est le client ?
·      c’est le consommateur de services ou produits consommables
·      c’est le banquier à qui l’on vend un prévisionnel pour avoir un encours
·      c’est son partenaire qui veut aller à la montagne alors que l’on s’imagine déjà sur la sur la plage les orteils en éventail.
·      c’est son futur patron à qui on vend son « employabilité »

Connaître son potentiel exploitable.
Je suis jeune, je sors de l’Ecole avec une qualification.
Alors pourquoi je galère pour accéder à un poste de travail pour lequel j’ai étudié et investi ?

L’Entreprise embauche des personnes « immédiatement opérationnelles » . L’ Entreprise n’est plus assez riche pour s’offrir des erreurs liées à l’embauche, de l’ « à peu près », des individus non confirmés dans leurs savoir et compétences. L’Entreprise embauche sur des résultats obtenus, sur des réalisations vécues et qui peuvent se renouveler.

Il faut pour ce jeune un diplôme attestant son savoir théorique plus un ou des passages obligés en stage dans l’entreprise. Ainsi il peut se prévaloir de sa potentialité opérationnelle.

Le plus âgé ne peut plus se laisser aller sur les acquis d’un diplôme, fut-il prestigieux.

Il devient indispensable, avant toute démarche de recherche d’emploi de changement de poste, de fonction de se demander :
Þ  qu’est ce que je représente comme valeur pour mon entreprise ?
Þ  quelle est ma valeur ?
Þ  qu’est ce que je vaux ?
Þ  qu’est ce que je peux rapporter en terme économique visible ou indirect
Þ  quelle est ma plus value par rapport à la concurrence ?
Þ  quelle est mon « employabilité » : qu’est ce qui fait que mon employeur va acheté ce que je suis ou pas?
Þ  plus on évolue, plus on acquiert de l’expérience. Celle - ci est elle achetable ? négociable ?
Þ  ne faut-il pas la consolider par une formation dont mon entreprise aura besoin demain ?

Il faut redevenir « chasseur », être disponible, à l’écoute de notre monde. Monde impitoyable pour le laissé pour compte, monde exaltant pour celui qui agit sur le monde parce que relié au grand courant qui le métamorphose. L’ « Homme toupie » est condamné, l’Homme qui sait s’arrêter pour se remettre en question, s’adapter est un Homme qui poursuit sa route, que l’ Employeur recherche.

Offrir ses compétences
Bien des personnes touchées par la crise, viennent nous voir en se présentant en tant que demandeur d’emploi. Qu’est ce qu’un employeur peut faire pour lui ? RIEN !

Aujourd’hui, le monde a besoin d’individus qui ont des compétences, des idées, de l’argent, de l’enthousiasme et le désir de réussir, des individus actifs qui ont des projets réalistes permettant d’enrichir - dans tous les sens du terme- leur entourage.
A présent, il faut un projet professionnel réaliste, valable, employable et servi par un individu enthousiaste et motivé par l’idée de la réussite de son entreprise, de son but. C’ est ce projet qui va être acheté par l’employeur
Au fil de la lecture, nous nous apercevons que celui qui est handicapé dans sa progression professionnelle est celui qui est inhibé, dont la personnalité, le « je suis » est pauvre, faible ou anxieux.

A contrario, pour perdre sa place, pour éviter de trouver un emploi, pour acquérir les qualités indispensables au devenir glorieux d’ « assisté » et de parasite il faut :
·      refuser tout changement de poste, de cadre de vie, de secteur, de région.
·      rester accroché à son  poste de travail comme l’arapède jusqu’au licenciement pour enfin crier à l’injustice.
·      compter sur sa formation initiale et refuser toute modification, transformation, évolution professionnelle en contemplant béatement - comme la vache dans son étable par une ouverture - le T G V  qui passe.
·      jouer tout seul dans son bureau, s’approprier le travail de l’équipe, faire de la rétention d’information,
qui sont les plus sûr moyens de se faire accueillir par les agents de l’A.N.P.E.

Soyons réalistes. Il y a des métiers qui se créent, d’autres qui disparaissent ou du moins qui se transforment..Des secteurs entiers, hier porteurs d’espérance, ne sont plus au palmarès des rentes de situation. Hier l’Instit, le Curé et le Docteur étaient notables. Aujourd’hui ?....

Celui qui ne sait quoi faire est sûr de réussir son entrée dans l’armée des assistés . DARWIN, en son temps, nous apprenait que la sélection s’effectue au détriment des plus faibles. Cette loi de la vie est toujours d’actualité même si la Politique essaie d’en reculer les effets. Actuellement, sitôt accédé au premier emploi, Il faut l’intégrer rapidement puis préparer le second, le troisième et ainsi de suite.
·      Se tenir constamment en éveille
·      Observer les changements
·      Repérer les valeurs montantes et celles qui s’estompent
·      S’informer et décrypter (Nous sommes dans l’air de la communication)

Celui qui sait domine toujours l’ignorant



A chaque âge son interrogation.

De 20 à 30 ans
 C’est le premier emploi, les premières expériences professionnelles c’est l’âge où il faut
·      apprendre à se connaître et reconnaître ses points forts et ceux à améliorer
·      discerner si notre formation initiale est en adéquation avec notre poste de travail, il est temps si cela n’est pas le cas de trouver des « ponts ou des passerelles vers d’autres horizons »

Dès trente ans
·      ne pas s’encroûter
·      être vigilant. Les compétences sont interchangeables
·      c’est l’âge où on a tendance à avoir le « nez dans le guidon » et à être obnubilé par un but
·      c’est l’âge où le chef hiérarchique exploite aux mieux les compétences de ses subalternes. Il presse le « citron » dit -on.
·      c’est l’âge où il faut
·      s’intéresser à tout
·      accepter ce que l’on est réellement
·      il est temps de prendre l’initiative pour le déroulement de sa carrière
·      pierre qui roule, n’amasse pas mousse disait-on, mais amasse l’expérience négociable de demain.
·      faire le point et voir si le poste occupé est en adéquation avec sa formation exigée pour le poste. Ne pas hésiter à s’arrêter pour acquérir une formation complémentaire et retourner à l’Ecole.

Dés 40 ans
A partir de cet âge, on a suffisamment d’expérience et de flair pour :
·      aller au devant des événements
·      accepter que la garantie de l’emploi passe par le « je suis » capable de ...., plutôt que par les textes législatifs
·      raisonner en termes de projets
·      se remettre en question  constamment, s’autoévaluer sans concession
·      que le savoir être passe avant le savoir faire
·      que le pouvoir faire évolue vers un vouloir faire réaliste
le « quadra » doit accepter maintenant d’être un mercenaire au service de son entreprise.

Dès 50 ans
Est on vieux ou encore jeune ?

Vieux, on peut accepter la mise au placard doré ou la préretraite et cultiver son pot de fleurs.

Jeune à cinquante ans, la vie recommence.
Sartre, Rousseau, Renan ont attendu d’être « quinqua » pour se lancer dans l’écriture.
Ce qui reste devant soi, paraît si peu, que l’on connaît la valeur du temps. Ce qui reste à faire nous semble assez important pour occuper au mieux ce temps qui glisse si vite et que le « quinqua » a peur de ne plus maîtriser.
Þ  c’est le temps du passage au « Je suis ». Ce « Je suis » qui patiemment a mûri et maintenant donne toute sa saveur.
Þ  c’est le temps de la création
Þ  littéraire ou culturelle pour certains
Þ  d’entreprise
Þ  c’est le temps où l’on veut passer à la postérité, c’est le temps de la réalisation
Þ  c’est l’âge où les ailes sont assez fortes pour envisager l’envol
Þ  c’est l’âge des missions impossibles réussies si l’on reste dans l’entreprise
Þ  c’est l’âge où les meilleurs sont devenus indispensables
Þ  ils sont la mémoire du savoir faire
Þ  ils ont l’expérience
Þ  ils sont la sagesse, les piliers, les caps Horniers à condition de ne pas attendre la retraite anticipée...
Þ  celui qui sait se remettre en question, s’informer sur son domaine de compétence, n’est pas prêt de prendre sa retraite : d’ailleurs il est trop jeune pour cela.




Cannes Décembre 1996

Louis P E Y E

1 commentaire:

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