dimanche 2 janvier 2011

Comprendre la Programmation Neuro Linguistique. 1ere partie

Il y a quelques temps, Monsieur Florian Sala, Directeur du Département DRH d'une Commercial High Scool, avec des yeux taquins, me demandait : "d'où viennent nos pulsions ? pouvons nous agir sur eux ? " Bien qu'ayant évoqué ce sujet dans mon exposé sur la Motivation, force est de constater qu'il y avait encore du travail à fournir. Ainsi est né cet exposé que je vous livre et j'espère cher lecteur, que tu auras à coeur de le creuser. Ce faisant, ta connaissance de l'humain s'en trouvera renforcer.

      PNL : Approche des fonctionnements comportementaux de l’homme

Le premier postulat qui régit les fondements de la P.N.L. (Programmation Neuro Linguistique) est que : "l’homme n’est pas uniquement sa perception". Derrière cette assertion se cache tout le processus de prise en compte par l'Homme de la réalité de l’environnement dans lequel il évolue depuis sa naissance jusqu'à sa mort, son environnement, son cadre de vie qu’il subit ou oriente.
Celui qui reste prisonnier de son passé est incapable de « jouir et agir » dit Freud. La nostalgie du passé, les joies et les souffrances de l’enfance, la méconnaissance du « qui-suis-je ? », pèse sur nos vies d’un poids d’autant plus grand qu’il est méconnu. L’ombre de cette méconnaissance est d’autant plus effrayante que notre conscience la grandit de manière d’autant plus diabolique qu’elle en déforme les contours, d’autant plus hallucinante qu’elle nous trompe et nous leurre comme un psychotique puissant.
Il est intéressant de comprendre comment s'élabore le « je suis » et pour d’autres le « moi-je » et de mettre en évidence ces différents niveaux, ses différents plans en quelque sorte, en essayant d'associer chacun d'eux aux autres plans ou niveaux connus. C'est ce que nous nous proposons de faire ici, puis d'étendre cette notion de l’homme à une réalité plus grande qui pourrait être qualifiée d'universelle et de voir comment l'Homme est capable de percevoir cette réalité à travers son individualité. 
Ne perdons jamais de vu que la communication commence à l’intérieur de nous-mêmes et qu’elle est le résultat de perceptions strictement personnelles de notre environnement. Nous ne pouvons exprimer que ce que nous sommes. Emerson disait « ce que tu es crie plus fort que ce que tu dis » Cette expression sera un mélange de plusieurs plans de notre individualité subconsciente qui se traduiront sur une succession de plan arbitraire comportemental :
  1. Le Plan physique
  2. Le plan émotionnel
  3. Le plan de l’inconscient
  4. Le plan mental ou raisonnable
  5. Plan causal
  6. Plan spirituel
sur lesquels nous allons revenir plus en détail au cours de cette étude.
Il est bien évident que pour expliquer, nous allons devoir expliciter différents phases et plans, afin de faciliter la compréhension du lecteur. Cette procédure n’a de valeur que pédagogique afin d’en rendre plus facile la lecture. Il est indispensable de ne jamais perdre de vue que l’homme est UN et indivisible et que chaque séquence interagit sur tous les autres en permanence. Ce faisant, chacun pourra enrichir l’étude. Chaque apport d’analyse améliorera, précisera la synthèse. Il y a un véritable échange entre ce qui est perçu par le Plan physique et les autres plans. Dans le premier, les sensations proviennent de l’extérieur, pour ensuite être « malaxées, transformées » avec ce qui se passe dans les autres parties de l’Etre et qui vont être restituées, concrétisées, matérialisées par l’individu, d’où l’unicité de l’homme malgré la multitude des hommes et de leurs cultures. Dans ce qui est inné, de ce qu’il acquiert, que va-t-il faire de ce qu’il est, pour lui et les autres ? 
Chaque homme construit donc, par la manière dont il perçoit l'ensemble de ses environnements successifs et son interaction avec eux, sa « vision » de la réalité qui lui sert à se diriger et s'exprimer tout au long de sa vie.
Plus il prend de l'âge, plus il acquiert d'expériences de cette réalité, et plus il étoffe et détaille sa vision, sa perception, son « Je suis », son « moi-Je ». Et plus il la consolide et plus il pense qu'elle est la réalité, et il lui devient donc plus difficile de la remettre en question. Or rien n’est immuable, tout change,se transforme, se modifie sans cesse. Un sage chinois a dit un jour : " il n'y a qu'une chose qui ne change jamais, c'est que tout change" . La Vérité n'est donc pas absolue, il apparait même qu'elle ne soit que relative selon comment on l'examine. Nous pouvons observer "la vérité" dans le temps et que constatons-nous ? "Ce que l'on a appris comme une "loi" lorsqu'on était étudiant, et qu'on l'a mise en oeuvre avec zéle pendant toute sa vie intellectuelle ou professionnelle, celle devient vite un dogme impossible à constester par soi donc sans remise en cause personnelle possible désormais. Et malheureusement les catastrophes interviennent lorsqu'on ne distingue plus le réel de notre virtuel à force de regarder le concret avec "une grille de lecture obsolète" nous dit Malakine.
Cette vision s'élabore peu à peu en s'étalant sur six plans évoqués successivement. Chacun d'eux est en induction avec un ou plusieurs systèmes, une manière de penser, un niveau de conscience, de nature et d'origines différentes.
Chaque vision est également en relation avec une inscription qui va permettre à l'homme de parler de cette partie de sa vision, de la partager, de l'expliquer, de la comparer avec celle des autres (supposées à priori identiques).
Cette inscription est représentée par le langage, le vocabulaire et sa structure – qui est propre à la linguistique et propre au groupe d’appartenance de l’individu, de son éthos, de son habitus primaire et secondaire. Nous savons qu'elle peut sensiblement varier au cours du temps, des âges de l'homme ou des milieux socio-culturels dans lesquels elle s'élabore. Par exemple le terme « poulet » n’a pas le même sens aujourd’hui qu’au XVIII° Siècle. Quand aux "échanges de vision" ils passent, bien évidemment, par la communication au sens le plus large envisageable.
Tout d’abord, le plan, qui sert d'assise à tous les autres, est celui qui relie l'homme à ses sens, à ses sensations animales : le Plan Physique. L’homme fait d’abord confiance à ce qu’il voit, qu’il touche… avant de se préoccuper de ce qui est en lui. C’est lorsque le ventre est plein que l’homme peut philosopher, non avec un ventre vide, à la condition qu’il soit curieux pour oser évoluer.

Le Plan Physique

Il faut se rappeler que les sensations qu’il recueille viennent de l’extérieur et vont vers l’intérieur et c’est là qu’il va les interpréter subjectivement comme vraies selon la perception strictement personnelle de ses sens.
Ce plan correspond à l'infrastructure de sa perception, à ce que l'homme peut expérimenter avec son corps physique, depuis le fonctionnement implicite de ses systèmes internes jusqu'à la prise de conscience de ses sensations.
Sa perception se constitue dés sa naissance en utilisant l'ensemble de ses sens. Elle permet à l'homme de dire: « je suis, je vois, je goûte, je sens, je touche, j’entends, j'ai conscience de mon corps et de ce qui l'entoure » – sensations physiques et aussi son environnement culturel et personnel. Elle se situe au niveau du « je » du corps physique et est apparentée au subconscient biologique, culturel et personnel par les différents sens.
Elle représente les fondements de l'environnement humain. C'est la mise en place des grandes lignes, ces éléments classés "immuables", ceux que l’on ne remet jamais en cause, parce que sous-tendus par des perceptions unanimement reconnues par tous. Nous allons approfondir ces différents sens que sont le «V»isuel, l’ «A»udition, la «K»inesthésie, l’«O»dorat, qui sont les récepteurs les plus connus. Ils sont si prégnants, ils nous conditionnent tant qu’il est indispensable de comprendre le mécanisme de chacun d’eux. Ils ne sont pas mesurables de la même manière pour chacun de nous. Nous allons nous attarder sur les différents espaces de nos récepteurs et comment ils nous renseignent. J’aborderai peu la proxémie, pas du tout la puissance musculaire d’un athlète, les différences morphologiques entre enfants et adultes, bien que ces critères doivent être pris en compte lors de notre réflexion. À chaque âge et à chaque sexe sa vision.
Espaces visuels et auditifs.
Espace visuel : les quantités d’informations fournies par les yeux sont innombrables. Le nerf optique contient 1.2 million d’axones (fibres) alors que le nerf cochléaire n’en contient que 30 000, soit environ 40 fois plus de neurones que le  nerf cochléaire. Ce qui fait que les yeux recueillent milles fois plus d’info que n’en donnent les oreilles. L’oreille est efficace dans un rayon de 6 mètres environ. A 30 mètres la communication reste possible à la condition que le rythme soit plus lent comme pour la communication téléphonique. Au-delà de cette distance, la communication audible devient problématique, voire nulle. Par contre, l’œil peut sans aide extérieure enregistrer une extraordinaire quantité d’information dans un rayon de 100 mètres et demeure encore un moyen de communication efficace à 1 km et demi.
Au niveau de la mer, à la température de 0° centigrade la vitesse du son est de 330 mètres/seconde et les ondes sonores sont audibles à des fréquences de 50 à 15.000 cycles à la seconde. La vitesse de la lumière est de 300 000 km/seconde et le rayon lumineux est visible à des fréquences de 1015 cycles à la seconde. A une distance de 400 mètres, la barrière sonore est pratiquement indécelable. On peut avancer qu’en général, l’information visuelle est moins ambiguë et mieux centrée que l’information auditive. Cependant, une exception majeure est fournie par l’aveugle qui apprend à sélectionner les hautes fréquences acoustiques pour localiser les objets qui l’entoure. Il faut savoir aussi que le son se transmet 4 fois plus vite dans l’eau que dans l’air.
Revenons à l’espace visuel. Piaget insiste sur les rapports du corps et de la vision : « les concepts relatifs à l’espace sont des actions intériorisées ». Par exemple un objet perçu à 1.5 km peut être un arbre, un homme, une tour et plus je m’en rapproche, plus l’objet  vague devient grand, clair et identifiable, structuré. Il faut aussi admettre que la vision de la femme et de l’homme sont de nature différente. Un homme peut être incapable de situer un aliment dans un frigo et demandera où il se trouve, alors qu’il va repérer des pointes de flèches en pierre datant du néolithique dans un désert. Chacun a appris à se servir de son œil d’une manière différente. La façon qu’ont les gens de s’orienter et de se déplacer d’un lieu à un autre relève de leur culture d’origine, de l’acquis (les joueurs de tennis, de foot etc.) Pour le néophyte les courts de tennis sont tous identiques, pas pour le sportif.
Comment est-ce possible ? Ces différences considérables qui séparent les mondes visuels des individus s’expliquent quand on sait que la rétine (qui perçoit les rayons lumineux) est formée d’au moins trois parties ou zones distinctes : la fovéa, la macula et la zone de vision périphérique. Ce qui permet à l’humain de voir de 3 façons particulières. Ces trois types de vision fonctionnent simultanément et se fondent en une seule, inconsciemment.
La fovéa est située au centre de la rétine. Elle présente l’incroyable densité de 160.000 cellules par millimètre carré. Elle permet à l’individu de voir avec une très grande précision un petit cercle dont la taille peut varier, selon l’individu, entre ¼ de millimètre à un ½ centimètre à une distance de 30 cm. La fovéa existe aussi chez les oiseaux et les singes et cet héritage nous vient de la nuit des temps. Elle permet des tas d’activités comme retirer une écharde, enfiler le fil dans le chas de l’aiguille, graver, écrire. Sans elles n’existeraient ni machines outils, ni microscopes, ni téléobjectifs, ni science, ni technologie.
Autour de la fovéa, se trouve la macula, formée de cellules sensibles à la couleur. Elle couvre un angle visuel de 3 degrés dans le plan vertical et un autre de 12 à 15 degrés sur le plan horizontal. L’homme l’utilise en particulier pour la lecture, c’est la vision centrale.
La vision périphérique permet de percevoir les mouvements sur les côtés quand le sujet regarde droit devant lui. Cet endroit est moins pourvu en cellules nerveuses, la vision est moins nette, plus grossière, ce qui privilégie la perception du mouvement. Son angle de perception est d’environ 90° d’une ligne qui passe par le milieu du crâne. Les yeux sont en perpétuels mouvements très rapides, et bien que la vue ne soit ici d’une très grande précision que sur un angle d’un degré, l’œil va saisir une infinité de détails, de couleurs, de formes, de volumes.
La vision stéréoscopique permettrait de percevoir les profondeurs défendent certains ;  d’autres pensent qu’elle représente une des dimensions de l’expérience visuelle de l’individu. James Gibson (psychologue de l’Université de Cornel –USA-) distingue non pas 1 mais 13 systèmes différents au moyen desquels l’homme en mouvement (un sportif en action, un aviateur, un pilote sur route…) obtient la perception de la profondeur. De plus les perceptions sont différentes entre l’Orient et l’Occident. L’occidental perçoit les objets mais non les espaces qui les séparent alors qu’au Japon, les espaces sont perçus, nommés et révérés sous le terme de « ma ».
Les yeux passent en général pour la source majeure d’information que possède l’homme. Cependant il ne faut pas oublier le rôle informatif propre. Car un regard peut aussi punir, encourager ou établir une domination. La taille des pupilles peut traduire l’intérêt ou le dégoût.
L’homme apprend en voyant et ce qu’il apprend retentit à son tour sur ce qu’il voit. Ce qui explique sa puissance d’adaptation et le parti qu’il tire de son expérience passée. Sa perception de percer à jour ce qui « est derrière le visible » prouve que l’expérience lui apprend à modifier sa perception. James Gibson distingue le champ visuel et le monde visuel. Le champ visuel est constitué par des structures lumineuses sans cesse changeantes et enregistrées par la rétine dont l’homme se sert pour construire son monde visuel. Au cours de ses déplacements dans l’espace géographique l’homme a besoin des messages de son corps (kinesthésique, thermique, ouïe) pour assurer la stabilité de son monde visuel. A défaut de ceux-ci un grand nombre d’individus perdent le contact avec la réalité et peuvent tomber dans l’hallucination. On le remarque parfois chez les jeunes addictés aux jeux virtuels de l’informatique.
Espace olfactif : il n’est pas développé chez l’Occidental. L’emploi de plus en plus répandu de désodorisants, tant dans les lieux publics que privés, et sur les corps eux-mêmes, diminue notre espace olfactif. Cela affecte notre mémoire dans la mesure où les odeurs ont le pouvoir d’évoquer des souvenirs beaucoup plus profonds que les images et les sons. Ceux qui ont eu des troubles d’amnésies, suite à un accident, le savent bien. La mémoire olfactive est puissante : combien d’anciens ont dit un jour « bon sang ce parfum – de pain, de café, de fruit… - me rappelle mon enfance ! »
L’odeur est à la base d’un des modes les plus primitifs et des plus fondamentaux de la communication. Les mécanismes de l’odorat sont de nature essentiellement chimique. Combien savent que l’odorat permet de différencier les individus et aussi de déchiffrer leur état affectif ? Combien savent que les éternels amoureux repèrent les cœurs esseulés grâce aux phéromones que nous dégageons à notre corps défendant ? Les systèmes d’information chimique du corps possèdent une spécificité et une précision qui leur permettent d’épouser parfaitement le corps et d’en assurer son fonctionnement dans un vaste champ de circonstances. En France, par exemple dans les villages les jours de marché, chacun savoure les parfums de café, des épices, des fruits et légumes, des volailles fraichement plumées qui s’exhalent contribuant par ces sensations olfactives évocatrices et prometteuses à créer une excellente ambiance de rencontre, une impression de vie, de chaleur. En Provence, les cuisines sont étroites et petites, alors que dans les régions plus au nord, la pièce commune est la cuisine. En Provence, la douceur de l’air – parfumé à la lavande, le mimosa, l’olive, le pin - prédispose les réunions amicales à l’extérieur, ce qui n’est pas le cas dans un climat plus rude. Dans d’autres milieux, certaines personnes plus conscientes que d’autres peuvent détecter l’odeur de la colère chez l’autre à une distance d’au moins 2 mètres. Ainsi, par exemple certains hospitaliers reconnaissent l’odeur particulière du schizophrène. Les Arabes eux, reconnaissent une corrélation entre l’humeur d’une personne et son odeur. Culturellement il est une pratique courante chez eux de « baigner » autrui de son haleine.
J’ai évoqué plus haut que l’espace kinesthésique était indispensable à la vue. Par exemple, au Japon, il manque cruellement de vastes horizons et les habitants vivent dans une sévère promiscuité. Les Japonais ont appris à tirer parti des petits espaces. Leurs jardins ne sont pas conçus pour la vue uniquement, un nombre peu commun de sensations musculaires participe à la saisie d’une promenade dans un jardin japonais. La notion d’espace est alors comprise ici. Aux USA, lorsqu’on interroge les bureaucrates américains sur le besoin d’espace, ils indiquent 3 zones « mentales » :
1° la surface immédiate de travail qui comprend le bureau et la chaise,
2°un ensemble de points situés à portée de bras de cette surface,
3° les espaces définis par la limite que l’on peut atteindre en s’écartant de son bureau pour prendre un peu de distance, par rapport à son travail sans se lever.
Nous constatons que cette distance privée du bureau n’est pas la même en France. Plus ce « territoire » appelé bureau est vaste, plus le locataire est important. Nous retrouvons ce phénomène dans les hôtels où la surface est fonction du prix de la nuit et qui est « calibrée » en fonction de « l’importance » qu’a, de lui-même, le locataire. Un hôtel « F1 » n’a rien à voir avec la chambre d’un Palace. Pour un couple, les heurts corporels sont plus fréquents selon l’espace loué. Une gêne peut s’instaurer si l’horizon est rapproché ou le plafond bas, dans ce cas, une sensation d’écrasement est parfois perceptible.
Les espaces kinesthésique et thermique : ils sont, en général, étroitement liés. Une des facultés de la peau est d’émettre et de détecter les rayons infrarouges. Les états émotifs de l’homme fonctionnent par modifications thermiques de la peau sur différentes parties du corps. Ces états se traduisent par des modifications du flux sanguin, que chacun peut percevoir lorsque son vis-à-vis rougit. Chez les Africains, noir de peau, l’on perçoit cet afflux par le grossissement de la veine frontale dans la région des tempes. On perçoit l’élévation thermique chez l’individu de 3 manières :
1° détecteurs thermiques cutanés si 2 personnes sont proches l’une de l’autre,
2° par l’hyperesthésie olfactive (les parfums fleurent plus forts lorsque la température s’élève)
3° par l’examen visuel.
Il n’est pas rare qu’une femme perçoive l’état affectif de son compagnon jusqu’à près de 2 mètres de distances dans le noir, elle repère ainsi la colère, le désir, et bien d’autres sentiments… que les épouses ou les amantes se défendent de révéler et tiennent à garder secrets. Ben voyons !
En soi, le rougissement du visage dans la colère ou l’embarras, la tache rouge entre les yeux – parfois – indicatrice du « feu intérieur », la transpiration des paumes de la main, les « sueurs froides » de la peur ou l’embrasement de la passion ne sont pas des valeurs anecdotiques. La température est un facteur important dans la façon dont nous vivons l’expérience de la foule et de l’entassement. Par exemple, lors des heures de pointe dans le métro, où odeurs, vue, espaces, chaleur et toucher s’entremêlent, les influences chimiques se mélangent et influencent les émotions de tous et de chacun. La chaleur corporelle est très personnalisée et elle est associée, pour nous humains, à l’intimité comme aux expériences de l’enfance. Le sentiment de gêne ou d’humanité se transmet plus facilement par le toucher que par les yeux. Un regard « brûlant » a souvent besoin d’un toucher pour être conforté.
Il peut y avoir une fusion entre deux êtres lorsqu’un approche l’autre de très près en le regardant dans les yeux et en lui prenant la main. N’est ce pas ainsi que la maman peut communiquer la sécurité à son enfant par exemple ? Le toucher, de tous nos sens, est le plus personnel, le plus intime.
L’extrême sensibilité de la peau aux changements de température et de texture nous apporte deux facultés sensorielles dont le rôle consiste à signaler à l’individu les changements affectifs survenant chez autrui et à lui fournir sur son environnement une information d’une nature particulièrement personnelle. Au-delà du toucher, du physique, l’émotion passe. Le sentiment de l’espace est lié au sentiment du moi qui est à son tour en relation intime avec son environnement.
Ainsi, certains aspects de la personnalité liés à l’activité visuelle, kinesthésique, tactile, thermique peuvent voir leur développement dans la psyché inhibés ou stimulés par l’environnement sans que la personne en ait conscience. Prenons un exemple professionnel : un collaborateur convoqué par son chef pour une explication sur son travail et, par ailleurs, observons deux amants se regardant dans les yeux sur le balcon au clair de lune… Ceux-là sont dans l’incapacité d’écouter la musique pourtant bien présente dans la salle de bal attenante.
Tous les hommes normalement constitués voient, entendent, sentent, goûtent et touchent ce qui les entoure, c’est ce qui leur permet de comprendre – individuellement - comment l’homme perçoit son environnement.  Les "graduations" à l'intérieur de chacune de ces perceptions sont communément admises dés lors qu'il semble nécessaire de les différencier. Par exemple, quand deux hommes parlent de la couleur rouge, même si le mot que chacun utilise pour la nommer est strictement identique, ils ne s'entendent que sur une sensation visuelle supposée commune, associée à une certaine plage de longueurs d'ondes dans la bande des fréquences des couleurs du spectre solaire.
Supposée seulement car il existe les daltoniens, qui, incapables de "voir" cette couleur, parviennent néanmoins à la différencier, à la percevoir, comme une nuance d'une autre couleur, ce qui les rend très difficile à dépister ! Il est clair que, dans ce cas, la couleur rouge d'un daltonien sera forcément différente de celle d'un "homme normal"! Cependant, lorsque l’on effectue le test des couleurs de Lücher, un daltonien n’est pas gêné lors de ses préférences dans le choix de ces couleurs et il réagit comme un individu percevant normalement cette gamme d’ondes.
Néanmoins, avant de continuer, posons donc l'hypothèse que nous soyons tous des daltoniens qui nous ignorions!
Le vocabulaire lié à ce niveau de réalité est ambigu car fondé sur des perceptions qui semblent communes et reconnues par l'ensemble des humains. Or ce n’est pas le cas. Ses limites sont données par le besoin de différenciation évoqué précédemment qui peut cependant être totalement variable d'une culture à une autre : Par exemple, les Amérindiens n'ont que trois mots pour décrire l'ensemble des couleurs du spectre solaire alors que les Esquimaux en ont inventé 27 pour décrire la neige !
Derrière chaque mot de l'instruction se cache, en général, une réalité qui peut être ressentie donc partagée par l'autre : il y a donc peu de sujets de discorde autour de l’expression de l'instruction tant qu'Amérindiens et Esquimaux ne se rencontrent pas !...

Le Plan Emotionnel

A quoi mènent les sensations humaines ? Comment ce niveau peut-il s'exprimer ? Quel en est le symbolisme utilisé et comment peut-on le partager ? Nous sommes dans le domaine de l’émotion. Au niveau physique, il est possible de quantifier la perception d’un sens, ici ce n’est pas le cas.
L’Homme est un être de désir, de pulsions et d’affect, nous dit Laborit.
Nous sommes dans l’émotion, le sentiment. Prise en compte de l’environnement qui l'entoure représenté par le plan Emotionnel. Ce plan est similaire à la nature : est-elle fleurie, luxuriante, variée, sèche, noire, de couleur changeante selon la saison ? Elle correspond à une atmosphère, une ambiance bonne ou mauvaise, à l'univers émotionnel de l'homme, et est habillée d’un symbolisme subjectif propre à chacun, greffée sur ses perceptions, tout un vocabulaire du "ressenti" résultant de la prise en charge de ses sensations à travers les émotions qu’elles génèrent. Et nous savons que sur une échelle de graduation une sensation ressentie varie d’un individu à l’autre. Lorsque l’on demande à un enfant comment il a mal et de le traduire sur une échelle de 1 à 10, il vous indique non son ressenti au mal mais sa résistance personnelle à ce mal, et qui va varier selon qu’il est accompagné de sa maman ou de son papa.
On distingue 4 grands sentiments : la Peur, la Colère, la Tristesse, la Joie qui se mélangent et se déclinent en plus ou en moins selon la richesse de la langue avec laquelle on s’exprime. Pour chacun de ces sentiments majeurs, au moins dans le vocabulaire français, une bonne trentaine de termes vont l’enrichir, lui donner un volume, une ambiance. Si je prends « la peur » on peut dire « confus » ou « angoissé », pour le terme « colère » je peux dire « fâché » ou « révolté », pour « tristesse » je peux dire « mal à l’aise » ou « désespéré », et avec le terme « joie » je peux dire « en communion » ou « exubérant ». Je peux bien entendu mêler 2 sentiments : la jalousie, par exemple, est une dose de colère plus une dose de tristesse (peur d’être abandonné). Attention le sentiment de la jalousie peut être aussi un indice d’autre chose de très différent comme un penchant à une homosexualité latente et souvent inconsciente. La haine est aussi une dose de peur de l’autre et de colère contre celui-ci.
C'est la partie de la perception qui se greffe sur le plan physique, qui va le mettre en valeur, lui donner ses couleurs, l'étoffer en quelque sorte et lui permettre de respirer. Dans la nature, c'est la végétation qui joue ce rôle ; elle est le reflet des terrains et des climats alors que dans une demeure c'est la décoration d'intérieur, le reflet des états d'âme du propriétaire. Chez l'homme c'est toute la palette des émotions que lui révéleront ses sensations du monde qui l'entoure.
Comme nous le voyons, il y a le fait, plus ou  moins bien décrit et perçu par l’individu, et l’émotion qui accompagne ce fait.
Ce plan est celui où l'homme dit: "Je ressens".  Puis, prenant conscience de ce ressenti, il va l'associer à un ensemble de sensations déjà éprouvées. Je vais parler de l’effet « rebond » ou « élastique ». Lorsque l’individu ressent dans un endroit ou lors d’une situation particulière, une sensation déjà engrammée qui, pour lui, est déjà cataloguée en négatif ou positif, en bon ou en mauvais, et donc lié à cet endroit, cette situation qu’il redécouvre, il va l’associer aux précédents ressentis. Le comportement sera bien souvent identique à ceux qu’il a eu précédemment. Chaque nouvelle sensation renforcera toutes les autres de même ordre. Il dira: "J'aime" ou "Je n'aime pas". Selon ses besoins du moment, son expérience passée en ce domaine et l'intensité de ses perceptions actuelles et passées, il déclinera ce qui lui est agréable à travers des émotions de jouissance, de satisfaction, de plaisir, et ce qui lui est désagréable à travers d'autres émotions allant jusqu'à la peur, la colère ou l'agressivité. Il est encore au niveau de son « je », lié à ses sensations et à ce qu'elles lui évoquent.
Dans des cas extrêmes, la perception émotionnelle peut modifier la perception physique. Bien connu est le cas du paralytique qui se lève de son fauteuil pour éviter d’être brûlé par l’incendie.
Les émotions influencent fortement les décisions de chacun. Cela peut paraître une évidence et aussi ne pas aller de soi. Ne dit-on pas que l’homme se fie à sa raison et que les sentiments sont le propre de la gente féminine ?
Arrêtons-nous un moment sur ce chapitre.
En 1848, Phinéas Gage, chef d’équipe des dynamiteurs chargés d’ouvrir la voie de chemin de fer « transcontinentale » américain était en train de creuser un trou dans la roche. Un moment d’inattention fut dramatique. Son pic transperça sa joue et ressortit au sommet du crâne perforant le néocortex préfrontal entre les deux yeux. A’ la stupéfaction de tous, Phinéas se relève, parle, bouge, il est vivant, il est parfaitement lucide. Miracle ! Seul son comportement est différent : non-respect de tout et de tous, allié à des prises de décisions ineptes et incompréhensibles. Les médecins chargés de le soigner ne peuvent que noter les différentes phases de ses attitudes et les comparer avec celles qu’il avait avant l’accident.
Dans les années 70, Monsieur Eliot est opéré d’une tumeur située sur le néocortex préfrontal. Son comportement est similaire à celui de Phinéas.
L’un et l’autre conservent l’intégralité de leurs facultés intellectuelles. Les différents tests effectués ne démontrent aucune perte du Q.I essentiellement porté sur les intelligences logico-mathématiques et lexico-sémantique. Les mémoires courtes et longues ne sont absolument pas perturbées, les capacités d’apprentissages sont intactes.
Pourtant, l’un et l’autre sont incapables de gérer leur emploi du temps journalier selon un plan logique et rationnel. S’il leur est demandé d’effectuer une tâche particulière, celle-ci sera accomplie dans la mesure où elle ne demande pas de choix dans l’exécution. Dans le cas d’Eliot par exemple, si on lui demandait de faire le classement de documents, il était perdu. Fallait-il le faire dans un ordre chronologique ou d’une manière alphabétique ? Cette réflexion était perturbante, la prise de décision presque impossible.
Par ailleurs, les 2 sujets montrent une absence totale d’émotions aussi bien devant leur drame personnel que devant l’exposition de photos dramatiques (incendies, crimes horribles, mutilations, etc…)
Le Professeur DAMASIO, Directeur du Département de neurologie de l’Etat de l’Iowa aux USA, explique ce phénomène après avoir mesuré, testé, comparé les humains et expérimenté des travaux sur des singes, pendant près de vingt ans,  et affirme que « la capacité d’exprimer et ressentir les émotions fait partie des rouages de la raison ».
Il est admis aujourd’hui que les émotions peuvent perturber la décision, le passage à l’acte : le trac de parler en public par exemple. Est aussi troublante, d’une manière inconsciente, la non-expression de l’émotivité. Celle-ci se cristallise et agit à l’insu de l’individu. De ce fait, elle altère le jugement et l’aptitude au raisonnement. Raisonnement et émotivité sont liés comme le démontrent les expériences malheureuses de Phinéas Gage et d’Eliot.
Un Professeur de Sorbonne m’avoua que les jeunes qui sortent du cycle secondaire et entrent en Université sont incapables, pour la plupart, de faire travailler correctement la créativité ET la logique. La formation du néocortex préfrontal est inachevée. Un nombre, non divulgué, de professeurs du secondaire refusent de se remettre en question et donc de progresser. Pour la plupart, ils ont été des élèves soumis et attendent que leurs élèves le soient. Tant pis pour la qualité de l’enseignement, tant pis pour l’avenir de la jeunesse. Actuellement, la qualité du savoir acquis est en régression par rapport à celui dispensé au début du siècle.
Le travail intellectuel est souvent une représentation imaginaire, une construction virtuelle et mentale. Dans nos prises de décisions présentes et futures, les sentiments (joie, tristesse, colère, peur), qui ont généré les émotions plus ou moins fortes et que nous avons enfouis dans notre subconscient, et dont l’inconscient conserve une mémoire positive ou négative, vont fortement influencer ces prises de décision. Le plus souvent à notre insu. Combien de fois, le raisonneur, le « matheux », le pragmatique, le disciple de Descartes va décréter une action non conforme à sa seule logique. Que peut faire cette logique devant la complexité des rapports humains et de leurs incertitudes ? Les sources d’indécisions procurent une angoisse présente à chaque pas que nous faisons. Celle-ci nourrit l’intelligence de l’Homme, sa créativité et le motive à élaborer des solutions nouvelles pour y faire face et se procurer le plaisir de la vaincre.
Que se passe-t-il avant de prendre l’ultime décision ? Nous projetons mentalement la ou les solutions possibles. Souvent une sensation physiologique nous renseigne sur notre état mental. Une bonne nouvelle programmée dilate les vaisseaux sanguins, une catastrophe annoncée peut provoquer des crampes d’estomac. L’émotion ressentie accroît l’efficacité de la décision – positive ou négative.
Peut-on définir le mot é-motion ? Motion à la même racine que motivation qui est un ensemble de critères, conscients ou non, déterminant une action future. « é- », préfixe, indique un mouvement vers le dehors. L’é-motion est donc un ensemble de ressentis qui va de l’intérieur vers l’extérieur. Au cours d’une première rencontre entre deux êtres, l’émotion dégagée par les deux personnes en présence déterminera le futur. Elle commande la communication non-verbale. Elle est colorée par l’habitus primaire et l’Ethos de chacun des protagonistes en présence.
Chacun d’entre nous fonctionne avec son « radar » émotionnel. C’est lui qui va déterminer le degré de confiance, de crédibilité qu’il sera alloué à l’autre. Tout vendeur le sait. Il a 20 secondes pour convaincre……, après c’est plus difficile, on peut dire que les jeux sont faits. À la rentrée des classes, tout se joue dans la première heure. Si le professeur est jugé favorablement par les élèves, même le moins bon dans cette matière rattrapera le peloton. Dans le cas contraire, le meilleur élève dans cette discipline sera handicapé par rapport à d’autres condisciples d’autres classes l’année suivante. Un professeur peut amener un élève ordinaire à faire des choses extraordinaires tout comme le cadre peut obtenir de ses subordonnés un potentiel supérieur grâce à son charisme. Le charisme du chef est particulièrement motivationnel. Celui qui en est démuni a recours à l’usage de la force que lui confère son titre et provoque ainsi la contestation. De ce trouble, qui est responsable ? le chef – ce père symbolique absent - qui ne sait pas imposer ses compétences et aptitudes émotionnelles ou les élèves et les subordonnés ?
L’émotion sert à signaler l’événement signifiant pour l’individu et à motiver les comportements permettant leur gestion. Une émotion se déclenche consciemment et peut, aussi, apparaître à la suite d’une pensée subconsciente. Lorsque le cadre observe son subordonné lors d’entretiens professionnels, ce dernier – par rapport à un fait évoqué – va avoir des réactions en relation avec son vécu, son imaginaire. Le fait est toujours rattaché à une émotion antérieure qui sera renforcée ou inhibée.
Quand il y a déphasage entre le fait et la réaction prévisible, on peut évoquer une cristallisation émotionnelle inconsciente dont l’individu n’a plus la maîtrise. Il est nécessaire d’agir soit en recherchant la cause première par évocation d’émotions et de sentiments, soit en modifiant le comportement ultérieur sur des critères se rapportant à cette cristallisation émotionnelle en effectuant un travail de désensibilisation consciente.
C’est sur ce plan là que naissent les effets rebonds ou « élastique ». Pour le décrire, prenons l’exemple de l’archétype du père qui représente l’autorité. Elle constitue le « Sur-moi », l’apparition d’une contrainte, la prise de conscience d’une réalité extérieure. Si celle-ci s’est manifestée d’une manière négative, une peur s’est instaurée dont le degré peut être plus ou moins élevé. Un souvenir, lié au sentiment ressenti, reste  imprimé dans l’inconscient, et celui-ci ressurgira à chaque fois qu’une occasion jumelle se présentera dans la vie de l’individu. Dans le cadre de ressenti d’émotions négatives, on constatera des « évitements » pouvant aller jusqu’à des inhibitions, sans que l’individu en soit conscient, pour lui c’est naturel : le vouloir est entamé par un savoir enfoui et son pouvoir agir ignoré. Deux Écoles s’affrontent pour résoudre cette problématique, celle du « pourquoi », est-ce arrivé, et trouver la source dans l’inconscient pour solutionner, et celle du « comment » rendre à l’individu ses moyens d’action en toute liberté.
En 1954, deux chercheurs américains, Olds et Milner découvrent, au niveau des centres cérébraux des voies neuronales le « médial forebrain bundle » qu’Henri LABORIT appellera « faisceau de la récompense ». En effet les tests de laboratoire démontrent que, lorsque ce faisceau qui unit pulsions, mémoire, affectivité, sociabilité est mis en jeu il entraîne une stratégie aboutissant au plaisir, à la répétition de l’acte gratifiant. Cette action maintient et restaure l’activité cellulaire de l’organisme. Le cerveau ne sait pas nuancer le rêve de la réalité, il ne sait pas distinguer les plaisirs que nous créons nous-mêmes de ceux qui nous viennent de l’extérieur comme la drogue, l’alcool et, même, les cérémonies rituelliques à connotation magique qui sont souvent, pour les Frères en religion ou Maçonnique, des  addictions similaires à la cocaïne qui asservissent l’homme. La cigarette apporte des sensations de plaisir et autres, c’est vrai aussi qu’il y a des dégâts physiologiques et neurologiques, tandis que notre réussite, notre créativité donnent un plaisir en nous rendant gai et souvent nous « gai rit » de la « mal a dit ».
Nous évoquerons aussi les messages, positifs ou négatifs, qui encombrent notre cervelle et qui, alors, nous assourdissent nos oreilles de bruits parasites, comme ceux que nous procure notre « Smartphone » préféré, éteignant alors notre petite voix qui nous vient du fond du cœur.
Revenons à l’étude de l’œil. À plus de 4 mètres, soit environ deux fois  notre taille, la silhouette humaine est vue dans son ensemble et perçue comme une totalité. À cette distance, elle ne parait « n’avoir qu’un faible rapport avec notre propre personne » ; ce n’est tout d’abord qu’un objet qui a une forme humaine mais qui ne nous permet pas d’éprouver de la sympathie ou de nous identifier avec ce que nous regardons. Cela ressemble fort à la cible d’un stand de tir. Ce phénomène tant physique que l’absence de tout sentiment émotionnel nous permet de comprendre qu’un soldat est une forme humaine qui n’a pas plus d’intérêt qu’une représentation « cible » que l’on doit toucher. Il en est de même lors d’un match de tennis où, bien que les deux adversaires, se connaissent et se serrent la main, une fois sur le court, l’autre perd toute connotation humaine. La « chaleur » personnelle du soldat ne le trouble pas. Mais si la distance normale de l’intimité sociale et de conversation courante, « l’âme » du modèle commence à transparaître – moins d’un mètre en général – la présence de « l’âme » est trop accaparante pour permettre aucune observation désintéressée. C’est ce qui se passe lors d’un combat sur le tatami, les judokas n’ont pas cette distance, l’odeur, la distance, le toucher, les borborygmes émis, trahissent l’âme de l’adversaire. L’émotion est maîtresse de la situation, en bien ou en mal, d’où le besoin impératif pour un asiate de savoir maîtriser cette émotion avant de s’engager dans le corps à corps propre au sport rapproché.

Le Plan de l’inconscient
A’ travers lui, l'homme est sensible à toutes les formes de conditionnements qui modèleront son comportement et ses réactions tout au long de sa vie. Cet inconscient tient également compte de plusieurs héritages que l'homme trouve dans son berceau dès sa naissance. Comme nous allons le découvrir, la culture que l’homme acquiert, l’influencera sa vie durant. Ce qu’il aura appris ou non le servira ou pas. Mais ce qu’il n’a pas reçu en héritage parental ou culturel par un habitus primaire ou l’ethos, bien que conscient ou avide de le posséder, il aura du mal à le saisir : il n’a pas eu de modèle et cela lui manque. Nous traiterons plus en détail les inconscients culturels qui nous viennent de nos parents (habitus primaire), de l’inconscient collectif (l’éthos), de l’environnement géographique, de la génétique et enfin du karmique.
1.       héritage culturel lié au milieu et au sein duquel il s'est incarné, ses parents, ses aïeux qui peuvent cacher bien des surprises. Il faut ici considérer deux aspects : la biologie des deux parents, et dont les défauts et qualités physiques se retrouvent chez l’individu, ET les qualités et faiblesses des talents psychologiques des deux parents comme nous l’explique la méiose et la phylogénèse. Nous avons plusieurs exemples de talents autant que physiques que les parents donnent aux enfants : un parent sportif communiquera son goût du dépassement de soi dans un sport comme nous le constatons avec la famille Noah, bon tennisman et dont le fils est excellent joueur de basket, ou aussi dans la littérature avec Dumas ou la musique avec Mozart fils et pères……
Ces exemples nous montrent des prédispositions à …… et ici nous pouvons émettre toutes les caractéristiques des talents d’aptitudes et les facilités à aborder et comprendre tels et tels sujets d’apprentissage d’acquisition de compétences et aussi les prédispositions à utiliser tels sens physiques plutôt que tels autres. Plutôt math ou plutôt littéraire, plutôt visuel ou plutôt auditif ?
Bien entendu, si des talents se transmettre de parents à enfant à travers l’ADN, il est aussi tout aussi certain que d’autres affects vont aussi passer d’un père au fils, d’une mère à la fille. Bien que soient cachés les secrets honteux de la famille – coucherie, enfants adultérins, rébellion face à l’interdit, aux tabous, transgressions sexuelles, incestes, mauvaises vies, prison, et qui ont laissé des traces dans nos engrammes, peuvent avoir sur le sujet une influence qui, au détour d’une circonstance spécifique, se révéleront comme une damnation implacable : l’enfant reproduisant le modèle du parent, des grands-parents. Anne Ancelin Schutzenberger évoque la loyauté invisible qui nous pousse à répéter, que nous le voulions ou non, que nous le sachions ou pas des situations agréables ou des événements douloureux. En être conscient peut nous rendre libre et aussi, peut-être, éviter à nos enfants les erreurs ou mauvaises interprétations dont nous avons été les victimes. Quoi que sur ce dernier point, cette vérité est loin d’être scientifique.
Parfois, nous assistons à une réaction d’un sentiment vécu par l’enfant : pourquoi mon père est décédé de cette maladie et le fils devient médecin, pourquoi le « bandit » m’a privé de mon papa et le fils devient gendarme, etc. N’oublions pas toutefois que pour aller dans une direction, la nature à besoin de faisceaux concordants et convergents. Le fait présenté est soutenu par d’autres talents permettant sa réalisation.
1.       L’héritage de l'inconscient collectif est lié à l'évolution des habitants dans le temps et l’espace, où l’inconscient culturel est prégnant. Je prendrais quelques exemples de cette diversité. Il semble que l’environnement géo-spatial, les langues, les invasions, les mélanges entrent en ligne de compte dans le comportement inconscient de chacun.
Il faut prendre aussi en compte la latitude et l’environnement physique de notre Terre. Si je prends les parties situées au nord du 30° latitude, le féminin l’emporte sur le masculin. On le constate au nord de cette latitude, le froid est plus intense, la lumière moins crue. Le sens de l’intuition est plus sollicité, la sensation thermique exacerbée, l’oreille aussi. Il semble que la femme soit mieux adaptée dans cet environnement que l’homme. Alors qu’entre les tropiques du Cancer et du Capricorne, dans les déserts, là où la terre est aride par le manque d’eau où seul l’élevage est possible, où le soleil est implacable, les ombres marquées, la femme est beaucoup moins considérée. Inconsciemment, l’homme et la femme vont avoir un comportement très différencié où le soleil, la chaleur et la lumière dispensée, jouent un rôle prépondérant sur la psyché humaine. Les rapports sont plus harmonieux aux alentours du 45° parallèle. 
Si dans le premier plan, nous avons indiqué que les sensations venaient de l’extérieur pour être malaxées à l’intérieur, ici nous avons un ressenti qui vient de l’intérieur et se propage vers l’extérieur. Je vais illustrer ce propos par la porte ouverte et la porte fermée. Un Allemand par exemple, a besoin d’un territoire à lui et clos. La porte est pour lui une frontière que personne ne doit franchir, elle l’isole. Il se sentira violé si en regardant par la porte ouverte et le voyant, je ne lui demande pas la permission d’entrer. À contrario, si la porte est ouverte, ce qui est devant fait partie de son territoire, il se l’approprie. Nous l’avons vu lors du départ de la Seconde Guerre mondiale, l’avance allemande fut foudroyante. Par contre les Américains travaillent porte ouverte. On peut passer la tête dans une pièce, si la main est sur le chambranle, « l’intrus » respecte l’intégrité du territoire de l’Américain. L’Allemand donne une impression d’avoir un comportement rigide, méticuleux, intransigeant et solennel.
Nous constatons aussi une convergence de comportement entre Européens. La densité d’habitants, les guerres, les réconciliations, des vécus communs et des organisations semblables, une culture religieuse (le catholicisme et ses dérivés) et une forme politique identique (la royauté, puis la démocratie), les mélanges dus aux mariages et viols liés aux incursions des envahisseurs a favorisé le sens de l’humanisme, les rapports humains, alors que les Américains sont surtout soucieux des horaires et ne se soucient que peu de l’espace et ne l’organisent que rarement et seulement en fonction des besoins publics.
L’humain est très sensible au statut social, de sa Catégorie Sociale d’appartenance. Par exemple, un Lord anglais est et restera toujours un Lord et ce, même s’il habite à côté de chez vous dans un HLM parce qu’il est plus ou moins ruiné, jamais il ne vous saluera et n’autorisera ses enfants à jouer avec les vôtres si vous n’êtes pas de sa classe.  Aux USA, l’importance de votre avoir, la cylindrée de votre voiture, l’adresse où vous habitez, signalera l’importance de votre rang. Le moins riche rend hommage à celui qu’il sait être mieux loti que lui en stock-options.
La nature extra ou intravertie va différencier l’interlocuteur. Un Américain se moque d’être entendu par ses voisins lors d’une conversation téléphonique, alors que l’Anglais est particulièrement soucieux de la discrétion. Pourquoi ? Dés la plus jeune enfance, les anglais sont élevés ensemble et vont ensuite dans une public School souvent en internat, et donc vivent en permanence dans une certaine promiscuité. L’Américain, dés sa petite enfance possède sa chambre, son coin. Il travaille dans un bureau – ouvert – et est en permanence à la disposition de tous où il répond à la sollicitation de celui qui passe la tête dans son bureau et auquel il répond sans retenue. Pour l’Anglais, l’Américain est un être mal élevé, sans éducation.
Le Français accorde à sa vie sensorielle une grande importance. Elle apparaît dans notre façon de manger – couleur et odeur des aliments présentés – notre façon de recevoir, de parler et d’écrire, très colorée, avec des métaphores où l’émotivité ressort sans cesse. La maison est le rendez-vous de la famille et des amis proches. Sinon, on retrouve au café, sur la place publique ou du village. L’urbanisme est calculé de façon  à pouvoir privilégier les rencontres – marché, foire, église, mairie, places sont des lieux très prisés où chacun éprouve une certaine jouissance à se retrouver et partager.
Notre vision de la géographie est ce que l’on appelle « radioconcentrique ». C'est-à-dire que  nos moyens de communications (route, rail, air) se croisent de centres économique ou culturel à d’autres centres. Ces lignes de communication relient entre eux tous les points et toutes les fonctions. Ces positions centrales ont pour le Français une importance cruciale. Etre au centre d’une organisation, à un point stratégique, lui donne plus d’importance que le voisin sis sur une droite hiérarchique dénuée de pont ou de bifurcation. L’extrême centralisation du système scolaire, et par extension de l’administration française, a un lien inconscient avec l’organisation des bureaux. La position spatiale d’un décideur dans un groupe indique sa position hiérarchique. (Attention toutefois, cette particularité est déjouée dans les réunions où se retrouvent acheteurs et vendeurs. L’interlocuteur qui fait face n’est pas forcément le chef des négociateurs. Cette exception confirme la règle, du moins en France.) Les centres de décisions qui - se trouvent espacés géographiquement - donnent à chacun la position sociale dans la hiérarchie de son groupe d’appartenance ; du système – rail - route qui fait que chaque ville un centre névralgique, et l’individu qui en est à sa tête un « potenta – un Chef ». Nous ne pouvons pas, en tant qu’individu, ignorer ces lignes de forces qui organisent notre vie. Malheur à celui qui est expulsé de son groupe par la maladie, le chômage, la retraite, il est désociabilisé, oublié, n’a plus d’intérêt sauf lors des campagnes électorales qui font rage. Il est mort avant l’heure s’il n’a appris à se débrouiller seul.
Je ne peux en rester là sans évoquer l’immigration des populations venant du sud ou de l’est de la Méditerranée qui nous envahissent sans s’intégrer, se mélanger au grand dam des peuples de l’ouest. Après plus de deux millénaires de contact, les Occidentaux et les Arabes ne se comprennent toujours pas. C’est une observation commune qui est brossée, il est important néanmoins de regarder les spécificités propres à telle région, à telle ethnie, à tel mode de pratique religieuse. Notre perception de la proxémie, tout comme l’éducation, et la leur y sont opposées. L’Arabe est de culture orale prédominante – bien que la culture écrite ne soit pas absente, alors que nous, occidentaux, avons une culture écrite forte, socratique. Les modes d’apprentissages diffèrent et nos engrammes sont, de ce fait, différents et vont automatiquement nous influencer dans notre perception de l’autre. Par ailleurs, l’Occidental respecte, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de chez nous, des distances intimes alors que l’Arabe recherche le contact physique. Ce qui est pour nous « intime » est pour lui une zone publique. Il est donc normal pour un Arabe « A » qui convoite un appartement, une place à l’endroit « B », de tout faire pour s’en approprier, car il est dans son bon droit. Il est même prêt à se montrer très désagréable afin de s’arroger l’endroit convoité et chasser sans ménagement celui qui se trouve être dans l’endroit « B ». Seuls les têtus, les plus forts résistent. Dans le monde occidental, on définit la personne comme un individu ayant une existence propre, légale. Dans le nord de l’Europe, les vêtements font intégralement partie de la personne et il ne vient à personne l’idée, ni même l’envie de toucher cette ‘2nde peau’ de tissu, pas plus que la peau elle-même, sans en avoir reçu la permission. Chez l’Arabe, la localisation de la personne par rapport au corps est très différente. La personne existe bien mais où ? Pour lui, la peau, le vêtement, n’est en rien une frontière. Le « moi », tel que nous le concevons en Occident, n’est pas inexistant, puisque l’Arabe est atteint par une insulte. L’Arabe est à l’abri du contact du corps – puisque pour lui le corps n’a pas de signification intimiste - les mots OUI. Cette dissociation du corps et du « moi » explique l’amputation de la main du voleur (admis comme châtiment ordinaire en Arabie Saoudite), tout comme les attouchements des garçons sur les filles. D’ailleurs il semble que le mot « viol », ou « rape » en anglais, n’ait pas d’équivalent en langue arabe. Il est très difficile pour un Occidental de s’imaginer l’appropriation du corps de la femme comme unique objet de plaisir. Seule la métaphore « il l’a prise contre sa volonté » peut être apportée ou traduite. Cette absence d’espace intime explique une forte densité dans les villes : une surpopulation dans les villes d’Orient qui serait qualifiée d’étouffante en Occident. La communication sensorielle est celle une grande proximité : olfactive, kinesthésique, de toucher. Mieux, pour l’Arabe, l’odeur et le caractère sont liés. On peut penser que le sens olfactif joue le même rôle que le sens visuel pour l’Occidental. Par contre leur regard est direct et fixe, d’une grande intensité pour leur vis-à-vis, ce qui peut déstabiliser l’Occidental.
Alors que nous avons le code de la route qui règle nos déplacements en voiture, pour l’Arabe en voiture, il acquiert des droits sur l’espace à mesure qu’il se déplace et il sera furieux si un automobiliste venait à lui couper la route ou à le dépasser. Les espaces, désertiques ou nos agglomérations, ne sont pas les mêmes, pourtant la mentalité orientale ne fait pas de différence. Pour l’Arabe, il faut une forte dose de retenue, d’adaptation à la vie occidentale pour apprivoiser l’instinct, qui vite reprend ses droits une fois retourné au « Pays ». Une épouse d’origine occidentale ne reconnaît plus son mari lorsqu’il est parmi les siens.
L’Arabe aime particulièrement les pièces vastes et évitent le cloisonnement car ils n’aiment pas la solitude. Pour eux l’idéal est la « maison coquille » destinée à réunir l’ensemble de la famille dont les membres sont intimement liés. Leurs personnalités fusionnent et se nourrissent les unes des autres. Un proverbe arabe dit : « Gardez vous d’entrer dans un paradis sans habitants, car c’est l’enfer ». L’Arabe ne peut vivre qu’en groupe, c’est pourquoi ils se rassemblent autant que faire ce peut et ne savent vivre à l’Occidental. Pour s’isoler un Arabe cesse tout simplement de parler tout en restant au milieu des siens. Il ne faut jamais perdre de vue, et tout particulièrement chez eux, que les Arabes jugent notre comportement d’après les structures inconscientes qui sont les leurs. Il est vrai, et nous venons de le montrer, que chacun pense que l’autre est comme lui. En fait, lors de nos rencontres avec l’autre, nous ne faisons QUE projeter nos formes de communications habituelles. Par exemple, il est difficile à un Occidental d’expliquer ce qu’est une frontière à un Arabe. Il peut exister des « abords » à l’approche d’une ville. Dans le cadre de la propriété foncière, il lui est difficile, voire impossible, de comprendre ce qu’est un empiétement sur la propriété du voisin. Pour lui, il va tout faire pour que ce voisin s’en aille et, lui, prendre sa place. Les rapports au sein du groupe s’établissent semble-t-il ainsi : moi, puis les membres de la parenté, les habitants du village – ou membre de la tribu - les coreligionnaires et les concitoyens, le tout dominé par le chef. Qui n’appartient pas à cette structure est un étranger. Dans la pensée arabe, étranger et ennemi sont des termes très voisins sinon synonymes.
1.       C’est grâce aux travaux de Gregor Mendel (1822-1884) que nous avons commencé à comprendre la biologie. Il expose et publie les résultats de ces études en 1865 dans un article intitulé « Recherche sur les hybrides végétaux ». Après dix années de travaux minutieux, Mendel a ainsi posé les bases théoriques de la génétique et de l’hérédité moderne. Il ouvre la voie à la recherche et au développement de cette nouvelle science qui ne va pas nous laisser indifférents.
Konrad Lorenz, grand naturaliste, dans son livre « l’envers du Miroir » expliquera l’évolution de tout être vivant depuis l’apparition de la vie sur terre. Pour lui, l’homme est un être qui tient ses propriétés et ses aptitudes, y compris ses plus hautes facultés de connaissance, de l’évolution. Il explique que ce processus, qui s’étend sur l’infinité des siècles, au cours desquels tous les organismes se sont trouvés confrontés aux données de la réalité, se sont adaptés. Ce processus phylogénétique est un processus de connaissance ; en effet, toute « adaptation à.. » une certaine donnée de la réalité extérieure révèle qu’une certaine quantité « d’informations sur… » cette réalité a été assimilée par le système organique. Il explique que l’euglena, un des tous premiers protozoaires, qui se trouve entre le végétal et l’animal - puisqu’il est mobile et néanmoins dépendant de la photosynthèse - jusqu’à l’Homo Sapiens Sapiens, cette chaîne de vie s’est toujours adaptée en fonction des circonstances et de la nécessité. Celui-ci est devenu oiseau, celui-là poisson, celui-là encore végétal etc… et nous sommes encore bien loin de connaître toute la richesse d’adaptations naturelles ! Il est admis, scientifiquement du moins, que les modes de comportement innés et acquis par la phylogénèse sont transmis héréditairement au même titre que des caractéristiques physiques. Nous comprenons mieux maintenant le cycle de l’expérience acquise. Tout bénéfice – cette meilleure connaissance – est réinvesti afin d’en augmenter les possibilités pour l’être vivant. Je donnerai cet exemple de certains arbres africains, qui de l’un à l’autre, à l’approche des girafes sécrète une substance signal de danger afin de protéger leur feuillage. Ce simple exemple nous rapproche de deux énigmes : la rapidité de l’évolution d’une part, et d’autre part, l’orientation de cette évolution. Un nombre de chercheurs ont établi que, dans le cadre du devenir organique, le progrès est toujours obtenu par l’intégration et la réunion, en un ordre supérieur, de plusieurs systèmes différenciés, fonctionnant jusqu’alors indépendamment les uns les autres. Mieux, au cours de cette intégration, les divers systèmes subissent des transformations qui les rendent aptes à coopérer au sein du nouveau système global qui va désormais les commander. Ce qui a fait dire à Teilhard de Chardin « Créer c’est unir ». La séquence linéaire des processus en question acquiert de nouvelles propriétés fonctionnelles par « l’invention » qui fait époque au sens le plus profond du terme, dans l’histoire de l’espèce et par laquelle le succès final exerce une action modificatrice sur les modes de comportement qui l’ont précédé. Ainsi est apparu l’Homo Sapiens Sapiens. Comme l’écrira  fort joliment le Citoyen français Friedrich von Schiller, ami de Goethe, « l’homme n’est véritablement homme que quand il joue » en d’autres termes, le but de l’homme n’est pas l’atteinte d’un objectif mais de bien faire le parcours qu’il s’assigne.
Cependant, comment l’animal est-il devenu Homme ? par quel miracle ? quel processus ? Dans la nature, l’animal s’adapte à l’environnement. Lorsqu’il fait son nid, sa cabane, arrange sa tanière, les modifications apportées sont négligeables. L’homme est capable de modifier son environnement. Si chaque animal, par héritages successifs, s’est spécialisé en fonction de ses proies favorites, seul l’homme a pris le parti de ne pas se spécialiser et reste le seul animal à courir, sauter, nager, même sous l’eau et, ce, même si beaucoup moins bien que l’animal. En effet sa constitution corporelle l’empêche de surpasser l’animal et c’est aussi le seul à savoir créer un appareil qui lui permet la conquête des fonds marins, du ciel et demain de l’infini de l’espace.
1.       Il reste cependant à évoquer un éventuel héritage karmique. Si les religions n’en parlent pas c’est qu’elles se définissent comme des doctrines du salut par un Autre – Dieu ou qui vous voudrez -. Evoquer une philosophie est considéré comme étant une œuvre du diable, car cela incite l’homme à se détourner des croyances pour faire usage de la raison, de son esprit critique. Cette philosophie l’entraine insensiblement vers le terrain du doute qui est le premier pas hors de la tutelle divine. Shocking !
Cependant, au cours des millénaires, bien avant la venue du Christ, des échanges se faisaient entre l’Orient et l’Occident. Entre le Bouddhisme et le Stoïcisme la frontière est ténue. Le courant helléniste traverse les siècles et reprend force et vigueur en ce début du IIIème millénaire avec la physique quantique, la psychologie moderne. Nous nous apercevons qu’Epictète, Marc Aurèle et le 4ème Evangile de Saint-Jean sont d’actualité. Ce n’est pas André Comte-Sponville qui nous démentira. Cette philosophie exhorte à la pratique d’exercice de méditation conduisant à vivre en accord avec la nature et la raison pour atteindre la sagesse et le bonheur envisagés comme ataraxie. Il s’agit d’une absence de passions qui prend la forme d’une absence de souffrance. Nous sommes ici dans le « je-suis » et non dans le « moi-je » qui se caractérise par avoir toujours plus, car une fois l’objet du désir reçu ou conquis, nous faisons l’amère expérience de l’indifférence si ce n’est de la déception. Quelque chose nous manque encore. Comme des enfants qui délaissent le cadeau de Noël, la possession des biens si ardemment convoités ne nous rend ni meilleur ni heureux : nous sommes passés à côté de l’essentiel et trop souvent nous ne le savons pas.
Ce que nous suggère cette philosophie rapportée par Platon – la République  Livre 10 – qui affirme qu’il y a une vie après la vie, que nous nous réincarnons. Bien sûr, dans notre civilisation scientifique, comment prouver ce qu’avancent les Hindouistes, les Bouddhistes et leurs diverses écoles de pensées. Seules les interrogations subsistent. Pourquoi suis-je né dans cette famille ? Pourquoi suis-je né pauvre ou riche ? D’où je viens, qu’est-ce qui est avant ma naissance, qu’est-ce qui est après la mort ? Si d’aventure, l’héritage karmique existe, peut-il être source de compréhension de certaines aventures humaines ? Qui sait ?

Le plan Mental

À ce niveau de la réalité de l'homme, nous abordons la faculté de penser, de raisonner, de comparer, d'ordonner, d'organiser, de créer en se basant sur des déductions ou des besoins. L'homme devient autonome et capable de prendre du recul face à ses propres pulsions émotives. Il dit: "Je réfléchis, je comprends, je déduis, je construis". Il prend conscience des autres et passe au niveau du « Moi ». Capable de sentir, et de ressentir, il peut maintenant ordonner ses réactions et structurer ses comportements pour se donner les moyens d'agir.
Il se situe au niveau du conscient: l'homme vit dans l'ici et maintenant – hic et nunc - à travers son raisonnement, ses actions, ses créations. Cependant, je pose cette question : est-il conscient des différents niveaux qui coexistent dans ce conscient ?
Ce niveau correspond à la synthèse de l'homme qui, par son désir, s'organise en communautés, communique et par sa technologie transforme son environnement.  
La communication n'offre pas ici de problème majeur puisque cette partie de perception  repose sur le raisonnement, la rigueur, l'intelligence et la logique: l'homme peut, ou non, la comprendre, mais il ne peut pas la discuter !
Qu’a l’homme et non l’animal. Voici ce que dit Goethe : « Wät nicht das Auge, sonnenhaft, die Sonne könnt’ es nie erblicken » - Si l’œil n’était pas solaire, il ne pourrait pas apercevoir le soleil.
Il est certain que l’évolution physique semble achevée. Je donnerais néanmoins cet exemple, de tout ce que l’homme a engrammé au cours de son évolution et auquel maintenant il ne fait plus attention tellement cela lui parait naturel. Lorsque je monte dans un véhicule – et quels que soient son empâtement et sa longueur – je sais, sans que j’en connaisse les mensurations exactes, qu’ici, à cet endroit je peux garer mon véhicule et qu’un peu plus loin, cela ne me sera pas possible.
L’évolution de l’homme se dirige vers un processus de connaissance qui a pour fonction d’acquérir et de retenir des informations dont découle l’invention de notre appareil cognitif. Il est n’est donc pas exagéré de dire que la vie spirituelle de l’homme est une nouvelle forme de vie. L’homme est le seul être vivant capable de mettre au service des besoins d’énergie de son espèce des forces qui, pour entrer dans le cycle du vivant, ne sont pas exclusivement issues de l’énergie rayonnante du soleil comme la  photosynthèse.
Si des animaux sont capables de se servir de brindilles, de pierres et autres pour s’aider à créer un nid, casser, pêcher, laver une patate douce (comme au Japon) seul l’homme est capable de créer l’Art, et son art rayonne, tels les rayons d’une roue magique et universelle, dans toutes les activités humaines.
 Lorsque l’enfant naît, il ne sait pas encore qu’il existe. Pourtant son système nerveux et son système pulsionnel sont déjà actifs et fonctionnels. Ils permettront l’apprentissage des automatismes de son habitus primaire et de l’Ethos d’appartenance de ses parents. À sa naissance, l’enfant est énergie, potentiel qui s’ignore. Pourtant son environnement immédiat, son éducation, son instruction forgeront, bon gré mal gré, l’adulte en devenir. La mise en « culture » sera donc conforme à la définition idéologique de la Classe Dominante de son environnement. Un individu a des comportements différents selon qu’il a été élevé en Amérique, en Egypte, ou en Chine. Chaque parent va enseigner à sa progéniture sa propre conception du bonheur.
Les structures les plus basiques du cerveau, l’hypothalamus et le tronc cérébral, suffisent à assurer un comportement simple répondant à un stimulus interne que nous appelons pulsions primaires – manger, boire, dormir, copuler. C’est le cerveau reptilien.
Chez les premiers mammifères apparaît le système limbique ou mammalien qui est le processus de la mémoire instinctive qui, chez l’Homme, devient la mémoire à long terme. C’est dans ce système que sont engrammés toutes les expériences, les ressentis antérieurs.
Avec le cortex l’Homme accède à l’anticipation à partir de l’expérience mémorisée par le système limbique des actes nocifs ou gratifiants, et à l’élaboration d’une stratégie capable de les éviter, de les satisfaire, de les reproduire respectivement. C’est ce que l’on appelle le ‘time bending’ inconnu des animaux qui ne savent pas lire ni analyser les expériences de leurs prédécesseurs.
Les désirs ont leur origine dans le cerveau reptilien et limbique, alors que la motivation prend racine dans le cortex de l’homme.
L’action en cours est enregistrée comme désagréable, nocive ou bénéfique et agréable. Dès lors toutes expériences agréables auront tendance à être renouvelées, les secondes à être évitées. Ces actions sont le fruit de l’apprentissage. La motivation fondamentale des êtres vivants est le maintien de l’équilibre organique. L’action dépendra des pulsions en réponse à des besoins innés ou à des besoins acquis. Lors d’une situation présente « ici et maintenant – Hic et Nunc », un événement ancien, vécu consciemment et devenu désormais inconscient, peut être revécu, donc inconsciemment, avec toutes les émotions du passé. Le comportement de l’individu traduit alors, sans raison apparente, un déphasage entre le présent et le passé, comme nous l’avons déjà décrit.
A notre connaissance, il semble exister 3 niveaux d’organisation de l’action :
1er niveau : C’est le cerveau reptilien qui intervient. Il est à l’origine des pulsions basiques. On le rencontre au supermarché lors des achats pulsionnels, dans un parking où deux véhicules veulent la même place, lors des « parades amoureuses » sur les plages en été.
2éme niveau : Il fait appel au système limbique. Les sentiments et la mémoire longue (les sentiments et l’apprentissage) sont mis à contribution. Lors d’un choix nouveau le système limbique va influencer inconsciemment l’individu. Au supermarché, on pourra remarquer un temps d’hésitation pour élire celui qui conviendra le mieux entre deux produits similaires et déjà utilisés. (Nous l’avons évoqué plus haut).
3éme niveau : Lorsque l’individu veut résoudre un problème, rechercher une solution, faire une expérience, lorsqu’il suppute, élabore, crée, il fait appel au néocortex. C’est le cerveau de prédilection qui pousse l’individu à sortir du cadre du connu pour aller vers l’inconnu pour concrétiser une idée, un concept.
Les pulsions ou plaisirs sont le moteur à toute motivation de l’Homme qui dépend d’abord de notre cerveau reptilien mais aussi mammalien et de notre cortex.
Par exemple, lorsque vous souhaitez atteindre ce but, cet objectif là, vous mettez en place un mélange des 3 niveaux : une stratégie raisonnée (3éme niveau), a-t-on conscience que le 1er niveau a été la commande, l’initiateur ? (le « moi-je » ou le « je suis », à chacun de répondre). Enfin, là me semble le plus important et je me pose la question : peut-on se fier à notre intellect – le cerveau  dit gauche ou raisonnable – car il ne reconnaît pas nos sentiments, il ne sait pas ce que j’éprouve. Il lui faut des faits, des chiffres, de la froide logique et de la raison, enfin toutes choses qui sont étrangères à mon sentiment profond. L’intellect choisit une méthode, une conduite, un raisonnement calculé, suit le bien fondé d’une équation où tous les paramètres sont pris en compte pour atteindre ce but. Puis il se concentre si fort sur sa ligne de conduite qu’il perd de vue son but véritable, celui de la satisfaction de devoir atteindre l’objectif, son résultat, le pourquoi il a enclenché le processus. Le moyen est devenu le but. Combien sont-ils à mette en avant l’accroissement de l’avoir (et d’avoir plus et encore et toujours plus) qui devient l’unique but, alors que le véritable but se perd dans les méandres des moyens, des courbes statistiques….
Dans notre monde mercantile à dominance hiérarchisante, la recherche de l’acte gratifiant sera orientée vers la production de marchandises, de produits et services ou la promotion sociale. Ce processus étudié par KARSKY est la base du phénomène motivationnel : le manque engendre l’envie, l’envie devient la cause. Vu sous cet angle, où se trouve le libre arbitre de l’homme ? N’est-il pas le jouet de ses instincts ou de la manipulation extérieure ? Chez l’homme, la sanction, positive ou négative, s’obtient par l’action sur l’environnement et de sa résultante.

Le Plan Causal ou celui des Croyances

Ce plan est celui qui se déduit des précédents au fur et à mesure de la vie de l'homme: il symbolise les limites, les interdits, les échelles de valeur, les lois que l'homme accepte de se donner à chaque instant de son existence, mais, en même temps, il potentialise toutes les extensions que l'homme peut être amené à effectuer sur sa vision de la réalité. Dans ce sens c'est une couche très paradoxale qui porte en elle ses propres limites et ses propres contradictions. C'est cette partie qui détermine l'univers propre de l’individu et, bien souvent, son niveau de conscience habituel.
Nous nous différencions de l’animal par la croyance. Quelle est-elle ? la croyance est le fait de tenir quelque chose pour vrai et ceci indépendamment des preuves éventuelles de son existence, réalité ou possibilité nous dit le dictionnaire. La croyance fait partie du monde de l’irrationnel et l’homme ne peut s’en passer. D’où vient-elle ? Par rapport à notre vie humaine, elle nous vient de notre enfance et du mythe du Père Noel. Aux yeux du petit enfant, ses parents sont l’égal des dieux, ils sont les Dieux qui apportent en récompense ou à la prière de l’enfant l’exaucement d’un vœu et cette croyance se perpétue à l’âge adulte.
Nous sommes les héritiers de la connaissance et de la compréhension de 2 grands mythes :
  • le mythe du chasseur
  • le mythe du cultivateur
Le premier nous le redécouvrons avec les peintures des grottes de la préhistoire.
Nous savons aujourd’hui que nos grands aïeux n’habitaient pas dans les grottes mais celles - ci servaient de lieux magiques. Ils dessinaient les animaux qu’ils voulaient s’approprier pour se nourrir et faisaient des incantations magiques ou des prières pour les attirer. Lorsqu’un animal, que les chasseurs avaient invoqué, se trouvait à leur portée pour qu’ils puissent l’abattre, ils le considéraient comme un animal qui se sacrifiait pour eux. Le sacré est très proche du sacrifice. Gloire au sacré dont le sacrifice est la face cachée. Où se trouve le sacrifice dans une Eglise ? où se trouve le sacré dans un Temple Maçonnique ?
Nous avons retrouvé ses pratiques dans diverses contrées où elles existent encore. C’est le principe sacré où l’homme remercie l’animal pour son sacrifice afin de nourrir le village. Pour eux, tous les êtres vivants sont reliés. Cette croyance a perduré jusqu’au mythe solaire d’où est sorti le mythe du cultivateur. La principale caractéristique est de prendre une graine - à une certaine époque de l’année - pour l’enterrer. Cette graine pourrit. De cette pourriture naît une nouvelle plante, une nouvelle richesse.
Que nous le voulions ou pas, dans une certaine mesure, inconsciemment nous avons vécu avec ce mythe : chaque jour nous mourrons un peu, pour renaître différemment le lendemain entendons-nous souvent. Ce mythe nous enseigne que tout est possible.
Cependant, nous sommes persuadés qu’un cycle est immuable, perpétuel, que rien ne bouge, que l’évolution est imperceptible et que tout est pareil. Cela ressemble fort à la flamme de la bougie : elle est immuable, et pourtant. Le chômage qui touche toutes les catégories socioprofessionnelles (sauf les fonctionnaires et encore), dans cette civilisation en mutation rapide, l’idée que tout se transforme, se modifie, choque quelque peu nos idées reçues. Alors observons de plus près la flamme de la bougie, elle a quelque chose à nous apprendre.
Quelque part, nous sommes obligés de revoir nos conceptions. Actuellement nous voyons apparaître certaines formes du mythe du chasseur que les psychiatres redécouvrent et mettent en pratique dans la PNL.
Il faut surtout retenir le rôle de la créativité. Pour qu’elle puisse agir efficacement, il est nécessaire de connaître notre existant. À partir de cette souche - l’existant (ce que nous sommes) - nous allons pouvoir imaginer tous les scénarii permettant de nous sortir de notre désarroi comme le faisaient nos grands ancêtres les chasseurs qui se remettaient en cause chaque jour dans un univers qui nous apparait hostile. Mais l’est-il ?
Notre rôle est peut être aujourd’hui de concilier ces 2 mythes.
Après avoir senti, ressenti, réfléchi et cru comprendre, l'homme dit: "Je crois" mais aussi: "Il faut, on doit" et encore: "C'est bien, c'est mal". Et il truffe son intelligence de sens interdits, de passages obligatoires, de péages et en dessine des limites précises au delà desquelles l’environnement devient dangereux, miné, aventureux.
J’ai évoqué le désir d’avoir toujours plus et encore. Le fait que l’on court vers le mirage d’avoir mieux que l’autre, dans le fait que nous nous comparons à l’autre, ce « moi-je » qui motive, nous pousse à être le premier au tout au moins d’être devant l’autre dans la possession de…. Quel en est le moteur ? Tout comme dans le mythe du chasseur, nous avons recours à l’incantation, la prière à « Dieu » notre dieu personnel. Depuis notre petite enfance, nous avons recours à celle-ci : « Papa Noël, je te promets que si tu m’apportes mon vélo, je travaillerai bien à l’école ». Et l’adulte de dire : «  mon dieu, si tu me donnes telle ou telle réalisation, je te promets, j’irai à la messe ». Nous sommes dans l’incantatoire donnant-donnant. Nous mettons alors en place une effroyable croyance dans l’exaucement de nos prières si nous nous dépêchons, si nous sommes forts devant l’adversité, si nous faisons parfaitement notre devoir, si je fais des efforts. Et de plus en plus comme la récompense ne vient pas, nous nous employons à redoubler notre promesse afin que Dieu l’entende. Nous inventons des dogmes – religieux ou autres - que nous respectons à la lettre. Nous ne sommes pas très loin des Troubles Obsessionnels Compulsifs. L’objectif du résultat (la satisfaction) qui est à l’origine de notre action s’est évaporé dans l’action d’effectuer notre part du contrat. Ah, croyance qui nous rend fou, croyance diabolique qui nous sépare de notre unicité. Ainsi va l'homme, déambulant de niveaux en niveauxil accède au plan du « Soi » qui l'amène à réfléchir sur sa raison d'être et sur sa mission dans l'incarnation présente – s’il en a conscience, bien entendu. Ce plan est celui du supra-conscient qui incite l'homme à inventer le concept divin qui représente tout l'inconnu qui se trouve hors des limites de sa perception physique. Il passe au niveau des idéologies qu'il est bien en peine de démontrer. La seule solution est d'y croireet de faire un maximum d'adeptes pour se sécuriser à l'intérieur. Et, quand il y parvient, ces idéologies deviennent la vérité pour un temps. Etre seul à le croire cela n’est pas possible, il nous faut l'adhésion du groupe pour que la croyance en.... devienne la Vérité... du moment présent.
L’homme est le seul qui ait inventé ces notions de bien et de mal (très fluctuantes, convenons-en au cours des âges, des cultures et des latitudes!) L’animal ne suit que son instinct : il a faim, il tue et mange. La vérité est loin d’être une, à bien y réfléchir, elle n’est que très relative. Pourtant ces vérités toutes relatives règlent momentanément nos lignes de vie en société et nous les baptisons Lois, Codes ou Règlements. Rien à voir ici avec des lois physiques ou mathématiques qui sont l'apanage du plan Mental et résultent de raisonnements "reproductibles" et rigoureux, il s'agit dans le cas présent d'appréciations, de présuppositions et de généralisations déduites d'un ensemble de conditionnements à partir desquelles l'homme décide de limiter sa liberté d'action et celle des autres pour se protéger ou assurer son pouvoir sur eux.
Nous avons ici, à notre disposition, dans la communication tout un vocabulaire pour rallier à notre panache la multitude. Alors, la communication va se diversifier tant en variétés qu’en qualités. C’est ainsi que tout en communiquant avec celui qui barbotte dans ses peurs et appréhensions, je vais avoir un langage particulier avec un coreligionnaire : les médecins emploient entre eux des « gros mots » incompréhensibles aux patients. Aux "jargons techniques" du mental s'ajoutent ici les "jargons de protection" qui permettent aux "initiés" d'un même système de se reconnaître entre eux (La Langue des Oiseaux est un bon exemple qui interdit l'accès de leur "connaissance" aux autres comme le donne cet exemple : « Le tarot contient 22 lames ses leçons » qui devient le « Tarot qu’on tient devin de lames, c’est le son » ou encore « voici un message secret disant les mots » qui devient « vois si un met sage se crée dit sans les mots »), toute la dialectique idéologique dont l'homme est capable pour convaincre son prochain d'adopter ses propres croyances.
Les cartes peuvent, dans certains cas particuliers, devenir de véritables "cartes au trésor" truffées de symboles, de voies sans issues, de labyrinthes, de pièges et de chausse-trappes. Un exemple type du vocable de protection est donné par les "patois", "argots" de tous poils et jusqu'au "verlan", créé par les jeunes pour protéger leurs systèmes de croyances débutants ! Un autre est fourni par les ouvrages "initiatiques" dont le sens varie totalement selon le "degré d'initiation" ou de conscience des lecteurs... Rappelons-nous Dante : dans l’Epitre XII (Episode - œuvre complète – pages 794 à 795) qui dit : plusieurs niveaux de compréhension ou de lecture sont possibles (le sens  littéral, le sens allégorique, le sens moral et le sens ésotérique).
À l'opposé, on trouve la richesse en vocabulaire des diatribes, des homélies et des discours destinés à convaincre "l'opinion publique" et aussi les flous artistiques volontaires des Codes qui semblent n'avoir été édictés que pour être contournés !
Si l’on pose comme hypothèse que l'homme se trouve au milieu de son environnement, on peut assimiler la notion d'univers propre : la symbolique cartographique devient ici très révélatrice selon que l'homme se centre au milieu d'une carte de son quartier, de sa ville, de son département, de sa région, de son pays, du monde ou de l'univers. Ici l’homme est confronté à : « Moi et l’Univers », « Moi et la Divinité » - ici se pose la question de quelle divinité ou de son absence, « L’Inuit (Moi) et le syndrome de l’Igloo ».
Peut-on démolir une croyance erronée ? En a-t-on le devoir ? Est-ce possible ? Si la vérité est relative, j’en conviens, il y a néanmoins des comportements qui manquent de cohérence, des individus qui trainent leur tristesse, leur mal de vivre, leurs échecs comme un oriflamme. Et il faut bien communiquer, il faut se parler, essayer néanmoins de se comprendre.
Nous constatons que plus l’homme a  un environnement, une culture pauvres, plus il se cantonne à quelques bases indispensables à ses besoins archaïques, plus il sera limité dans ses comportements. Souvent ces individus accusent des névroses, des peurs imaginaires s’ils sortent de leurs prés carrés, que Platon évoque dans le Mythe de la Caverne. Plus l’individu est instruit, plus sa culture est étendue, plus l'homme prend du recul par rapport à la réalité qu'il perçoit, moins il se donne d'importance et plus il augmente son niveau de conscience des choses qui l'entourent En d'autres termes, plus l'homme accepte de connaître des perceptions différentes, plus il doit élargir ses croyances et plus il devient tolérant.
Il va sans dire que la communication d'une perception à l'autre, à ce niveau, est peu aisée. Mais, de plus, et comme par définition une croyance ne peut pas être démontrée. Il est inutile d’attaquer de front une croyance car, à ce moment-là, elle devient une fixation pour l’individu, identique à une bouée de sauvetage pour l’homme tombé à la mer bien que sachant nager. La croyance en une idée fausse est pour l’homme ce que la bouée est pour le naufragé, il y tient. Elle démontre qu’ici l’homme a perdu la foi.

Le Plan Spirituel: Le niveau de la Foi

Avec ce dernier plan nous sortons des limites de l'épure. L'homme s'ouvre enfin sur l'extérieur et acquiert une dimension universelle qui l'amène au niveau supra-humain, à celui de l’Energie créatrice universelle, de la Lumière, des ondes.
Il découvre la Foi, mais en même temps sa propre essence divine. Il s'élève spirituellement au niveau universel duquel il peut affirmer: "Je sais, je Suis" Mais cette profession de foi, ce "je Suis" est bien différent de celui de la première couche : le plan physique ! C'est la connaissance universelle qui habite l'homme qui parle ainsi et non plus la prise de conscience de son seul corps physique. C’est la recherche chez certains de la signification de V.I.T.R.I.O.L. «Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem» : « Visite l’intérieur de la terre, et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée ». Cette pierre que le profane doit trouver n’est autre que la pierre philosophale des alchimistes, et celle-ci se trouve au plus profond de chacun d’entre nous, elle ne se dévoile qu’à ceux qui, par un travail intérieur sincère, sont arrivés au parfait équilibre pour ne faire qu’un : « Omnia ab uno, omnia ad unum », « Tout procède de l’Unité, tout tend vers l’Unité ».
Ce plan représente symboliquement toute la partie en dehors de lui-même, de sa perception physique et surtout l'idée que l'homme s'en fait. Il suppose déjà que l'homme accepte qu'il puisse y avoir un "au dehors" illimité, mais, en même temps, il l'incite à l'imaginer, à le créer, en un mot à le limiter de nouveau malheureusement car il est lui-même limité par son physique. Le contraire est sur-humain.
Tout le problème est là car l'homme a un besoin fondamental de limites. La perception de l'illimité engendre de nouvelles croyances qui prennent, dans chaque vision des contours différents, résultat d'extrapolations de la perception présente, enjolivées par des idéaux, des rêves non réalisés ou des perfections utopiques. Pour mieux comprendre cet état de fait, imaginons 3 hommes vivant chacun, depuis toujours, dans un territoire différent: Le premier dans une ville, le second dans un désert et le troisième sur une île. Un jour, chacun acquiert la certitude que le monde qui l'entoure est illimité. Le 1er va l'imaginer comme une ville idéale, sans pollution, avec des espaces verts, des rues larges, des centres commerciaux attractifs et des salles de spectacles confortables. Le 2nd le verra comme un ensemble d'oasis fertiles au milieu des dunes, quant au dernier il imaginera des archipels giboyeux, couverts d'une végétation luxuriante, s'étalant jusqu'à l'infini sur un océan poissonneux.
En fait, chacun extrapolera son idée du monde en fonction de son idéal propre mais nous savons que la réalité du monde se présente comme un ensemble composite de toutes ces extrapolations (et de bien d'autres encore qu'aucun des 3 ne peut imaginer !).
Ceci nous permet de comprendre qu'une partie des hommes a extrapolé Dieu sur un modèle incarné par un Christ, une autre sur un modèle incarné par Mahomet, et une autre encore sur un modèle initialisé par Moïse ou par un gourou de pacotille... Mais la réalité de Dieu englobe ces 3 modèles et bien d'autres encore ! Or chacun va, à partir de sa croyance, diviniser un individu qui représente ici un symbole, là une extrapolation. Cette façon de voir est facile. Pourtant le VITRIOL appelle à aller bien plus loin. Les Grecs avec les stoïciens, reprennent la philosophie bouddhiste et recommandent l’ataraxie – la paix, la sérénité.
Nous venons donc de déterminer comment, tout au long de sa vie, l'homme construit sa perception, sa vérité, sa vision de la réalité, mais alors une question se pose: Si chaque homme possède sa propre réalité,  la réalité existe-t-elle et si oui, quelle est-elle?
Nous pouvons facilement imaginer que cette réalité existe réellement mais qu'elle est déformée par l'observation que l'homme en fait. Les connaissances scientifiques actuelles semblent d'ailleurs confirmer ce postulat : l'observateur modifie, par la seule observation qu'il en fait, la chose observée. Il y a là, tout comme dans la mécanique quantique des causes identiques produisant des effets similaires : il y a des risques d’interférences se produisant entre « l’observateur » et « l’observé » tout comme il existe l’effet papillon. C’est ici qu’apparaît la manifestation, la dualité dans la compréhension de la « totalité-une », de la « globalité-tout » : l’objet est par le sujet et le sujet est par l’objet. Combien de fois avons-nous ressenti n’être qu’un, UNITE, avec un paysage, une symphonie, un tableau, l’être aimé ?
Les progrès de la science et de la psychologie nous montrent que loin de s’opposer, elles se complètent et se fécondent l’une l’autre. Les progrès actuels de la psychosomatique nous montrent l’importance des interactions entre le physique et le psychique. Souvent, le docteur auscultant son patient, découvre qu’un effet énergétique est intervenu en corrélation avec une expérience subjective de l’émotion ressentie qui a opéré des changements d’état. Pensez à ces expressions courantes et pourtant si révélatrices : « J’en ai plein le dos » et bonjour les lombalgies, « Cela me ronge » et bonjour les ulcères… Je cite Bertrand Russel : « La matière est moins matérielle et l’esprit moins spirituel qu’on le suppose généralement. La séparation habituelle de la physique et de la psychologie, de l’esprit et de la matière est métaphysiquement indéfendable. » Autrement dit, l’étude de la nature profonde des choses dans le monde physique, suscite dans l’esprit même de l’observateur attentif, des transformations telles, que ce dernier tend à se rapprocher de la découverte de sa nature véritable. Le problème fondamental n'est donc pas posé par l'existence d'une réalité différente, mais plutôt par sa description. Là commence la difficulté. Si nous nous mettons d’accord pour en avoir une description acceptable par tous, accepterions-nous de nous remettre en cause pour autant ou garderions-nous notre mode de fonctionnement ?
Une chose est sure, l’homme dans son comportement est UN, toute modification sur un plan ou un autre entraîne immanquablement une modification du TOUT. Est-ce que cette modification est scientifique ? Non, assurément. On constate une modification dans une direction, l’orientation. On ne peut en mesurer l’importance : 1+1 nous le savons, ne fait pas automatiquement 2 lorsqu’on a à faire à l’humain, certains ont coutume de dire que 1+1 = 11 pour illustrer l’explosion de la découverte.
Si une même cause produit toujours les mêmes conséquences, la relation de cause à effet est dite reproductible et on peut la tenir pour vraie sans pour autant l'avoir démontrée. Le problème, ici, se situe dans la notion de "même"... Si nous nous livrons à une expérience dans un système fermé nous pouvons reproduire à l'infini les "mêmes" causes, les "mêmes" conditions, donc la reproductibilité sera incontestable, mais si nous sommes dans un système ouvert  et il sera pratiquement impossible de reproduire 2 fois les "mêmes" conditions, donc théoriquement impossible de parler de reproductibilité ! Ici est la pierre d’achoppement. Rappelons-nous, une fois de plus, l’adage asiate : « la seule chose qui ne change pas est que tout change. »
Or la réalité est un système incontestablement ouvert, au sein duquel chaque élément est en interconnexion permanente avec les autres. Alors que penser de la reproductibilité ? Nous le constatons dans le  domaine économique, nous avons à notre disposition la Droite de Meyer, les calculs du moindre carré, les prévisionnelles et les statistiques et force est de constater que ces modèles mathématiques ne sont que pure théorie et restent seulement indicatives. Combien de fois, un commercial talentueux va s’offrir un grand plaisir de démontrer l’erreur des prévisions établies par les lois mathématiques dont le résultat se nomme quota dans les services commerciaux ?
 L'homme a résolu le problème en multipliant les essais et en inventant les statistiques et les probabilités ! Et dans probabilité il y a automatiquement une part d’incertitude. C’est heureux. Sans entrer dans les détails, il dresse peu à peu son référentiel de réalité à partir du noyau dur de ses certitudes (cautionnées par une théorie validée par des perceptions directes ou prolongées), étendu à une couche de réalité probable qui va en s'amenuisant au fur et à mesure que cette probabilité diminue. Cette ouverture vers le probable lui permet de mettre en œuvre le 4ème niveau de ses niveaux qui peut lui donner l'intuition d'une réalité qu'il est incapable de démontrer. Encore faut-il, pour cela, qu'il soit capable de l'accepter !
J’ai essayé de montrer, dans ces quelques pages, que l’homme est une individualité qui  ne peut échapper à l’emprise de ces multiples facettes qui atteignent la racine même de son système nerveux et façonne sa perception du monde. Ce qu’il voit, entend, sent, va être interprété et cette interprétation, à son tour, va modifier se qu’il voit, entend et sent. Tout est fluctuant, tout bouge et évolue sans cesse et l’homme, un certain pourcentage du moins, par la méconnaissance, une certaine paresse se complait dans la routine apparente et arrive à la mort en ce demandant ce qu’il a fait ici bas, pourquoi il est né. Et encore faut-il qu’il se pose la question. Face à ce changement permanent, ces hommes-là opposent un dogme qui leur est propre. D’autres, heureusement, ont réfléchi à cette problématique et essaient de comprendre le sens de la vie, s’interrogent et acceptent cette évolution, voire l’accompagnent. Ainsi, certains ont fait l’expérience de la « zone » pour le tennisman, le « Do » pour le sportif qui fréquente le tatami, le « vide » pour l’adepte du Bouddhisme, ou l’ataraxie pour celui qui a fait ses humanités et ceux-là s’aperçoivent qu’ils ont une vue juste dans l’action, ils sont en phase, à l’unisson entre ce qu’ils sont et la vie, ils manifestent, concrétisent sur le plan physique la puissance de la vie qui est en eux.
Comment est-ce possible ? Nous connaissons le mécanisme, faisons confiance à la créativité de l’homme pour apporter à chaque niveau une solution possible pour y parvenir. Si, par exemple, je dégonfle une roue sérieusement, mon véhicule roule toujours mais je dois redoubler d’attention et maintenir mon volant avec force pour empêcher la voiture d’aller dans le fossé…. Si j’examine et essaie de comprendre, vite je vais m’apercevoir que le problème vient d’un manque de pression dans la roue et je vais y remédier pour n’avoir plus que le plaisir de rouler. Essayons d’appliquer cet axiome à l’homme et voyons ce qu’il est possible de faire.  

 

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